Zinédine Zidane, ses troisièmes adieux au Real Madrid

Zinedine Zidane salue le Real Madrid pour la troisième fois. Joueur, il avait, dans le même élan, annoncé l’arrêt définitif de sa carrière après une escale en Allemagne pour la Coupe du monde. C’était le 17 mai 2006. Le 31 mai 2018, l’entraîneur intérimaire qui avait prolongé son bail jusqu’à l’éternité avait pris son monde à contre-pied en communiquant son départ 5 jours après la conquête de sa troisième Ligue des champions consécutive, qui s’ajoutait à une première « Liga » en 2017. Dans la matinée de jeudi enfin, le club lui-même a confirmé la rumeur insistante de la veille : Zidane s’en va. Sans coup de théâtre cette fois. Au début de ce mois, Zidane avait lâché une phrase sibylline en conférence de presse que chacun avait interprétée dans un sens ou un autre : « Je ne vais pas compliquer les choses pour le club. » Ce qui ne signifie pas qu’il quitte son poste par « facilité », mais bien parce que c’est « le moment de partir. » Zizou, un « foutu » entraîneur désormais Avec le recul, et en jouant aux équilibristes entre une décision qu’il avait déjà mûrie et la motivation d’un groupe à conserver jusqu’à son ultime goutte en hommage à une « Liga » en balance jusqu’au bout, Zidane a, cette fois, laissé le temps à son président de songer concrètement à sa succession. Un divorce en toute cordialité qui n’avait pas eu cours il y a 3 ans, avec Zidane en guerre ouverte contre son employeur décidé à lui forcer la main, dans son dos de surcroît, pour embaucher Kepa et défenestrer Navas à la trêve. Supplié par le même Pérez 10 mois et deux entraîneurs (Lopetegui et Solari) plus tard de revenir sur ses pas, Zidane avait recueilli cette invitation telle une reddition de son président. L’occasion d’avoir des coudées franches sans coup bas. Au moment de ce retour (11 mars 2019), la saison était allée à vau l’eau : il n’y avait plus rien à gagner. Dans la suivante, Zidane avait tout à perdre. Sauf à ne pas considérer un aspect : figure emblématique du « Madrid », joueur divin, il méritait toute la légitimité du monde à s’asseoir sur ce banc. Là, de sa deuxième expérience, il en avait fait, en fait, une question de crédibilité. Et il l’a gagnée aussi, malgré deux saisons blanches en Europe contre une seconde Liga. Mais quelle Liga ! Ce succès a démontré que le « Zidane II » était devenu un « foutu » entraîneur, pas juste un motivateur ou un magicien. Car on peut se demander s’il est plus facile de remporter la Ligue des champions avec Cristiano Ronaldo ou gagner une Liga et jouer sur les deux tableaux l’année suivante avec ce groupe-ci, sans le Portugais, sans son « Galactique » (Hazard) et avec des cadres qui ont pris 3 ans de plus. Et maintenant ? Les « Bleus » ? Dans sa seconde étape, Zidane a démontré qu’il n’était pas « que » le meilleur entraîneur possible pour le Real Madrid : il a prouvé que c’était un des meilleurs entraîneurs « tout court », que son horizon ne s’arrêtait pas au Bernabéu avec lequel il entretient une alchimie si particulière. Qu’il était en somme mûr pour n’importe quelle équipe. Mais il ne prendra pas n’importe laquelle. Tactique, impassible, Zidane vit aussi pour les émotions. Mieux : pour les revivre. Ce qui réduirait le cercle de ses destinations a priori possibles : les « Bleus » (avec Benzema…) et la Juventus (avec Ronaldo…) aux couleurs desquels il a donné un éclat tout particulier. Enfin à une désormais puisque la Juve a trouvé un locataire pour son banc jeudi soir. À moins que le PSG, où Pochettino ne serait plus en odeur de sainteté auprès de Leonardo, ambitionne de rapatrier le Français. Conte, Hazard, Lukaku : un vrai nœud Comme si cet entrelacs de coachs qui vont et (re)viennent ne suffisait pas à embrouiller les pistes, ce mercato particulier vit aussi de contradictions et de brutales accélérations (Conte et Zidane démissionnaires presque en simultané). Et le moindre coup de théâtre change d’un coup le casting, le dernier (Inzaghi « plaque » la Lazio du soir au matin pour l’Inter justement) rapproche Antonio Conte du Real Madrid. Pressé après deux années sabbatiques, Allegri n’a pas voulu attendre que Zidane se décide : il a tranché pour un retour à la Juve (contrat de 4 ans). Délaissée par Conte, l’Inter n’a pas voulu attendre à son tour Allegri et a plongé sur Inzaghi. Comme Zidane et Allegri ont sauté par-dessus bord, il ne reste plus que Conte, ancien objectif de Pérez en 2016, sur le bateau « blanco… » L’hypothèse, crédible, à moins que Pérez ne joue la carte Raúl entraîneur du « Castilla », où il était allé déjà pêcher Zidane en janvier 2016, de l’arrivée de Conte au Real déboucherait sur des perspectives mitigées pour les 2 Belges du club merengue, qu’il a entraînés deux saisons (2016-18) à Chelsea. Avec son statut et son rendement, Courtois n’a pas d’inquiétude à avoir. Hazard, lui, perd son saint protecteur et Conte n’aura certainement pas la même patience que ZZ. S’il retrouve le Hazard de Stamford Bridge, c’est une autre histoire… Et puis, il y a Romelu Lukaku… Conte y pensera, même contre 100 millions d’euros, le Real envisageant sérieusement d’alléger sa masse salariale (Bale, Marcelo, Ramos). En cas d’effort supplémentaire requis, Conte aurait sans doute vite choisi entre Hazard et Lukaku. Et pour Lukaku, le Real, c’est autre chose que Tottenham, qui vise aussi Conte…

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