Coup d’envoi pour les régionales en France: le RN en embuscade

Cette fois, ils sont sur la grille de départ. Les candidats aux élections régionales des 20 et 27 juin ont déposé leur liste ce lundi. Sauf flambée épidémique (les assesseurs disposent d’ailleurs d’une priorité pour se faire vacciner !), les Français seront appelés aux urnes dans cinq semaines au terme d’une drôle de campagne qui – covid oblige – se déroulera encore parfois en terrain virtuel. Les électeurs se disputeront douze régions en Métropole. Mais leur vote donnera aussi le ton de la prochaine campagne présidentielle. Pas moins d’une douzaine de ministres sont engagés dans cette course locale, dont cinq en Ile-de-France et cinq dans les Hauts-de-France. [scald=28095696:sdl_editor_representation] L’objectif pour la Macronie est très modeste, même si elle présente une liste dans toutes les régions, sauf en Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca). Le parti présidentiel ne détient pour l’instant aucune région. Et pour cause : il n’était pas né lors du précédent scrutin de ce type, en 2015. Remporter une seule région serait déjà un exploit pour un mouvement qui peine décidément à s’ancrer localement, comme on l’avait déjà vu lors des municipales de l’an dernier. Mais ses espoirs peuvent à peine se concentrer sur la région des Pays de la Loire, où l’ancien président de l’Assemblée nationale, François de Rugy, tombé il y a deux ans après l’affaire des dîners aux homards, pourrait décrocher une victoire. La majorité n’est pas trop mal placée non plus en Nouvelle Aquitaine (derrière la ministre MoDem Geneviève Darrieussecq) et en Bretagne, l’ancien fief du ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Mauvaise bouillabaisse Le Rassemblement national, qui part lui aussi de zéro (en 2015, à l’issue du premier tour, Marine Le Pen était sur le point de l’emporter dans les Hauts-de-France et Marion Maréchal en Provence-Alpes-Côte d’Azur, mais un front républicain leur avait fait barrage), peut espérer gagner en Paca, en Bourgogne-Franche-Comté et dans les Hauts-de-France. [scald=28095695:sdl_editor_representation] Dans le Sud, le président sortant, Renaud Muselier (LR), sera bel et bien soutenu par les Marcheurs (une quinzaine de candidats LREM figurent finalement sur ses listes, mais aucun ministre ni parlementaire), malgré le psychodrame de ces dernières semaines. Mais la mauvaise bouillabaisse locale a dopé le RN Thierry Mariani. L’ancien ministre sarkozyste, passé à l’extrême droite, caracole en tête des sondages, pour le premier tour (avec 40 % des intentions de vote !) comme pour le second. En Bourgogne-Franche-Comté, l’extrême droite s’est choisi Julien Odoul comme candidat. En 2019, il s’était fait connaître en prenant à partie une mère de famille voilée dans l’hémicycle local, la vidéo était alors devenue virale. Le RN pourrait profiter d’une gauche divisée alors que la présidente sortante, Marie-Guite Dufay, est affaiblie. Un refus d’alliances Dans les Hauts-de-France, le porte-parole du parti de Marine Le Pen, Sébastien Chenu, rêve de terrasser Xavier Bertrand (ex-LR) dans ses terres. Il mettrait ainsi fin à la carrière du plus sérieux des présidentiables de droite tout en adressant un coup de semonce à Emmanuel Macron, qui a envoyé là l’un de ses plus rugissants ténors, Éric Dupond-Moretti. Le RN fera-t-il voler en éclats la tradition des fronts républicains qui étaient jusqu’ici mis en place pour lui faire barrage ? Tant Xavier Bertrand, dans les Hauts-de-France, que Valérie Pécresse, en Ile-de-France, ont refusé par avance toute alliance au second tour avec les Marcheurs, même si l’extrême droite risquait d’emporter la région. [scald=28095697:sdl_editor_representation] Pour la droite, qui détient depuis 2015 sept des douze régions métropolitaines, le défi sera de résister dans un paysage de plus en plus fracturé. Le parti LR devra prouver qu’il peut encore compter alors qu’Emmanuel Macron, qui gouverne au centre droit, voudrait bien arrimer sa frange la plus modérée. La gauche, qui détient actuellement cinq régions, est déjà mal partie pour éprouver sa capacité d’union à l’aune de ces élections. Hormis dans les Hauts-de-France, où elle se présente unie, des Verts aux Insoumis en passant par les socialistes, elle sera partout divisée. De mauvais augure pour la présidentielle de l’an prochain.

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