Moussa Sissako se confie avant d’affronter Genk: «Les valeurs du Standard sont aussi les miennes»

Le Franco-Malien est devenu aujourd’hui, à 20 ans seulement, un titulaire en puissance dans la défense du Standard. Peut-on dire que le grand bénéficiaire du mercato d’été, jusqu’ici, c’est vous ? Dans quel sens ? Parce que Vanheusden n’est plus là… C’est sûr que c’est une place qui se libère dans le secteur défensif, mais ce n’est pas pour autant que je suis devenu un titulaire incontournable Il ne faut jamais croire que tout est acquis mais il faut au contraire continuer plus encore pour ne pas perdre sa place et pour continuer à grandir. [scald=28292534:sdl_editor_representation] C’est en février dernier qu’on vous a découvert. Vous attendiez-vous à effectuer vos débuts plus tôt, sous la direction de Philippe Montanier ? Je l’aurais espéré et cela aurait peut-être été le cas sans cette opération au cinquième métatarse du pied droit, qui a mis un terme à ma préparation estivale et m’a empêché de commencer la saison. Je pensais pouvoir récupérer plus rapidement, mais ce n’est qu’à la fin du mois de novembre 2020 que j’ai été complètement prêt, sur tous les plans. Comment êtes-vous arrivé au Standard en janvier 2020 ? Quand on est au Paris SG, on n’a pas envie d’y rester ? Pas forcément. Combien de fois ne m’a-t-on pas posé cette question : mais qu’es-tu donc venu faire au Standard ? Au PSG, j’étais entre les Espoirs et les pros, avec pour terrains de jeu la Youth League et la Nationale 2, l’équivalent de la division 4, où les Espoirs évoluaient. Footballistiquement, en termes de qualité, c’était mieux de jouer la Youth League, mais la Nationale 2 me permettait d’affronter des hommes, parfois bien plus âgés que moi. Cela étant, à partir d’un moment, on ne progresse plus. C’est pour ça que je suis venu au Standard, où on m’offrait l’occasion d’être professionnel et de grandir au sein du noyau A. Cela m’a tout de suite intéressé, d’autant que je connaissais ce club pour l’avoir affronté à plusieurs reprises chez les jeunes avec le PSG. Je savais donc où je mettais les pieds. Cela me permettait aussi de rester près de Paris, où ma famille vit toujours, et dans un club où on parle français, ce qui était à mes yeux un critère non négligeable. Votre jeunesse à Paris, c’était quoi ? On habitait à Genneviliers, dans le 92, où j’ai grandi. Même si, dans les faits, j’ai passé bien plus de temps au centre de formation du PSG, que j’ai fréquenté de 13 à 17 ans. C’était football le matin et école l’après-midi, au Camp des Loges puisque ce sont les profs qui s’y déplaçaient pour donner cours, par classes de huit. Je ne rentrais à la maison que les week-ends. Si cela a été plus compliqué pour ma mère que pour moi, parce que c’est ce que je voulais, cela m’a fait grandir et mûrir plus vite. Quand tu es là, tu n’as pas réellement de jeunesse parce que tu dois être concentré sur le football à 100 %. Et sur les études ? Oui, c’était important. J’ai eu le Bac (baccalauréat) à 18 ans, en sciences, technique, management et gestion. Un diplôme qui permet de devenir banquier ou comptable, bref une profession mais je n’exercerai sans doute jamais. Mais je voulais l’avoir. Alors que j’apprêtais à passer le Bac, j’ai reçu une convocation pour rejoindre les U18 de l’équipe de France, alors que je n’avais plus été appelé en équipe nationale depuis deux ans, en U16, mais j’ai décliné l’invitation. Je n’avais pas fait tout ce parcours scolaire pour tout arrêter à une semaine du but. Je ne regrette pas du tout, parce qu’au final j’ai eu mon diplôme. J’aurais sans doute regretté si je ne l’avais pas eu (rires). Avez-vous eu une enfance heureuse ? Oui, simple et heureuse. Je suis l’avant dernier d’une grande famille, avec trois frères et une sœur qui m’ont toujours pris sous leurs ailes. L’aîné a été footballeur professionnel à Chypre, mais a arrêté sa carrière. Il s’occupe aujourd’hui de la mienne et de celle d’Adboulaye, qui a été formé à Auxerre et évolue à Zulte Waregem. Avec lui, on est fusionnel : c’est mon frère, de deux ans plus âgé que moi, mais aussi mon ami. On est bien dès qu’on est ensemble. Votre formation s’est résumée à Paris ? Oui. Au Racing d’abord, qui au départ était le club de Paris, avec les fameuses couleurs ciel et blanc. J’y ai joué de 5 à 12 ans avant de rejoindre le PSG. Pas de regret de ne pas y avoir percé ? C’est sûr que c’est le club de ma ville, mais ce n’est pas un gros regret non plus. Le plus important, c’était de réussir dans le football, de mener une carrière professionnelle, peu importe le chemin à prendre. Lors de ces dernières années, le PSG sorti Kimpembe, Rabiot, Nkunku, Diaby qui est à Leverkusen. Il y a peu d’élus… Vous êtes Franco-Malien, né à Clichy. Vous sentez-vous davantage Français ou Malien ? Autant l’un que l’autre. Mes parents sont Maliens d’origine et m’ont inculqué les valeurs des deux pays. Le respect, l’éducation, la discipline. Je pars toujours du principe qu’on doit véhiculer une certaine image parce qu’on représente nos parents, nos valeurs, notre pays. Si je fais quelque chose de travers, c’est toute