Standard: Al Dakhil n’est pas sans défense

Si Nathan Ngoy (18 ans) avait refermé le championnat 2020-2021 en fêtant sa première titularisation, le 22 mai dernier face à Ostende, Ameen Al Dakhil, de quinze mois son aîné, pourrait lancer la saison 2021-2022 vendredi contre Genk en revêtant pour la première fois le maillot de l’équipe première du Standard en match officiel. C’est que dans la lutte, tout amicale, qui oppose ces jeunes joueurs, passés tous les deux par Anderlecht, le deuxième semble avoir pris durant la période de préparation un léger avantage. Au nombre de minutes jouées (334 contre 229), mais aussi parce que c’est lui que Mbaye Leye avait titularisé samedi dernier contre Rennes, lors de la répétition générale, entre Moussa Sissako et Kostas Laifis au sein d’une défense à trois, ou à cinq, qu’il affectionne particulièrement. Derrière Ameen Al Dakhil, né en Irak, à Bagdad, se cachent une histoire très forte et un parcours étonnant. C’est à cinq ans que le gamin débarque en Belgique, avec ses parents, laborantins de profession, son frère et ses deux sœurs, pour s’établir dans la région de Saint-Trond, où vit sa grand-mère paternelle. Sa scolarité se passe en néerlandais, dans une langue qu’il maîtrise vite parfaitement, autant que le français, l’anglais et l’arabe. Ses débuts balle au pied, il les fait à Hoeleden, un petit club du Brabant flamand, puis à Hoegaarden et Tirlemont avant de forcer un test à Anderlecht. Concluant. Direction le Heysel pour évoluer avec les provinciaux et inscrire au passage plus de 60 buts. Parce qu’Ameen Al Dakhil évolue alors comme numéro 10 ou comme attaquant, positions qu’il conserve lorsqu’il bascule à Neerpede, dans le projet élites, où il restera jusqu’en U15, au moment de rejoindre le Standard. Un profil de défenseur « Il pouvait rester à Anderlecht, où il n’était pas mis à la porte, mais on ne lui laissait pas entendre qu’il faisait partie des priorités, comme Sambi Lokonga, Verschaeren et Bornauw », explique Thierry Verjans, l’ancien directeur sportif de l’Académie, qui a joué un rôle essentiel dans le recrutement d’Al Dakhil et l’a au final reconverti en… défenseur central. « Je pensais qu’il aurait plus de chances de devenir pro en évoluant dans le cœur de la défense », dit-il encore. « Il a le profil adéquat : il est grand, intelligent, possède une bonne lecture du jeu et un bon placement et parvient souvent à trouver la solution lorsqu’il est sous pression. Mais à la base, c’est un joueur créatif, de par son intelligence de jeu. » Et son intelligence tout court, tant Ameen Al Dakhil est quelqu’un qui réfléchit beaucoup et est de ces joueurs qui savent se regarder correctement dans le miroir, sans apparaître plus beaux qu’ils ne le sont. « Il intellectualise parfois un peu trop et est toujours dans la réflexion, alors qu’il faut parfois jouer à l’instinct », indique Thierry Verjans, qui dit apprécier énormément la mentalité du jeune Belgo-Irakien, qui bénéficie d’un contrat jeune qui arrivera à échéance en juin 2022. « Je suis content de ce qui lui arrive, parce qu’il est simple et qu’il a les pieds sur terre. Ce n’est pas un prétentieux, ni un opportuniste, mais quelqu’un qui écoute les conseils… » Comme celui que lui a donné, samedi contre Rennes, Benjamin Nicaise, qui lui a expliqué, après son exclusion pour deux cartes jaunes et deux fautes identiques, qu’il n’y avait pas lieu, à 3-0, de retenir son adversaire par le bras et de commettre l’irréparable. « Je sais que les jeunes vont commettre des erreurs, alors autant que ce soit dans un match amical », avait glissé Mbaye Leye qui, s’il opte vendredi contre Genk pour une animation à cinq derrière, pourrait être tenté de faire confiance à Ameen Al Dakhil, dont le passing long (c’est sans doute pour cela qu’il évolue au poste du milieu, à gauche de Sissako et à droite de Laifis), le jeu de tête et la vision du jeu lui plaisent. « Là où il doit le plus progresser, c’est dans la réactivité, la vitesse d’exécution », conclut Thierry Verjans. « C’est le problème des joueurs de grande taille, qui donnent souvent l’impression d’être lents. Mais Ameen compense cela par son excellente lecture du jeu… »

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