Jeux olympiques: «Ce sera vraiment Nina contre Nina»

Sur la piste incandescente du Kasamatsu Sports Park, à Hitachi-naka City, à une grosse demi-heure de Mito, où séjourne la délégation belge avant de rallier le village olympique de Tokyo, Camille Laus fait ses gammes en cette fin de matinée. « Trop chaud ? », s’amuse la capitaine des Belgian Cheetahs en s’adressant à la presse belge venue pour quelques heures aux nouvelles. « Moi je trouve que c’est encore supportable. C’était bien plus chaud à Doha ! » (aux Mondiaux 2019, NDLR). Les athlètes alternent footing, exercices de pliométrie, et sprints courts dans ce coquet petit stade où des habitants du coin, des écoliers et membres des clubs locaux, ont été invités à les observer. Le Team Borlée, supervisé par Jacques, en grande discussion avec le psychologue du sport Jef Brouwers, est au complet avec les trois frères, Jonathan Sacoor, Hanne Claes et Laus. Robin Vanderbemden et Julien Watrin, accompagnés de leur coach François Gourmet, sont également présents sous le cagnard, tout comme Alexander Doom, la révélation de l’année sur 400 m, et les perchistes Ben Broeders et Fanny Smets. L’atmosphère est détendue, mais déjà studieuse. On sent que le grand moment n’est plus très loin. « Notre rêve, cela reste la médaille (en relais) », précise Kevin Borlée. « Nous ne contrôlons pas la concurrence mais on sent qu’on monte en puissance. » A quelques centaines de mètres, au Kasamatsu Gymnastics Stadium, l’équipe belge de gym artistique a, elle, pris possession du praticable pour un long échauffement. Les tribunes sont bien plus pleines qu’à l’athlétisme pour ce sport qui fait traditionnellement recette au Japon. Au premier rang, des dizaines de gamines venues admirer Nina Derwael et ses équipières respectent les consignes. Elles saluent de la main mais évitent de crier, comme cela leur a été recommandé. « C’est dommage qu’il y a plus de public ici qu’il n’y en aura aux Jeux », souligne Marjorie Heuls, la coach de l’équipe. Un vrai paradoxe, effectivement. Nina Derwael acquiesce. « Tout est beaucoup plus strict ici qu’à Rio, où on faisait un peu ce qu’on voulait. Nous restons dans notre bulle, nous n’avons pas beaucoup de contacts avec la population locale. » Un peu dommage quand on sait qu’elle a fait l’effort d’apprendre quelques phrases en japonais qu’elle s’empresse de déclamer ! L’ambiance dans le groupe semble, en tout cas au beau fixe. On sent que les gymnastes sont heureuses d’être là, à plusieurs, pour se soutenir mutuellement. « Elles vivent bien ensemble, c’est un bon groupe », confirme Marjorie Heuls. « Les responsabilités y sont partagées entre Nina et Maellyse (Brassart). Nina, c’est sur le professionnalisme de la préparation des grosses compétitions, Maellyse, c’est plus sur la vie du groupe en général. » Après la récupération des deux premiers jours, la tension va sans doute grimper, surtout quand le groupe prendra la direction du village ce lundi en vue des qualifications du concours par équipes programmé dimanche 25 juillet. Mais Derwael, qui a une grosse pression sur les épaules, semble relativement sereine. « On ne me prendra rien de ce que j’ai déjà gagné », dit la Limbourgeoise. « J’essaie d’avoir confiance en moi. Parfois je me dis que je n’ai que 21 ans… mais aussi que j’en ai déjà 21 ! » Marjorie Heuls ajoute qu’en raison du covid et de l’isolement qu’il provoque, « on sent moins la pression extérieure ». « La seule pression que Nina a, c’est celle qu’elle se met. Elle veut atteindre un objectif élevé, donc, automatiquement, elle est plus importante. Mais elle s’est bien préparée ces dernières semaines, elle a été sérieuse et ça lui donne de la confiance. Je ne la sens pas sereine à 100 % mais les prochains jours vont être déterminants. Aux entraînements, soit ses premières sensations seront bonnes et vont faire que ça va continuer, soit il va falloir gérer ! » La note de difficulté de départ pas encore tranchée La question sur la difficulté du programme que Derwael va choisir aux barres asymétriques n’a pas encore été tranchée. Elle optera pour une note de départ de 6.7 (plus ardue mais rapportant plus de points en cas de réussite) ou de 6.5 (plus sécurisante). « On décidera au dernier moment après l’entraînement sur podium ; tout dépendra de la qualité de son entraînement », ajoute Heuls. « Ce qui compte, c’est la note finale. » Une chose est sûre, le clan belge ne décidera rien en fonction de la concurrence et des programmes de ses adversaires. « On regarde un petit peu, mais ce n’est pas ce qui détermine notre choix et notre stratégie. Ce sera vraiment Nina contre Nina », insiste son entraîneur. « Soit elle se sent bien sur l’exercice et son exécution et elle est en confiance, ou elle ne l’est pas. En général, on décide ensemble… mais elle écoute beaucoup mon avis ! »

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