Les mille et une merveilles du patrimoine culturel chinois
La 44ème session du Comité du Patrimoine Mondial organisée par l'UNESCO a lieu du 16 au 31 juillet à Fuzhou en Chine. Si le grand public connaît les grands monuments et sites naturels exceptionnels chinois, une grande partie du patrimoine culturel du pays demeure injustement méconnue. CGTN-Français propose une série documentaire intitulée « Empreinte Historique » pour mettre en lumière le travail d'artisans passionnés, des techniques centenaires et des lieux magnifiques considérés comme des trésors nationaux.

Depuis sa création en 1977, le rôle du Comité du Patrimoine Mondial de l'UNESCO est de faire un état des lieux complet de l'état de conservation du patrimoine mondial, d'établir une liste des biens en péril et de concevoir une stratégie globale pour une liste équilibrée et représentative de ce patrimoine. En 2019 à Bakou, la Chine a vu deux nouveaux sites inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO : les sanctuaires d'oiseaux migrateurs le long du littoral de la Mer Jaune et les ruines archéologiques de l'ancienne ville de Liangzhu dans la province du Zhejiang, berceau d'une culture néolithique extrêmement raffinée, connue notamment pour son travail du jade. La Chine compte aujourd'hui 55 sites inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO : 37 sites culturels – dont la Grande Muraille, inscrite en 1987 -, 14 sites naturels et 4 sites mixtes. 60 autres candidats sont sur liste d'attente.
Les arts traditionnels à l'honneur
Ce ne sont pas des « célébrités » touristiques comme le Temple du Ciel à Beijing ou les pentes embrumées du mont Taishan que CGTN-Français a choisies de mettre à l'honneur dans les 18 épisodes d'« Empreinte Historique ». La chaîne a tenu à rendre hommage au patrimoine culturel chinois et à ceux qui dédient leur vie à le perpétuer et l'enseigner aux jeunes.
Qui, en effet, a déjà entendu parler de la peinture Dongba ?
De l'instrument de musique guqin, (https://youtu.be/hOkEGfDQRRk) ou encore des marionnettes de Zhangzhou ? (https://youtu.be/_lTbr9Jq8WE)
Ces arts font pourtant vivre des centaines de personnes et rivalisent de beauté et d'originalité. Les broderies de l'atelier de Chen Yinghua, spécialisée dans la broderie de Suzhou depuis 30 ans, sont à couper le souffle. Outre les motifs mythologiques et historiques traditionnels, elles représentent aussi des phénomènes naturels observés au télescope comme des aurores boréales, des ciels étoilés et autres splendeurs astronomiques. Le résultat est bluffant : on croirait des photos. Pour Mme Chen, « c'est l'alliance d'une technique artisanale ancestrale et de la technologie moderne ». C'est aussi la nature et les œuvres de son mari, peintre de son état, qui inspirent Wu Xiaoping, héritière de la broderie de Yangzhou et qui a voulu reproduire les vagues de la mer après avoir vu une toile de Ma Yuan dans une monographie. Le rendu est d'une délicatesse indescriptible, et pour cause : elle n'utilise souvent qu'un quart de fil pour travailler – et peut aller jusqu'à 1/64ème du fil pour certaines œuvres. Mme Wu affirme que son travail la rend parfaitement heureuse, et que la tranquillité de son atelier lui fait oublier tous ses soucis. (https://youtu.be/ts8M9TKY_7U)
Et il serait faux de croire que la broderie, en Chine, n'est qu'une affaire de femmes : le documentaire nous présente le travail remarquable de Zhou Shuangxi, héritier de l'art du brocart de Nanjing. On l'ignore, mais les motifs de nuages et de dragons de ce brocart ont défilé sur les podiums des semaines de la mode et peuvent très bien s'intégrer dans un cadre contemporain. (https://youtu.be/wpsu-9SQVmg)
Le défi de la transmission
La beauté et l'originalité ne font pas tout. Il faut pouvoir trouver des jeunes gens passionnés et volontaires pour assurer la transmission d'arts parfois pluricentenaires. C'est aussi une des missions du Comité du Patrimoine Mondial de l'UNESCO : s'assurer que les trésors culturels d'un pays ou d'une région ne disparaissent pas. Dans le cas du brocart de Nanjing, la formation d'un brodeur prend une dizaine d'années et M. Zhou est réaliste : il sait qu'il sera de plus en plus difficile de trouver des jeunes prêts à reprendre le flambeau. La modernisation des techniques de travail pourrait être une solution. Certains artisans sont très organisés : ils ont créé de petites écoles et formé des enseignants. C'est le cas de He Runyuan, héritier de la peinture Dongba dans la ville touristique de Lijiang dans la province du Yunnan, inscrite depuis 1997 au patrimoine mondial de l'UNESCO. Cette peinture tout à fait étonnante et colorée, qui fait penser à certaines œuvres de Picasso ou de Chagall, il refuse de la voir mourir. Il est confiant dans l'avenir de cette peinture, car il estime que « son pays attache beaucoup d'importance aux cultures ethniques et au patrimoine culturel immatériel ».
Miser sur la conservation
Pour les monuments, le plus grand défi est sans doute celui de la conservation. Le documentaire en montre un bon exemple avec le Temple de la Longévité que l'on surnomme aussi la « Petite Cité Interdite » de l'ouest de Beijing. Les structures en bois bariolées sont particulièrement vulnérables aux intempéries et nécessitent des travaux de restauration tous les dix ou vingt ans. La conservatrice du musée d'Art de Beijing dont dépend le Temple de la Longévité, Wang Dan, explique que restaurer ne veut pas forcément dire repeindre ou rénover. Là où la peinture tient encore, il faut trouver des moyens de la conserver telle quelle plutôt que de repasser des couches de couleur. Et ces techniques de conservation demandent du temps, du savoir-faire et de l'argent. Parfois, les travaux de restauration permettent aussi de faire des découvertes : lors de l'installation d'un tuyau d'évacuation sous terre, une grande pierre blanche sculptée de motifs délicats de fleurs et de vagues datant de la fin de la dynastie Ming a été mise au jour et placée sur l'un des perrons du temple. Pour Mme Wang, le travail de restauration consiste à « laisser le patrimoine tel qu'il est. Il ne s'agit pas de laisser libre cours à sa créativité, ou d'ajouter quoi que ce soit ». (https://youtu.be/X4h_59XAF-M)
Il reste bien d'autres merveilles culturelles chinoises et d'autres portraits d'artisans à découvrir dans « Empreinte Historique ». Ce documentaire est la preuve que tant qu'il y a de la passion, le patrimoine culturel chinois ne disparaîtra pas. Il a traversé les siècles, et grâce aux actions d'organisations comme l'UNESCO, il a encore de très beaux jours devant lui.