Coronavirus: malgré le variant delta, la Grèce tente de sauver sa saison touristique

Tout est prêt. Les tables sont dressées et les bougies allumées. Il y a comme un vent de renouveau sur l’île de Paros, dans les Cyclades grecques. Et pour cause : le pays a tout fait pour pouvoir accueillir les touristes cette année. Il a été l’un des premiers à confirmer son enthousiasme pour le Certificat covid européen et à annoncer l’ouverture de ses frontières au plus grand nombre. Mais c’était sans compter le variant delta, qui a gagné du terrain dans le pays. [scald=28319687:sdl_editor_representation] Pourtant, les Grecs y ont cru. A partir du mois de mai, les contaminations se sont mises à diminuer, passant de 3.172 le 11 mai à 235 le 27 juin. Ils se croyaient prêts pour la saison touristique. Mais depuis début juillet, les chiffres se sont affolés. Dans les îles et villes touristiques du pays, des hôtels ont été mis à disposition afin d’« accueillir les touristes diagnostiqués avec le covid pendant leurs vacances en Grèce », mais certains endroits ont dû faire face à des pénuries de chambres. « Nous avons deux hôtels de quarantaines sur l’île. Le premier est rempli, il a donc fallu en trouver un deuxième. Si celui-ci devient complet aussi, la situation va être plus compliquée », explique Marouso Melanitou, propriétaire de l’hôtel Akteon à Logaras (Paros). Le gouvernement de Mitsotákis a d’ailleurs annoncé des mesures plus strictes le 13 juillet dernier (lire ci-dessous). Cap sur les îles Sur l’île de Paros, le tourisme a repris. Les masques étaient tombés, pour laisser place aux lunettes de soleil. Mais la tendance s’est vite inversée. Pourtant, sur place, les professionnels qui sont en contact avec les touristes prennent toutes les précautions : gel hydroalcoolique, port du masque, espacement entre les tables… Tout y est. Surtout que les Cyclades représentent une partie importante du tourisme, tout comme les autres îles grecques. [scald=28319689:sdl_editor_representation] « Le consommateur qui hésitait à planifier ses vacances – avec les chiffres covid – a opté principalement pour les îles car l’accès y est contrôlable », explique Piet Demeyere, porte-parole de TUI Belgium. « Quand la situation de l’Espagne a commencé à être problématique, la Grèce en a carrément profité. Pour nous, la Grèce est depuis des semaines la destination numéro 1, surtout les îles de Crète, Rhodes et Kos qui figurent dans le top 5 des destinations les plus réservées. » Le gouvernement grec avait d’ailleurs annoncé que les habitants des îles et tous ceux qui y travaillent pendant la saison touristique seraient vaccinés pour l’été, tentant une campagne rassurante pour inciter les touristes à voyager en sécurité, ce qui semble avoir porté ses fruits. « Les touristes sont revenus, ils dépensent peut-être un peu moins par peur d’un avenir incertain, mais ils sont revenus », se réjouit Michel Berkis, qui tient un magasin à Parikia (Paros). Et il n’y a pas que l’aspect financier, la Grèce, c’est aussi un état d’esprit. « Cela nous procure une grande joie de retravailler. Il ne s’agit pas seulement de l’aspect financier. Nous sommes heureux de rencontrer des gens, de les voir se promener. […] Nous avons beaucoup de clients et je pense que cela va continuer. J’espère qu’ils seront prudents et que les incidents ne se multiplieront pas afin que nous puissions continuer à fonctionner normalement. Je pense que tout se passera bien et que nous ferons une bonne saison », positive Piotr Telta propriétaire du restaurant Soso à Naoussa (Paros). Le covid essaye de s’installer Malheureusement, les déplacements de population sont une opportunité pour ce virus. Une des îles des Cyclades les plus touchées est Mykonos, très réputée pour sa vie nocturne. Ces dernières semaines, les journaux grecs ne cessent de rappeler la dure réalité de cette île paradisiaque : « Mykonos, du champion des vaccinations au mini-lockdown » (Proto Thema) ou encore « Mykonos : le chaos des annulations dans les hôtels » (I Kathimerini). L’île avait dû instaurer un couvre-feu entre 1 h et 6 h du matin, mais celui-ci n’a été d’application qu’une semaine. Les îles à l’architecture bleu et blanc sont très touristiques. « Mon avis est qu’il n’y aura pas de lockdown à Paros. A Mykonos, ils ont déjà retiré le couvre-feu, je ne pense pas qu’ils vont en instaurer un ici. Il y a trop d’enjeux économiques », déclare Michel Bekris. Pourtant, certaines régions touristiques sont passées au rouge sur la carte européenne pour les voyages à l’étranger : l’Egée méridionale (les Cyclades : Paros, Mykonos, Santorin, etc.), l’Attique (région d’Athènes) et la Crète notamment. [scald=28319688:sdl_editor_representation] A côté des îles aux plages paradisiaques, la Grèce a deux grandes villes principales : Athènes et Thessalonique. Dans les îles, les touristes sont revenus mais sur le continent, ce n’est pas tout à fait la même chose. « L’année 2020 a été très difficile pour le secteur de la restauration et les entreprises qui ont un lien direct et indirect avec le tourisme. En 2021, nous constatons de petites différences par rapport à 2020, mais il est clair qu’il n’y a pas de retour à l’ère pré-covid », explique Stefanos Kaloterakis, directeur général des restaurants Zythos à Thessalonique. « Mais nous constatons que les touristes réagissent positivement lorsqu’ils savent que dans nos lieux de restauration, nous suivons tous les protocoles et qu’un climat de confiance est créé, ce qui est très important. » Une source vitale pour le pays Le tourisme, la Grèce en a besoin. Depuis 2017, il y a un peu plus de 30 millions de touristes chaque année qui se rendent dans le pays, mais ce nombre a diminué l’année passée à cause de la crise du covid. « En 2020, les voyages entrants ont diminué de 76,5 % et se sont établis à 7,375 millions de voyageurs », peut-on lire dans un rapport de l’Insete (Institute of the Greek Tourism Confederation). Car si on regarde les chiffres, l’année 2019, c’était « une contribution à l’emploi de 360.000 personnes » et « des recettes de 19 milliards d’euros » pour le pays d’Alexandre le Grand. Les Grecs attendaient donc cette année avec impatience pour relancer une partie de leur économie, toujours fragilisée par la crise qu’a connue le pays. Depuis longtemps, près d’un quart du PIB de l’Etat dépend du tourisme. « Sa contribution économique correspond à 12,5 % du PIB du pays, tandis que si l’on tient compte de sa contribution indirecte, elle se situe entre 27,5 % et 33,1 % », indique une autre étude de l’Insete pour l’année 2019. Tous ces chiffres expliquent pourquoi l’Etat a du mal à prendre des mesures fortes. A Mykonos, le gouvernement était face au mur, mais la situation reste fragile dans d’autres lieux touristiques. « C’est une industrie qui donne du travail à beaucoup de personnes et le PIB dépend aussi fortement de l’économie touristique. Si nous n’avons pas de mesures type “lockdown”, ce sera une bonne saison », conclut Marouso Melanitou. Le gouvernement du Premier ministre Kyriákos Mitsotákis le sait et il n’a pas le choix, il doit instaurer un minimum de contraintes au secteur du tourisme, tout en garantissant la sécurité de tous. Toujours cet équilibre entre survie de l’économie et sécurité sanitaire…

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