Euro 2020: une finale qui vient ponctuer une saison très éreintante

Cette finale de l’Euro 2020 marquera la fin d’une interminable saison rythmée par les impacts de la crise sanitaire. Pour Mario Innaurato, l’ancien préparateur physique des Diables, le facteur physique, bien qu’important, ne permet toutefois pas de dégager un favori, chaque argument en faveur de l’un étant contrebalancé par un autre. « C’est mentalement que la différence se fera », assure celui qui est consultant sur le foot italien chez Eleven et qui a travaillé pour plusieurs clubs de la Botte ces dernières années (AC Milan, Fiorentina). Récupération : avantage Italie En disputant sa demi-finale 24 heures avant les Anglais, la Squadra Azzurra a gagné un jour de récupération qui pourrait se révéler non-négligeable, dimanche, au moment de défier les Three Lions qui ont eux aussi dû jouer 30 minutes supplémentaires pour éliminer les Danois. « On a parfois tendance à donner trop d’importance au facteur physique mais là, naturellement, ce jour de récupération supplémentaire est un aspect dont il faut tenir compte dans un tournoi comme celui-là », analyse Mario Innaurato. « Que serait-il advenu si les Diables avaient eu deux ou trois jours de plus et avaient ainsi pu compter sur Eden Hazard ? Compte tenu de tous les autres aspects qui entourent cet Euro (nombre de matches important, voyages, etc.), disposer de 24h de plus est un avantage. Tout ce qui est invisible sur le terrain a une importance capitale et ce n’est pas pour rien que les équipes s’obstinent à revenir dans leur point de chute. Ils s’y sentent mieux et bénéficient de meilleures conditions de récupération. » Outre ces importantes 24 heures de plus, Roberto Mancini a aussi permis à ses joueurs de souffler davantage en fin de match, le sélectionneur italien ayant effectué 31 remplacements sur les 32 possibles jusqu’ici (96,8 %). Gareth Southgate, lui, n’en a effectué que 22 (sur 31, soit 70,9 %). « Mais il ne faut pas oublier que les Anglais sont plus jeunes, ce qui facilite le travail de récupération », note Innaurato. [scald=28248194:sdl_editor_representation] Déplacements : avantage Angleterre On l’a souvent répété tout au long du tournoi : les formations ayant joué un maximum de rencontres à domicile en ont tiré un réel avantage, comme en a d’ailleurs témoigné la composition du carré final. Mais l’Angleterre, elle, bat tous les records puisque les Three Lions auront disputé cinq de leurs six matches à Wembley, à environ 200 kilomètres de leur camp de base de Burton upon Trent. Au total, ils n’auront donc parcouru « que » 6.500 kilomètres environ (aller-retour) durant ce tournoi, contre… près du double pour les Italiens (12.500), qui avaient pourtant joué leurs trois rencontres de poule à Rome. Malgré ces nombreux kilomètres parcourus, Roberto Mancini a une nouvelle fois ramené ses troupes à Coverciano, où la Squadra avait établi ses quartiers durant la compétition, entre la demie et la finale. « Les Anglais se sont moins déplacés : c’est un fait. Malgré tout, pour cette finale, j’ai le sentiment que le physique et la récupération seront des détails et l’importance de retrouver son camp de base prévaut sur le reste, d’autant plus que le groupe italien vit particulièrement bien ensemble », tranche Innaurato Temps de jeu cette saison : avantage Italie La crise sanitaire a complètement bouleversé le calendrier des deux dernières saisons et a contraint certains joueurs à disputer un nombre anormalement élevé de matches. Plus que son rival du jour, la sélection anglaise accueillera ainsi cette fin de saison comme une libération puisque le onze titulaire en demi-finale a disputé en moyenne 4.529 minutes cette saison, contre 3.950 pour celui de la Squadra. « Mais les deux nations ont dû s’adapter : les exigences du championnat anglais sont élevées et, en Italie, la saison 2019-2020 a fini plus tard et la suivante a démarré plus tôt, tout en ayant une trêve hivernale raccourcie. Et la préparation de l’Euro, elle aussi, a été moins longue que d’habitude. Ce qui est sûr, c’est que les joueurs des équipes nationales ont beaucoup joué et beaucoup souffert mais même s’il leur reste 1 %, ils le donneront à fond pour aller au bout. » C’est encore plus vrai pour les Anglais, Maguire ayant par exemple accumulé à lui seul 5.584 minutes de jeu cette saison, club et sélection compris. Les Italiens tenteront d’en profiter, même si le rythme de la Premier League a habitué la plupart des joueurs à cette cadence effrénée. « Dans ce genre de tournoi, il faut un corps rodé à la succession de matches. » Force mentale : avantage Angleterre Pour l’ancien préparateur physique des Diables rouges, l’élément le plus déterminant risque donc d’être… la présence en masse des supporters anglais, lesquels pourraient permettre aux Three Lions de se transcender au moment venu. « Chaque élément vient en contrebalancer un autre mais celui-là, rien ne pourra le faire. On a vu durant cette saison sans public que jouer à domicile n’était plus un avantage. Là, il y aura 60.000 supporters à Wembley ! C’est un avantage sur le plan mental et, comme ce dernier est lié au physique, ça peut donner de l’énergie. Mais je le répète : sans sous-estimer son importance, je pense qu’il ne faut pas exagérer l’impact du facteur physique sur cette finale. »

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