Grégory Wathelet: «Les jeunes cavaliers qui arrivent sont très prometteurs!»

La finale du concours de saut d’obstacles par équipe débutera ce soir à 19 heures à Tokyo ; à midi en Belgique. Le trio qui a qualifié l’équipe en 2e position derrière la Suède vendredi soir sera reconduit : Pieter Devos (Claire Z) partira 9e, Jérôme Guéry (Quel Homme de Hus) 19e et Grégory Wathelet (Nevados S) 29e et avant-dernier à l’assaut du parcours tracé dans le majestueux Equestrian Park de Tokyo. Alors qu’elle voit dans cette compétition une nouvelle opportunité de médaille, la délégation belge suivre ce concours de près, en espérant que celui-ci ne sera pas trop perturbé par la pluie. Alors qu’il avait disputé les Jeux de Londres mais n’avait pas été repris au sein de l’équipe envoyée à Rio (où Guéry avait participé au seul concours individuel), Grégory Wathelet (40 ans) apparaît comme le leader de l’équipe belge avec Claire Z. Depuis Londres il incarne aussi la transition qui s’est opérée entre l’ancienne et la nouvelle génération de cavaliers dont les meilleurs éléments sont engagés sur ces Jeux (n’oublions pas Niels Bruyneels qui, engagé dans le trio de base, a été remplacé par Pieter Devos après avoir raté son concours individuel). Avant même de prendre la direction de Tokyo, Grégory Wathelet – devenu papa d’un petit Théo, deux heures avant de monter dans l’avion la semaine dernière – nous a éclairé sur l’émergence de cette nouvelle génération, ainsi que sur certains aspects de la vie de cavalier de concours professionnel, qui est loin d’être un long fleuve tranquille… Grégory, quand la sélection a été annoncée avant le départ à Rio – et avant donc qu’Yves Vanderhasselt, initialement désigné comme réserviste, ne soit… remplacé à son tour par Pieter Devos –, vous avez notamment désigné cette sélection comme composée de cavaliers « froids », pouvez-vous nous en dire plus ? Par « froids », je veux dire « calmes ». En effet, la pression qui pèse sur les cavaliers dans le cadre des Jeux est tout de même encore plus intense aux Jeux que partout ailleurs. Et a fortiori dans le cadre du concours par équipe. C’est donc bien d’avoir affaire à des cavaliers qui supportent bien la pression. Au moment de tirer les penaltys dans une grande compétition, on peut imaginer que Lukaku sera plus serein que Doku. Mais les deux sont certainement capables de marquer ! Cela renvoie un peu au travail délicat que Peter Weinberg a à faire au moment de la sélection ? Oui, et ce n’est jamais facile. Mais je dois dire que Peter fait ça très bien, lui aussi en restant « froid ». En toute circonstance : que l’on gagne ou que l’on perde, il reste d’humeur égale. Et surtout, il ose faire des choix, et il les assume. Avant l’Euro de Rotterdam que nous avons remporté en 2019, il avait notamment décidé de prendre Jérôme (Guéry) comme réserviste, en retenant le trio Wathelet-Bruynseels-Verlooy. Jérôme et moi avions quelque peu contesté ce choix, opéré au bénéfice de Jos Verlooy. Il se fait que Niels (Bruynseels, décidément peu verni) n’a finalement pas honoré sa sélection ; si bien que Jérôme a quand même fait partie du trio victorieux. Et à notre médaille d’or par équipe, Jos a finalement été le seul à conquérir une médaille (de bronze) en individuel. Peter Weinberg avait donc vu juste dans sa sélection… Pour Tokyo, certains s’étaient tout de même étonnés du choix de Vanderhasselt à la place de Devos ? Oui, et pourtant, en termes de résultats purs et enregistrés les dernières semaines avant cette sélection, il est indéniable qu’Yves avait signé de meilleurs résultats que Pieter. (NDLR : entre-temps, on sait que Pieter Devos a quand même été repris aux dépens de Vanderhasselt) Certains se sont étonnés aussi de la présence de deux Wallons dans le trio de base ? Oui, je sais, et ce début m’irrite un peu, car je peux vous affirmer qu’au sein de l’équipe nationale, il n’y a absolument pas la moindre question communautaire. Ceux-ci ont peut-être existé dans le passé, mais ce passé est révolu. Ce n’est même pas un sujet entre nous, cavaliers, et puis il faut dire que comme Peter est Allemand, cette question est très loin de le préoccuper. Lui, ce qu’il veut, c’est le meilleur trio du moment. On vous sent bien motivé. Pour de nombreuses années encore ? Beh, il y a une bonne année, je vous aurais sans doute répondu « oui », sans hésiter ! Mais il se fait que le covid est passé par là, et m’a permis de réfléchir à la question… Il est clair qu’on est dans une machine infernale ! Les gens ne s’en rendent sans doute pas compte, mais il faut savoir qu’on est parti en concours une cinquantaine de week-ends par an. Je ne me plains pas, le cheval est ma passion et c’est la vie que j’ai voulue. Mais je me suis rendu compte des sacrifices faits par le reste de la famille et ça prête à réfléchir, surtout avec la naissance du petit. La difficulté, c’est que ce sport coûte cher, et qu’il faut bien financer tout ça. Alors on a parfois peur de partir une semaine en vacances et de rater un concours, de peur de passer à côté d’un contact, d’un propriétaire, d’un bon résultat qui vous fera remonter au ranking. Bref, alors que le corona m’a offert cette opportunité de rester davantage à la maison, il est clair que ça fait réfléchir pour la suite… Place aux jeunes ? Il y a un peu de ça aussi. J’entraîne beaucoup de jeunes, et je peux vous dire qu’il y en a pas mal de tous bons qui sont en train d’arriver ! D’ailleurs, c’est amusant, mais si je suis resté quasi seul pendant une dizaine d’années (entre 2006 et 2015) pratiquement le seul belge dans le top 50 mondial, j’ai remarqué récemment qu’on était une demi-douzaine à nous y retrouver, et je ne suis pas le premier ! (rires) Donc, oui, place aux jeunes, car la nouvelle génération est prometteuse ! Mais cela ne veut pas dire que je vais arrêter. Je vais simplement voir dans quel ordre de priorité je vais placer certaines choses. Comme vous le disiez, il y a beaucoup d’argent qui circule en marge des concours hippiques. Et pas aux Jeux olympiques. Y participer reste malgré tout un must ? Oh, je crois qu’il suffit de voir combien la sélection suscite des convoitises ! Nous sommes tous hypermotivés par ces Jeux ! Et c’est la démonstration que pour le coup, on privilégie le sport à l’argent, même si celui-ci est effectivement important dans notre discipline, comme dans d’autres. Et puis l’association est très forte entre les anneaux olympiques et les concours hippiques. C’est la magie des Jeux !

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