Stéphane Bréda revient sur la première partie de l’Euro 2020: «Un arbitrage de très haut niveau, et le VAR y est pour beaucoup…»

Stéphane Bréda revient sur l’arbitrage pendant la phase de groupes de l’Euro 2020. « Les joueurs savent qu’ils seront rattrapés » C’est le premier Euro depuis 1988 où la moyenne des cartes jaunes est en dessous de 3 par match. Parce que les joueurs sont plus sages, ou les arbitres plus laxistes ? « Un peu les deux », estime Stéphane Bréda. « Les arbitres laissent beaucoup jouer et je suppose que ce sont les consignes. Pour favoriser le jeu, et parce que le VAR peut les aider. Hormis par exemple le Danois Damsgaard qui a commis une erreur de jeunesse en simulant un penalty de manière ridicule face aux Diables, les joueurs font attention car ils savent qu’ils seront rattrapés par le VAR, lequel est donc pour beaucoup dans l’assainissement des matches, moins rugueux que par le passé. Franchement, j’ai vu peu de mauvais gestes, même si quelques pieds ont traîné ici ou là. Disons que l’Allemand Félix Brych, qui possède un style particulier, a sans doute été plus sévère avec les Belges qu’envers les Finlandais, comme cela a bien été évoqué. Mais, dans l’ensemble, on voit dans ce tournoi un arbitrage très haut niveau. Supérieur, à mon sens, aux éditions précédentes. Il faut dire que c’est vraiment la crème de l’arbitrage européen qui est là. Avec aussi un très bon referee argentin, Fernando Rapallini, qui a dirigé Macédoine du Nord-Ukraine et Croatie-Écosse. Pourquoi pas mais je ne vois pas ce que ça apporte car nous avons assez d’excellents arbitres en Europe… » « Le VAR intervient peu, et assez vite » Stéphane Bréda est un fervent partisan du VAR, même si tout n’est évidemment pas parfait. « Il a une excellente influence sur les joueurs et son utilisation me semble très au point. Il n’intervient pas trop et quand il le fait, c’est rapide. Et l’arbitre, avec qui le contact est manifestement assez régulier, va moins souvent consulter les images que ce que l’on voit habituellement. Il est vrai que, derrière l’écran, c’est aussi la crème, ce qui n’est pas toujours le cas dans les championnats nationaux… Et je suppose aussi que l’équipement dont ils disposent est nettement plus poussé. » « Je n’ai pas aimé la phase du but validé de Lukaku contre la Russie où le ballon est mal dégagé par un défenseur qui remet Romelu dans le jeu. Mais bon, c’est le règlement… Concernant, en revanche, le but du même Lukaku annulé pour un centimètre, je suis d’accord avec Alex Teklak pour dire que, dans l’esprit, il ne cherche pas à profiter de sa position. Mais si on met une tolérance, on l’étire jusqu’où ? Au fond, c’est Philippe Albert qui a raison : si c’est hors-jeu, c’est hors-jeu ! Et le révélateur utilisé est bien plus précis que d’habitude. On parle même, pour le Qatar, d’un projet de juges de touche électroniques, pouvant juger le hors-jeu en temps réel. Pourquoi pas ! » « Le cas délicat de Christian Eriksen a été bien géré » La crise cardiaque de Christian Eriksen, face à la Finlande, a évidemment frappé les esprits… « L’arbitre anglais Anthony Taylor a bien apprécié la situation, comprenant tout de suite que c’était grave, et appelant promptement les secours alors que Kjaer posait déjà les premiers gestes salvateurs. Et il a évidemment renvoyé tout le monde aux vestiaires, comme il fallait le faire. Par ailleurs, fallait-il reprendre le match ou pas ? Si j’estime que l’UEFA n’est pas toujours cohérente ni courageuse, car si elle s’oppose au racisme, et c’est une très bonne chose, pourquoi refuse-t-elle alors une action contre l’homophobie, elle a