Standard: les Rouches vont repartir d’une page blanche, ou presque

L’équipe liégeoise a aussi payé cash l’absence de ses supporters, même s’il est tout aussi clair qu’en présence de son fervent, mais difficile public, la situation aurait sans doute été bien plus compliquée encore à vivre. Deux mois auront-ils été suffisants pour panser les plaies et rendre au Standard ses valeurs ? Premiers éléments de réponse ce vendredi soir à l’issue du match inaugural face à Genk. 1 Ambitions : le Standardest une équation à plusieurs inconnues À Sclessin, on a décidé de repartir d’une page blanche, ou presque, à l’heure d’aborder une saison qui, faute d’Europe, ne comptera au maximum que 47 matches, et de se lancer dans le projet de reconstruction initié par Mbaye Leye et sa direction, avec l’accent porté sur la mentalité, l’implication et le sens du collectif. Sans savoir où ce mixte entre « cadres positifs » et « jeunes de qualité », dicté par des finances très fragiles, mènera. Car l’équipe liégeoise est , jusqu’ici, moins compétitive et qualitative sur le papier, avec les départs de Vanheusden et Balikwisha, que celle qui avait clôturé avec des pieds de plomb l’exercice précédent. Le président Bruno Venanzi a beau affirmer qu’un club comme le Standard se doit de jouer les playoffs 1 chaque année, ce qu’il a du reste confirmé le 22 mai devant la Famille des Rouches en évoquant ouvertement une qualification pour le top 4, le réalisme s’impose face à une concurrence de plus en plus féroce et de plus en plus importante. « Une saison de transition ne signifie pas qu’on n’aura pas d’ambition », répète inlassablement Mbaye Leye, qui va être confronté à un début de championnat tout en muscle (contre Genk, à Zulte Waregem, contre l’Antwerp, au Beerschot, contre Ostende, à l’Union), qui pourrait rapidement conditionner le reste de la saison. Le Standard version 2021-2022, c’est assurément une équation à plusieurs inconnues, tant les questions n’ont ans doute jamais été aussi nombreuses à Sclessin. Les cadors vont-ils retrouver un niveau de jeu digne de ce nom ? Les jeunes joueurs, lancés en nombre dans l’arène, parviendront-ils à gérer la pression que le public, de retour au stade, fera peser si les choses n’évoluent pas dans le bon sens ? À la fin du mois d’août, le Standard sortira-il renforcé d’un mercato estival plus que jamais dicté par une situation d’urgence financière ? 2 Finances : la priorité, c’est d’alléger la masse salariale C’est devenu, en bord de Meuse, le sujet de préoccupation numéro 1. À l’été 2019, désireux de pouvoir concurrencer le FC Bruges, le Standard, pris dans une sorte de folie des grandeurs, avait cassé sa tirelire. Douze joueurs avaient débarqué, sous forme de prêts ou de transferts définitifs. « On a investi énormément, comme jamais, dans l’achat de joueurs », regrette aujourd’hui Bruno Venanzi. « Plus de 20 millions… » Si le dossier de Vanheusden a permis de dégager une plus-value de 4 millions et si le passage de Vojvoda à Torino a rapporté un peu plus de 4,5 millions (en décomptant les 15 % revenant à Mouscron), les arrivées de Milinkovic-Savic, Limbombe, Boljevic, Oulare et Avenatti, pour ne citer que ces exemples-là, se sont avéré être des flops retentissants. À un point tel que deux ans plus tard, le Standard compte ses sous et a fait de l’assainissement de sa masse salariale, grimpée à 38 millions d’euros, sa priorité absolue. Quitte, dans plusieurs dossiers, à s’asseoir sur sa mise de départ. C’est le cas de celui d’Oulare, cédé à Barnsley contre un simple pourcentage à la revente et des bonus liés à ses performances futures, alors qu’il avait coûté 3 millions. C’est le cas aussi d’Avenatti, que l’Union pourra acquérir dans dix mois pour 1,5 million, si l’Uruguayen, attiré à Liège contre un chèque de 3,5 millions, donne satisfaction. Si, à l’heure d’entrer dans le championnat 2021-2022, la masse salariale a déjà été allégée d’importance, le Standard se bat toujours contre une situation financière critique qui ne lui permet plus de lutter à armes égales avec ses rivaux ancestraux et lui impose des choix irrationnels. Comme celui de vendre pour 6 millions Balikwisha à l’Antwerp (avant peut-être Siquet à Lille), là où Anderlecht a profité sportivement pendant trois ans des services de Sambi Lokonga, avant de le céder pour une vingtaine de millions à Arsenal. 3 Infrastructures : un loyer colossal à payer lorsque le stade sera modernisé La modernisation et l’extension du stade de Sclessin, c’est le projet que porte depuis de longs mois, Bruno Venanzi, qui pilote l’Immobilière du Standard de Liège. Pour rappel, celle-ci a racheté, par le biais d’un droit de superficie, le stade pour une période 40 ans, ce qui signifie que le Standard n’en redeviendra propriétaire qu’à l’horizon 2060. Concrètement, les travaux, qui dureront trois ans, débuteront en plein cœur de cette première moitié de saison, début novembre en principe, alors que les chantiers plus importants sont programmés en début d’année 2022. Dont coût, 100 millions d’euros (11 pour le foncier, 65 pour le stade et l’esplanade, 27 pour les bureaux et 10 pour les soft costs, les frais de prescription urbanistique). Quant au loyer que le Standard devra payer, il devrait être de 5 à 6 millions par an, dès que les travaux seront terminés, ce qui constitue une charge exorbitante. « Mais l’actionnariat du Standard s’y retrouvera grâce aux nouveaux revenus qui seront dégagés par ces nouvelles infrastructures », estime le président du club liégeois, qui fait référence à une capacité augmentée (31.500 places au lieu de 27.700 aujourd’hui) et à une offre VIP plus importante. En sachant que pour attirer du monde et espérer remplir à chaque match le stade de Sclessin, le Standard devra jouer le titre, ce qui, dans le contexte actuel, n’est pas nécessairement gagné.

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