Romelu Lukaku: «Je ne suis pas seulement en forme, je fais partie des meilleurs»

On dit beaucoup que Romelu Lukaku n’a jamais été aussi fort que maintenant. Est-ce votre avis également ? J’ai beaucoup progressé ces dernières années, ça, c’est sûr. Je pense que j’ai franchi un palier, celui où on parle de Lewandowski, Kane, Benzema, Suarez… Ce sont les meilleurs attaquants d’Europe et j’en fais partie. Je ne suis pas seulement « en forme ». Mais je cherche toujours ce petit plus pour m’améliorer. Tout est une question de travail. Vous avez mené un duel à distance avec Cristiano Ronaldo pendant toute la saison en Italie. Cela vous a-t-il motivé sur le plan personnel ? Sur le plan personnel, oui. Mais d’un point de vue collectif, non car je savais que ce qui était important pour l’Inter, c’était de gagner le championnat. On l’a fait et il faut dire que c’était assez exceptionnel. Nous avons gagné beaucoup de matches et répondu présent dans les grands rendez-vous. J’espère qu’on pourra refaire la même chose la saison prochaine. Quelle qualité de son jeu aimeriez-vous lui prendre ? Ses capacités de dribble et sa frappe de balle. Et à l’inverse, que pourrait-il vous envier ? Ma force et mon jeu dos au but. Vous avez côtoyé beaucoup de joueurs portugais dans le vestiaire, à Chelsea notamment. Qu’est-ce qui les caractérise le plus ? Ce sont des gens qui sont très fiers de leur pays. Et puis, ils ont cette qualité technique, une vraie mentalité de vainqueur, ils donnent tout pour gagner. Pouvez-vous nous détailler votre rapport avec Thierry Henry, avec qui on vous voit beaucoup parler à la fin des matches ? On fait chaque fois un débriefing. S’il voit quelque chose, il me le dit tout de suite et à l’inverse, si je remarque quelque chose dans le match, je lui signale pour qu’il fasse passer le message au coach, comme ça, on est tous sur la même longueur d’onde. Trouvez-vous qu’il a évolué depuis 2018 et ses expériences comme T1 ? Il parle encore beaucoup plus avec nous. Il y a trois ans, c’était surtout avec les attaquants mais désormais, c’est aussi avec le reste du groupe. Il est encore beaucoup plus exigeant avec nous. Avez-vous revu votre but annulé contre la Finlande et est-ce que l’assistance vidéo vous pousse à modifier certains aspects de votre jeu ? Sur ce but, j’aurais dû faire du 45 au lieu de mon 48,5 ! Mais ce n’est pas grave, car je savais que j’allais marquer après (rires). Il faut être beaucoup plus intelligent dans ses mouvements, dans les appels de balle. La course en profondeur doit être bien réalisée pour ne pas être hors-jeu. Mais bon, je sais que ça peut parfois être en ma faveur. Les penalties, les tirs au but qui se profilent peut-être dimanche soir, c’est justement un domaine sur lequel vous avez beaucoup travaillé ? J’ai été assez négligent là-dessus au début de ma carrière. À Chelsea, j’en ai raté un, deux à Everton… C’est surtout une question de concentration quand vous tirez un penalty, il suffit de frapper fort dans le ballon. Les tirs au but ne seront pas nécessaires, nous avons assez de « tueurs » dans l’équipe. Si vous battez le Portugal, il y a la perspective d’affronter éventuellement l’Italie, la France ou encore l’Angleterre en finale. Cela vous motive-t-il ou, au contraire, cela vous inquiète-t-il ? Si vous voulez remporter ce trophée, il faut à un moment donné se dire qu’il va falloir passer par ces étapes difficiles. Nous devons arrêter de calculer. Le match de dimanche sera un bon test pour nous face aux champions d’Europe en titre, avec des joueurs de grande qualité. On vous colle une personnalité de bosseur, de gagnant qui ne veut rien laisser aux autres, à commencer par Batshuayi et Benteke. D’où cela vous vient-il ? Je regarde beaucoup de documentaires sur les joueurs en NBA ou de football américain. Là, chacun est prêt à chaque fois qu’on doit faire appel à lui. J’ai assez vite compris cela à l’âge de 21, 22 ans. Raison pour laquelle je ne suis pas facilement fatigué aujourd’hui. J’ai beaucoup travaillé sur cet aspect-là. Pour le reste, le coach sait que je suis à disposition et c’est lui qui fait ses choix. En regardant le documentaire sur Michael Jordan, on a pensé à vous : il avait ce besoin de se nourrir de la critique pour se surpasser. C’est aussi votre cas ? (Rires) Vous avez raison ! Quand j’ai regardé « The Last Dance », je me suis dit : je ne suis pas tout seul. Je ne veux pas dire que je suis comme Michael Jordan, mais il y a des personnes qui ont ce besoin d’être toujours le meilleur. C’est le cas de Cristiano Ronaldo, de Kylian Mbappé… J’ai aussi besoin de cette compétition extérieure pour me pousser. Quand quelqu’un dit qu’il est le meilleur, je veux lui répondre : « Attends, laisse-moi te prouver que non. » Cristiano Ronaldo en est à 178 sélections, vous êtes presque à 100 à seulement 28 ans… Ce sont des chiffres impressionnants et quand vous voyez qu’il a 36 ans, vous comprenez que ça fait longtemps qu’il est au plus haut niveau. C’est un joueur sur lequel vous pouvez toujours compter. Pour vous, la fin de votre carrière ne semble pas proche non plus, pas vrai ? On a encore une Coupe du monde à jouer l’an prochain. Il y aura quelque chose à faire là-bas aussi. Vous allez affronter un quintuple Ballon d’Or. Vous pensez pouvoir le remporter dès cette année ? (Rires). Ça, c’est un rêve, je ne veux même pas en parler en public !

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