plutôt bien géré la situation dans ce cas précis. Après le match, les Danois ont dit qu’on leur avait un peu forcé la main mais je suis certain que s’ils avaient dit qu’ils ne reprenaient pas, l’UEFA n’aurait jamais osé leur donner match perdu. Vous imaginez le scandale que cela aurait provoqué ? Alors, s’ils ne voulaient pas rejouer tout de suite, il fallait le dire immédiatement, et pas après coup. Mais à partir du moment où ils étaient rassurés par un message de leur ami, je ne pense pas que cela aurait été plus facile, physiquement et psychologiquement, de continuer le match le lendemain, après une nuit certainement sans sommeil… » « Antonio Mateu Lahoz est au-dessus du lot » Quel est le meilleur arbitre de cette première partie d’Euro, aux yeux de Stéphane Bréda ? « Je considère que l’Espagnol Antonio Mateu Lahoz, qui a dirigé la finale de C1 Chelsea – Manchester City en mai dernier, est au-dessus du lot. Il laisse jouer tout en étant très présent et il est très didactique, expliquant très bien les choses aux joueurs sans en faire trop, ni trop peu. Franchement, c’est à souhaiter pour lui que… l’Espagne n’aille pas trop loin afin qu’il soit en lice pour la finale ! » Sa prestation lors du France-Portugal de mercredi a pourtant fait débat… « Pas pour moi ! Certains ont dit que Lloris devait avoir la rouge et non la jaune mais je ne suis pas d’accord. Il rate son intervention et doit être sanctionné d’un penalty et d’une jaune mais la double peine ne s’impose pas car il n’annule pas une occasion franche et son geste n’est pas volontaire. Concernant le penalty sifflé sur Mbappé, rien n’oblige le défenseur portugais à mettre ainsi son bras et son corps pour stopper l’attaquant français, qui n’en rajoute pas. Enfin, d’aucuns lui ont reproché de ne pas siffler penalty de Bruno Fernandes sur Coman en fin de match mais il s’agit pour moi d’un fait de jeu, dans la course du joueur. Bon, si on siffle, ce n’est pas un scandale, mais on se situe dans la zone grise. D’ailleurs, le VAR a examiné la phase mais n’est pas intervenu… » « J’espère voir Jonathan Lardot un jour, mais… » Depuis Frank De Bleeckere (Euro 2008 et Coupe du monde 2010), plus aucun Belge n’a été sélectionné pour une phase finale. Stéphane Bréda voit-il une possible éclaircie à l’horizon ? « C’est compliqué… Il faut savoir que les arbitres belges démarrent en catégorie 4 alors que ceux des grands championnats débutent en catégorie 2. Il faut dire que pour eux, c’est pratiquement niveau Ligue des champions toutes les semaines ! Mais donc, les nôtres mettent plus de temps à monter en catégorie 2 (ce qui est le cas de MM. Lardot, Lambrechts et Boucaut), puis en catégorie 1 (M. Visser). Et pour siffler au plus haut niveau, il faut atteindre ensuite la catégorie élite, pour laquelle Sébastien Delferière semblait bien parti… Pour moi, le meilleur de nos referees est Jonathan Lardot. J’espère le voir un jour en phase finale mais il a déjà 37 ans et donc encore deux étapes à franchir, ce qui prend du temps, d’autant que nous n’avons plus personne pour « pousser » à l’UEFA. Il faut aussi parfois un coup de chance, ou un match référence, comme Frank De Bleeckere en 2005, quand il avait bien maîtrisé le sulfureux Turquie-Suisse, n’hésitant pas à siffler très vitre un penalty contre les Turcs, et gérant bien les incidents qui avaient suivi, sous les yeux d’un des examinateurs principaux… Notre N.1 officiel, au niveau international, est Lawrence Visser mais je le trouve irrégulier. Plus que Nicolas Laforge, qui n’est encore, pourtant, qu’en catégorie 3… »

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