Axel Witsel: «C’est sans doute mon dernier Euro, il faut donc en profiter au maximum»

Depuis l’annonce faite par Roberto Martinez de le sélectionner pour l’Euro, conditionnée à une évaluation médicale positive attendue le 11 juin, Axel Witsel ne s’était pas encore exprimé. Il le fait ici, pour évoquer les conditions de sa rééducation après sa rupture du tendon d’Achille survenue en janvier dernier et sa volonté immense d’être prêt pour jouer un rôle actif lors du tournoi. Interview… Axel Witsel, quel regard portez-vous, avec le recul, sur cette grave blessure au tendon d’Achille gauche survenue au début du mois de janvier face à Leipzig, lors d’une prise d’appui ? Je me dis que dans mon malheur, j’ai eu l’immense chance de pouvoir assister à la naissance, au début du mois de mai, de mon fils Aydji et de passer les deux premières semaines de sa vie auprès de lui. Pour les deux plus grandes, cela avait été très différent. Lorsque Maï-Li est née, je jouais à Saint-Petersbourg et j’avais dû repartir en Russie au bout de quarante-huit heures et pour Evy, j’évoluais en Chine et j’étais arrivé en retard pour l’accouchement. Je peux vous dire que cela me reste toujours en travers de la gorge. Roberto Martinez avait déclaré, il y a quelques jours déjà, que vous feriez partie des 26 sélectionnés pour l’Euro sous réserve d’une décision à prendre le 11 juin, à la veille du premier match de poules des Diables, sur base de votre évolution médicale. Vous attendiez-vous à cette annonce ? [scald=28095195:sdl_editor_representation] Je savais qu’il allait communiquer en ce sens, mais je ne pensais pas que ce serait quatre jours avant de dévoiler sa sélection. Le fait est que ma rééducation se passe très bien et que la blessure évolue très favorablement. Je suis hyper content de faire partie du groupe. Reconnaissant aussi, car je ne pense pas que Roberto Martinez ait décidé de me reprendre pour me faire plaisir. Après, affirmer dès aujourd’hui que je vais être capable d’enchaîner six ou sept matches si on va jusqu’au bout du tournoi, je ne le ferai pas. Roberto Martinez a voulu, dit-il, vous récompenser pour le travail accompli au cours de ces derniers mois… Le travail que j’effectue au quotidien, il faut le voir pour bien se rendre compte de ce que cela représente comme efforts. En être là où j’en suis aujourd’hui, quatre mois après cette blessure, c’est vraiment un record et je ne dis pas cela pour me lancer des fleurs. Au début, tu ne peux pas trop en faire avec le plâtre, puis avec la botte. Un entraînement par jour, pour ne pas que tout se laisse aller parce qu’après, c’est la galère pour bien revenir. Ici, depuis mars, on a sorti la grosse artillerie. Je suis soumis à deux grosses séances de travail quotidiennes, de lundi à jeudi inclus, à la clinique du sport de Lieven Maesschalck, à Anvers où je dors, pour éviter d’effectuer chaque jour les trajets, et à un entraînement vendredi et un autre samedi, qui est dispensé sur Liège, sous la surveillance et le contrôle d’un spécialiste de chez Lieven. Tout est mis en œuvre pour que cela se passe bien. Et c’est le cas ? Au début de la rééducation, tout fonctionne à merveille parce que l’évolution est rapide. Puis, en avril et au début mai, ça a stagné mais il faut passer par cette étape-là. Il n’y a pas le choix. C’est le travail mais aussi le temps qui permet au tendon d’Achille de bien se remettre, de retrouver toute sa souplesse et de ne pas être un bout de bois (sic). Sur le plan musculaire, j’ai dû aussi renforcer le mollet qui était resté six semaines enfermé dans une botte, pour un total de huit semaines d’immobilisation. Du coup, il était devenu un peu dur, un peu trop rigide. Votre rééducation, c’est en quelque sorte un contre-la-montre que vous êtes sur le point de remporter… C’est exactement ça. Chaque journée, chaque heure, est importante. Au final, j’ai bossé dur tous les jours pour être dans le groupe et pouvoir continuer à me dire qu’avec mon expérience, je peux apporter un plus à l’équipe. Où en êtes-vous aujourd’hui, très concrètement ? J’ai refoulé le terrain deux ou trois fois déjà et j’en suis au stade de la course. Après, on reprendra avec le ballon. Les pronostics, vous concernant, ont longtemps été pessimistes tant le temps était compté. Juste après la blessure, vous est-il arrivé de penser que l’Euro ne pouvait en aucun cas constituer un objectif réaliste ? Je n’ai jamais pensé que c’était mort, même si cela a été difficile au début. Pas d’accepter cette rupture du tendon d’Achille que j’ai su accepter parce qu’il s’agissait de ma première grosse blessure depuis que j’ai seize ans et que sur ce plan-là, je ne peux donc pas trop me plaindre. C’est le destin, c’est que cela devait arriver. Après, parce que c’est ma mentalité, je me suis mis en mode guerrier. Dans ma tête, je me suis dit qu’Euro ou pas Euro, on verrait bien mais que ça valait la peine de tout tenter. Je n’ai jamais fait une croix sur ce tournoi européen, sans être assuré non plus d’être dans les temps et de pouvoir y participer. J’ai eu l’occasion de discuter avec Christian Benteke qui a été victime de la même blessure (NDLR : en avril 2014, lorsqu’il portait le maillot d’Aston Villa) et qui avait pu rejouer après cinq mois. Je me suis alors dit : pourquoi ne serais-je pas dans le groupe, même si c’est le coach qui établit sa sélection ? Lors de la Coupe du monde 2018, Roberto Martinez avait repris Vinent Kompany, qui était blessé et avait manqué le premier tour de la compétition. Êtes-vous dans la même configuration ? Un peu, oui. On verra d’ici deux à trois semaines où j’en suis réellement, mais je suis déjà super-content d’être là. Serai-je en état de disputer une bribe d’un match amical programmé avant l’Euro ? Franchement, je ne sais pas si c’est faisable. Et serai-je prêt pour le début de l’Euro ? Je le sais encore moins. Il n’y a pas de pression à mettre. Tout ce que je peux dire, c’est que je travaille pour être prêt, sans savoir si ce sera pour le premier match, le deuxième ou le troisième parce que c’est impossible à dire aujourd’hui. Je vais continuer à m’entraîner à raison de deux séances par jour et on verra où cela me mènera. On vous avait vu vous entraîner, au début du mois de mai, dans les installations du Standard, où vous aviez profité de la salle de musculation. C’était un one shot ? Je me suis rendu à l’Académie durant une semaine, juste après la naissance de mon fils, ce qui m’a permis de rester près de lui et de mon épouse. C’était bien plus simple. Mais j’ai veillé à ne déranger personne. Participer à l’Euro, c’est pour vous un must ? Quand même. C’est sans doute mon dernier Euro et il faut donc en profiter au maximum. Et puis, ceux qui me connaissent savent que ce n’est pas dans ma mentalité de lâcher. S’il n’y avait pas eu cet Euro à l’horizon, j’aurais bossé exactement de la même façon et avec la même intensité. Tout ce que je peux prendre, ce sera du bonus, y compris pour la saison prochaine.

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