la famille qui en pâtit. Je suis très sensible à cela. Avez-vous déjà mis les pieds au Mali ? Une fois, tout petit, mais je ne me rappelle plus vraiment. J’y retournerai dès que possible, lorsque la situation sanitaire le permettra pleinement. J’ai trop envie de saluer mes grands-parents qui, la dernière fois qu’on s’est vu, étaient venus à Paris, il y a deux ans déjà. Devenir international malien, vous y pensez ? C’est sûr. Devenir international tout court, c’est plaisant, ça change beaucoup de choses. J’y pense, comme tout footballeur qui a l’ambition de jouer de grandes compétitions. Parlons un peu du Standard. Comment voyez-vous la saison qui débute ? Bruno Venanzi parle d’une place dans le top 4. Est-ce réaliste ? Bien sûr que c’est réaliste. Le Standard, qui est et reste un grand club en Belgique, se doit d’ambitionner le top 4, en tout cas de jouer l’Europe. La saison dernière, Hugo (Siquet), Nico (Raskin), Damjan (Pävlovic) et moi-même, on était tous sur notre première année. On a donc appris. Ici, on doit montrer qu’on est capable de hausser le niveau. Beaucoup ne voient même pas le Standard accrocher les playoffs 2… Je leur réponds que c’est à la fin du bal qu’on paye les musiciens (sic). Jusqu’ici, le Standard s’est déforcé. D’accord ? Oui, parce qu’avec les départs de Mickey Balikwisha et Zinho Vanheusden, on a perdu deux joueurs de grande qualité, mais Dragus n’était pas avec nous. C’est un renfort. Pour moi, c’est un top joueur. Ce vendredi, le Standard lance le championnat face à Genk. Pour vous, ce sera une première avec public, même s’il sera restreint… Cela ne va rien changer à mon football. Cela va faire plaisir de retrouver un stade avec de l’ambiance et des supporters qui te donnent une force supplémentaire et te poussent. À l’inverse, cela peut aussi gronder si l’équipe n’est pas à la hauteur… Cela fait partie du football. Si je n’étais pas prêt à cela, j’aurais fait autre chose. Donc il va falloir que je m’adapte, tout simplement. Je vais faire en sorte qu’on ne me siffle pas (rires). J’ai déjà joué dans un stade rempli, avec le PSG dans un match amical à Singapour, ce n’était pas mal. Sur un plan plus personnel, qu’attendez-vous du championnat qui débute ? Je veux réaliser une saison pleine. J’ai disputé un peu moins de 15 matches la saison dernière (NDLR : 12 exactement), c’est le moment d’en jouer trente, de confirmer, de performer sur une longue durée, ce qui est toujours plus difficile. Ce sera un beau challenge. Il va falloir montrer que je peux être bon trente matches d’affilée. La priorité que je me suis fixée, c’est de rester concentré tout le temps et surtout de rester humble, de ne pas me prendre pour quelqu’un d’autre. Planer est un danger qui guette tout footballeur. Quand je me promène en rue et qu’on me reconnaît, cela fait plaisir, mais il faut garder les pieds sur terre. Et continuer à travailler pour continuer à être bon. Pour moi, c’est simple parce que j’ai grandi au sein d’une famille où on m’a sans cesse répété qu’il était essentiel de rester les pieds sur terre. Votre statut a-t-il changé ? Il faut demander ça à mes équipiers. Là, j’en suis à ma troisième saison dans le groupe pro du Standard. Me concernant, ma relation avec les autres n’a pas changé et eux n’ont pas changé non plus avec moi. C’est compliqué de porter le maillot du Standard ? Pas du tout. Le Standard véhicule des valeurs qui sont les miennes et qui font qu’entre nous, ça matche. Passion, fierté, ferveur, ce sont des mots qui ont été couchés sur nos maillots et qui me parlent, même si ce ne sont pas exactement ceux que j’utilise. C’est plutôt travail, engagement, implication. Quand on parle de Genk, on pense à la carte rouge que vous prenez en fin de match, lors de la finale perdue de Coupe de Belgique. Cela reste-il un souvenir douloureux ? J’ai très mal vécu ce moment, je l’avoue, parce que j’ai eu le sentiment, jamais éprouvé jusque-là, d’abandonner mes équipiers. Peut-être aurait-on pu, à onze, encore tenter quelque chose pour arracher les prolongations. Il m’a fallu plus d’une semaine pour m’en remettre et arrêter d’y penser. C’était de la frustration. Sur le terrain, Bongonda nous narguait et je l’ai envoyé au tapis. Ce que je regrette, c’est ma réaction après la carte rouge. J’étais très énervé. J’ai renvoyé une image qui ne me correspond pas. J’en ai discuté avec Mbaye Leye quelques jours après, le temps que la pression redescende, et il a confirmé tout ce que je pensais. La faute, ça peut arriver, mais pas la réaction que j’ai eue dans la foulée. Allez-vous apprendre de cette erreur ? J’ai déjà appris. Ce dont je suis sûr, c’est que ce type de réaction ne se reproduira plus. Mais je ne peux évidemment pas garantir que je ne prendrai plus de carte rouge (rires). Quel est votre plan de carrière ? Je n’en ai pas vraiment. Je me fixe des objectifs au départ de chaque saison. Ici, c’est d’être titulaire et d’être performant sur la longueur. Quand je dors, je rêve du Real et de Sergio Ramos, mon défenseur préféré, même si je continue à supporter le PSG.

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