Foire du livre: le mariage littéraire de Lize Spit et Thomas Gunzig

Pôômpom popom pom pom pom. La musique de Mendelssohn résonne dans la chapelle de Nassau de la Bibliothèque royale. Les fiancés s’avancent gravement, masqués de noir mais porteurs d’un bouquet de fleurs colorées pour elle, d’un bouquet de fleurs séchées accroché à sa chemise pour lui. Les officiants, les poètes Carl Norac et Mustafa Kör, leur lisent leurs obligations. Les photographes et les cameramen immortalisent la scène. L’écrivaine Lize Spit et l’écrivain Thomas Gunzig vont se marier. Pour du rire, comme disent les enfants, sans doute. Mais ce mariage, bien littéraire et pas du tout littéral, porte un symbole : celui du rapprochement des littératures néerlandaise et française de Belgique. Un mouvement porté depuis quelques années par la Foire du livre de Bruxelles qui, souvenez-vous, avait prié la Flandre d’être son invitée d’honneur. La Flandre s’était empressée d’imaginer le Flirt flamand pour épicer l’aventure. Ce Flirt flamand s’est à ce point ancré dans la Foire qu’il en devient un événement obligatoire. Encore fallait-il lui donner, cette année, un peu plus de piment. [scald=28065823:sdl_editor_representation] D’où ce mariage entre deux représentants des deux littératures de Belgique. L’idée a germé dans le cerveau bouillonnant de Clément Fourray, de la Foire. Elle a illico été acceptée par Literatuur Vlaanderen. Et le logiciel Match Maker a sorti les noms de Lize Spit (Débâcle, chez Actes Sud) et de Thomas Gunzig (Feel Good, au Diable Vauvert). Bien choisi : le prix Rossel de Thomas Gunzig était bien Mort d’un parfait bilingue, non ? Ce qu’il n’est pas, il le regrette : « J’ai raté tous mes examens de néerlandais, on m’a laissé passer parce que j’étais gentil. » Lize, elle, manie le français avec une certaine aisance. « Une histoire belge, mais une vraie » Les deux fiancés se sont adressé leurs intentions, elle en français, lui en néerlandais (remarquez l’effort !). Lize : « Mon cher Thomas, lama au corps musclé, beau caniche aux cheveux en macaroni, toi qui finis toutes tes phrases par des points d’exclamation. Il n’y avait pas meilleure porte d’accès que la tienne pour découvrir la littérature belge francophone ! » Elle dit encore qu’elle a appris « avec quelle agilité et quelle espièglerie tu utilises le langage, à quel point ton frigo est en désordre, et aussi combien ton humour s’avère intraduisible pour les Flamands, qui sont un brin plus rigides. Je n’aurais jamais su à quel point nous – et nos écritures – sommes complémentaires, toi le fan de slalom, moi qui préfère foncer droit au but. » [scald=28065826:sdl_editor_representation] Et Thomas : « Ces quelques jours passés en ta compagnie ont été : passionnants, inspirants, épuisants, exigeants, électrisants, instructifs et drôles. On ne se connaissait pas… du tout. On a appris à se connaître… un peu. Et à chaque instant passé avec toi je t’assure que je me disais : quelle chance j’ai de pouvoir travailler avec des gens aussi formidables que Lize Spit. Normalement, quand j’ai fini un travail je suis toujours heureux de l’avoir fini. Avec toi, ça ne s’est pas passé comme ça : je me suis dit : zut, ça va me manquer. » Un flirt qui devient « un mariage arrangé », comme dit Mustafa Kör. « Nous sommes dans une histoire belge, mais une vraie ! », commente Carl Norac. Comme tout officier de l’Etat littéraire, il a bien dû rappeler aux futurs époux quelques recommandations : « Les époux assurent ensemble la direction morale et matérielle de la littérature familiale. Ils pourvoient à l’éducation de leurs plus jeunes romans. » Et aussi : « Les époux respecteront le degré de belgitude de l’autre. » Et Thomas puis Lize ont dit oui. Et se sont embrassés… avec du plexi entre eux. Applaus / applaudissements. Bouquet de la mariée lancé sur les convives, comme il se doit. C’est Clément Fourray qui l’a attrapé. Juste retour des choses, non ? [scald=28065829:sdl_editor_representation] Au-delà du clin d’œil de ces noces, c’est tout un monde qui veut se rapprocher de l’autre et réciproquement. Et ça semble fonctionner. Thomas Gunzig est traduit à l’étranger, mais pas en Flandre : l’éditeur de Lize a montré son intérêt. Et les deux époux se disent qu’ils vont peut-être écrire quelque chose ensemble. « Du théâtre, lance Lize, avec deux personnages, un flamand et un francophone. » « Excellente idée », conclut Thomas. La cérémonie de mariage est diffusée sur flirtflamand.be et sur flb.be

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