Mark Cavendish, vainqueur de sa 32e étape sur le Tour de France: «Le record? Ne me posez pas cette question»

Mark, vous semblez émotionnellement moins submergé par cette deuxième victoire sur ce Tour de France qu’à Fougères. Comme si vous vous étiez déjà habitué à (à nouveau) gagner… Ce n’est pas que j’étais plus confiant, je peux vous assurer que je ne l’étais pas. C’est peut-être juste que la victoire est, cette fois, moins arrivée comme un choc. Nous avions mis en place un processus et je savais que je pouvais lever les bras une deuxième fois sur cette étape. C’est peut-être pour cette raison que je donne l’impression d’être moins affecté mais c’est un honneur de gagner ici. Je ressens la même émotion que quand j’avais levé les bras, ici, il y a dix ans. C’était alors votre deuxième victoire à Châteauroux, après votre succès en 2008, le premier bouquet de votre carrière sur le Tour de France. D’ailleurs, vous avez célébré votre sacre de la même manière, les mains sur le casque. C’était prévu ? Non, il ne faut pas regarder mon geste comme une réplique de ma dernière victoire dans cette ville. J’ai pris ce sprint comme un autre sprint même si gagner trois fois sur la même ligne peut, dans un sens, donner un sens romantique à l’histoire. Évidemment, ma victoire fait écho à mon premier bouquet en 2008, même si je n’y avais plus vraiment mes points de repère. Quand j’ai lu sur la carte du Tour que Châteauroux était une nouvelle fois de la partie, ça m’a forcément rappelé ma première victoire d’étape. Ce succès est énorme dans ma carrière mais j’ai essayé de laisser tout ça de côté. En fait, voir Châteauroux m’a donné encore plus de motivation pour revenir. D’ailleurs, je me souviens d’avoir suivi l’arrivée ici en 1998, avec Steels, Zabel et Cipollini (NDLR : le premier vainqueur dans la ville de l’Indre). Ici, Bordeaux et Paris sont pour les sprinters des grandes villes. C’est un honneur et un rêve d’y gagner. Les choses sont-elles fort différentes depuis votre première victoire sur le Tour ? En 2008, les braquets étaient différents, plus petits. On poussait du 52-11. C’était la norme. Maintenant, c’est devenu 54, voire 55 à l’avant, ce qui nous emmène dans des vitesses complètement folles, avec plus d’efficacité et de puissance. Et puis, désormais, je dois faire face à des sprinters plus jeunes (NDLR : il a 36 ans). Il y a ici une opposition incroyable même si je suis très triste pour mon ami Caleb (NDLR : Ewan, qui a chuté à Pontivy et abandonné). J’aurai vraiment aimé me mesurer à lui, sprinter en tête à tête avec lui. Son retrait m’affecte car je sais à quel point c’est triste et difficile de regarder le Tour de France depuis la maison. Je connais ces émotions… Votre formation Deceuninck – Quick-Step semble avoir parfaitement contrôlé la course, comme si c’était une formalité. Comme si tout était réglé, parfait, presque facile… Non, je ne pense pas. On devait tout regarder, maîtriser alors que je pensais que toutes les équipes ayant un sprinter dans leur rang voulaient arriver à une conclusion en sprint… Je n’ai pas compris l’attitude de certains teams. Les Français notamment… Au final, il y a juste Alpecin qui a bossé avec nous. Il faut voir à quel point on s’est employé pour arriver à revenir sur Greg Van Avermaet et Roger Kluge. Nous, on a pris nos responsabilités pour arriver à un sprint, sans être certains de le gagner. L’équipe a travaillé, à l’image de Tim Declercq qui n’a cessé de rouler. À la fin, même le champion du monde (NDRL : Julian Alaphilippe) s’est mis minable pour moi. Le team a mis tout le peloton en file. Un peu comme il y a dix ans, quand j’étais chez HTC. On a mené et j’ai attendu jusqu’au dernier moment que Michael Morkov m’ouvre la porte pour m’y engouffrer… Un sprint à l’ancienne, on voit l’arrivée de loin. Mark, pour conclure, impossible de passer à côté de la question. Avec, désormais, 32 victoires vous vous rapprochez encore du record d’… (Il coupe, cette fois moins rugueux qu’à Fougères. Référence au record d’Eddy Merckx et ses 34 victoires d’étapes) Non, ne dites pas son nom. Ne me posez pas cette question. Je n’y pense pas. J’ai juste gagné une autre étape, une de plus, une deuxième cette année. Si je suis assez bon pour m’imposer une nouvelle fois, alors je m’imposerai. Mais c’est tout, je ne calcule pas. Si j’en gagne 50, j’arriverai à un total de 50 dans mon palmarès…

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