Voici qui est vraiment Didier Deschamps, de A à Z

Deuxième sélectionneur le plus ancien derrière Joachim Löw, Didier Deschamps s’apprête à entamer son quatrième grand tournoi. Voici qui est vraiment « DD », de A à Z. A S MONACO Didier Deschamps commence sa carrière d’entraîneur à 32 ans, en Ligue 1, le 28 juillet 2001, à Monaco. Sa première saison se passe mal. Il frise le limogeage, après s’être créé de grosses inimitiés, telle celle avec Marco Simone. Mais il retourne la situation. En 2003, l’ASM remporte la Coupe de la Ligue et finit vice-championne de France. Un an plus tard, elle est finaliste de la Ligue des champions (battue 3-0 par le Porto de Mourinho). B AYONNE Natif de Bayonne, boulimique de sport, crossman à succès, champion de France scolaire du 1.000 mètres, bon élève et… fort caractère (!), il a vite voulu jouer au football, mais pas à Anglet, où réside sa famille. Pourquoi ? Parce qu’à seulement 12 ans, il l’a remarqué : « Aucun joueur n’est sorti de là-bas. » Ses parents l’inscrivent en 1976 au club de foot de Bayonne. Là, où 24 ans plus tard le stade devient le premier de France rebaptisé Stade Didier Deschamps. C ANTONA Parmi les ennemis du sélectionneur, Éric Cantona est celui qui est allé le plus loin. Peu avant l’Euro 2016, avait-il quasiment accusé dans le journal anglais The Guardian Deschamps de raciste, en s’appuyant sur les non-sélections de Benzema et Ben Arfa. « Personne dans sa famille n’est mélangé avec quelqu’un. Comme les Mormons en Amérique. Je ne suis pas surpris qu’il ait utilisé la situation de Benzema pour ne pas le prendre. Quant à Ben Arfa, c’est peut-être le meilleur en France aujourd’hui, mais il a des origines. Je suis autorisé à m’interroger. » En vérité, de longue date, Canto est suspecté d’être convaincu de la participation de Deschamps à son éviction de l’équipe de France avant l’Euro 1996 puis le Mondial 98, le privant de la gloire des Bleus… D OUBLE Trois hommes ont réussi à devenir champion du monde en tant qu’entraîneur après l’avoir été comme joueur : le Brésilien Zagallo, l’Allemand Beckenbauer et… le Français Deschamps. DD peut s’offrir un second doublé, en conduisant la France au titre européen 21 ans après la victoire à l’Euro 2000. Personne n’y est parvenu jusqu’à présent. E DER Le 17 juillet 2016, la France affronte le Portugal en finale de l’Euro. Rapidement, Cristiano Ronaldo sort blessé. La légendaire chance de Deschamps ? Que nenni ! La France, qui joue l’offensive, est punie par l’obscur Eder, qui signe en prolongation le seul but du match. Il restera à jamais l’un des rares ayant privé Deschamps d’un trophée qui lui tendait les bras. « Ce match, on le refait dix fois, on le gagne neuf fois. J’ai l’air malin de dire ça, mais c’est la vérité », pestera-t-il longtemps. F EMME « Rien de ce qui m’est arrivé n’aurait été possible sans elle. » C’est en ces termes que Didier Deschamps évoque sa femme, Claude, Bretonne de deux ans plus âgée, devenue Mme Deschamps le 2 juin 1989. « J’avais 17 ans et sans faire de gros écarts, je pensais surtout à m’amuser. Je passais pas mal de temps en boîte de nuit. Mais à 18 ans, rencontrer sa future femme, ça calme. » G IRONDINS Le passage de Deschamps à Bordeaux, où il fut prêté en 1990 par Marseille, est une ligne sans relief. Le club girondin plonge dans une crise profonde ponctuée d’une relégation en D2 par la DNCG ! « Une année galère », résumera DD, décidé à regagner sa place à l’OM où, de son propre aveu, ses premiers mois n’avaient « pas été terribles » H OT VIDÉO La gloire peut réserver des surprises. DD l’a constaté quand son pote Lizarazu a voulu le piéger dans son émission « Club Liza » en direct sur RTL, en lui tendant le magazine Hot vidéo, dont la Une rapporte les mots de l’actrice porno Nikita Bellucci qui fait une promesse au sélectionneur avant l’Euro 2016 : « Didier, si tu ramènes la coupe, je t’offre ma croupe. » « Je suis marié depuis longtemps et je suis très heureux avec ma femme. Donc, Nikita, elle trouvera un autre bébé », réagit DD, qui ne plaisante pas vraiment. I TALIE Didier Deschamps termine sa carrière en Bleu en finale de l’Euro 2000 contre l’Italie (il connaîtra une 103e sélection quelques semaines plus tard sous forme de jubilé). Les Italiens mènent 1-0. Le temps additionnel débute. Un à un, les Français lâchent mentalement. Excepté leur capitaine qui interpelle le coach, Roger Lemerre. « C’est sur la gauche que ça va passer », clame-t-il. Un instant plus tard, Wiltord égalise côté gauche ! Lemerre a aussi fait entrer Pirès sur la gauche. Là où il débordera pour offrir le but vainqueur (2-1) à Trezeguet. J UVENTUS Ses deux passages à la Juve en ont fait une figure de l’histoire du club piémontais. La réciproque est vraie, le Basque sachant ce que lui a apporté la « Vieille Dame », d’abord en tant que joueur (1994-1999). « Notre génération doit tout au football italien et à ce que nous y avons appris », assurait-il après le Mondial 98. « L’exigence technique et mentale est permanente et largement supérieure à ce que j’avais connu jusqu’ici. » De retour en 2006 comme entraîneur, il est le premier Français à diriger la Juventus… et ce sera en Serie B ! Deschamps ne se démonte pas et fait remonter son équipe. Les supporters le vénèrent. Pas Alessio Secco, le directeur sportif, avec qui le torchon brûle. Les deux hommes ne sont d’accord sur rien. Inflexible, DD s’en va. K ARIM BENZEMA « Merci Didier ! » Le 30 mai, Karim Benzema a lâché la petite phrase que l’auditoire attendait. Après cinq ans de privation, il retrouve les Bleus. Jamais aussi fort, son sens du jeu lui permet de faire briller le collectif. Deschamps le sait et c’est aussi le besoin de bonifier son équipe qui l’a poussé à enterrer la hache de guerre. L ONDRES En 1999, Deschamps quitte la Juve pour Chelsea, où il retrouve son ami Marcel Desailly et son pote des parties de cartes en équipe de France, Frank Leboeuf. Cependant, le capitaine des Bleus n’est pas nécessairement à son aise chez les Blues. Sa relation avec le coach, et ex-coéquipier à Turin, Gianluca Vialli, est parfois compliquée. En outre, il goûte peu au quotidien de sa vie londonienne. Au final, son bilan n’est pourtant pas si mal avec une « Cup », une institution outre-Manche. M ICHEL PLATINI Michel Platini n’a jamais vraiment porté Deschamps dans son cœur. « Il a toujours eu de la chance. Je me demande d’ailleurs s’il n’est pas tombé dans un bénitier quand il est né », a notamment lâché le triple Ballon d’or. De quoi renforcer l’idée d’une jalousie incontrôlée de l’ex-président de l’UEFA qui, au-delà de ses moult succès, n’a jamais pu, lui, remporter la Coupe du monde. La relation entre les deux a toutefois fini par se réchauffer et une autre phrase de « Platoche » fait son chemin : « Didier Deschamps gagnera plus de titres comme entraîneur que comme joueur. » N ANTES « J’en ai bavé ! » C’est à Nantes, à 14 ans, que Deschamps découvre le football pro. Son intégration se fait intégration dans la douleur. D’autant que le petit nouveau a été maladroitement présenté par les recruteurs comme le plus intelligent, le plus doué, le plus apte… Or, dans cette véritable « jungle », selon le mot employé par Deschamps lui-même, tous les coups sont permis… Mais la force de caractère du jeune DD s’épaissit. Et à 21 ans, il devient capitaine de l’équipe fanion… O M À l’OM, Deschamps aura été un joueur majeur puis un entraîneur à succès. Tout n’a pas été simple, mais devenu, comme souvent, capitaine, le milieu de terrain prend les commandes d’un groupe d’exception et remporte en 1993 la seule Ligue des champions d’un club français. Pas le temps de savourer, l’affaire OM-VA, pour laquelle il n’a jamais été inquiété, souffle tout ! Les stars filent, DD reste une saison de plus avant de rejoindre la Juve. Il reviendra 15 ans après et restera plus de trois ans l’entraîneur de Marseille, gagnant trois fois la Coupe de la Ligue et décrochant le titre de champion en 2010. P RAGMATISME DD est prêt aux compromis dans la seule optique de gagner. Ainsi a-t-il toujours su, en tant qu’entraîneur, surmonter les ego de joueurs auteurs de propos peu amènes à son endroit, tels Gignac, Payet ou Rami. Une manière, aussi, d’envoyer des messages forts aux intéressés qui lui ont rendu grâce ensuite. Q ATAR Sauf cataclysme, Deschamps sera le sélectionneur jusqu’au Mondial 2022 au Qatar. Et après ? L’idée de le voir succéder à Noël Le Graët à la tête de la FFF refait ponctuellement surface. R ATIO Le ratio de victoires (66,07 %) de Didier Deschamps est le plus important de tous les sélectionneurs français. En outre, il détient un record de longévité, en place depuis 3.218 jours (il devance Michel Hidalgo resté sélectionneur 3.014 jours). Hier, face à la Bulgarie, il a dirigé pour la 113e fois les Bleus. S CORES En 113 matches, il n’a concédé qu’un seul gros score. Un 3-0 en amical au Brésil le 9 juin 2013. Sinon, au pire, les Bleus ont perdu sept fois par deux buts d’écarts et seulement trois en matches officiels. Côté succès, le plus large est un 8-0 face à la Jamaïque. T APIE Au sortir d’un prêt à Bordeaux à l’été 91, il revient à Marseille. Du moins le souhaite-t-il, au contraire de Bernard Tapie, alors président de l’OM. Le « boss » envisage de le refourguer au PSG ! Nullement habitué à ce qu’on lui résiste, le terrible « Nanard » n’imagine pas céder face à ce jeune homme de 23 ans. Sauf que la grinta de Deschamps va accoucher d’un miracle. Pour ce faire, il prend l’initiative d’appeler celui qui l’avait tant impressionné à son arrivée à Marseille : « J’étais tétanisé devant lui ; cet homme ne ressemblait à aucun autre. » Il sait qu’il joue son avenir en passant ce coup de fil durant lequel, encore une fois, Deschamps ne lâche rien. Au final, il arrache sa chance. U KRAINE Son équipe de France est née le 19 novembre 2013. Ce soir-là, DD joue sa tête sur ce barrage retour pour la qualification au Mondial 2014, face à l’Ukraine, victorieuse 2-0 à l’aller. Deschamps a plongé avec les Ribery, Abidal ou Nasri. Trois « cadres » qu’il finira par effacer de ses tablettes. Il reprend la main, remotive ses troupes (et le public), les persuade de leur capacité à tout renverser. On connaît la suite : 3-0. L’an 1 de Deschamps sélectionneur se termine en apothéose. V ALENCE Outre s’engager au Valence CF, il a pris une décision capitale en cet été 2000 : quitter les Bleus. C’est a priori tout bénéf’ pour les Valencians qui vont disposer d’un Deschamps à temps plein. Malheureusement, il enchaîne les blessures. Il est sur le banc lors de la finale de C1 perdue face au Bayern (sa 2e finale consécutive, la 5e de sa carrière) et devient le premier à figurer sur une feuille de match d’une finale de C1 sous trois maillots différents (Marseille, Juventus, Valence), avant d’y parvenir avec un 4e club, Monaco, en tant qu’entraîneur. W INNER Le terme « winner » est régulièrement associé à Deschamps. Hormis à Nantes (vice-champion de France) et à Valence (vice-champion d’Europe), il a en effet toujours gagné a minima un trophée partout où il est passé, en tant que joueur et/ou entraîneur. X V Le rugby à XV est le sport roi chez les Deschamps à la naissance de Didier, le 15 octobre 1968. Aussi, était-il prédestiné à devenir « quinziste » lui, l’enfant du Sud-Ouest, et fils de Pierre Deschamps, troisième ligne au Biarritz Olympique. DD a donc commencé par le ballon ovale. Sans plaisir. « J’ai arrêté le rugby lorsque je me suis aperçu autour de moi qu’ils étaient beaucoup plus grands », sourira-t-il du haut de son mètre 74. Y OUGOSLAVIE L’histoire d’amour entre Deschamps et l’équipe de France débute le 29 avril 1989 au Parc des Princes contre la Yougoslavie (0-0). Il a alors 20 ans. Au final, DD totalisera 103 sélections, ce qui, associé à ses 113 matches de sélectionneur, lui permet de comptabiliser 216 matches avec les Bleus. Record absolu ! Z IDANE Zinédine Zidane est son successeur désigné. Sous réserve que les planètes soient alignées le moment venu. Autrement dit que Zizou ne soit pas engagé ailleurs et que sa nomination attendue ne soit pas remise en cause par un jeu politique interne à la FFF. Deschamps en sait quelque chose, lui qui avait été pressenti pour succéder à Santini en 2004. C’était pratiquement acquis, jusqu’à ce que Domenech ne lui soit préféré ! Rebelote, en 2010, où, cette fois, DD n’était pas libre. Blanc en a profité. En 2012, l’heure de Deschamps a enfin sonné.

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