Barys Haretski, journaliste exilé: «Ce 9 août, la majorité des équipes des médias auront quitté la Biélorussie»

Barys Haretski, vice-président de la BAJ (« Belarusian Association of Journalists ») est actuellement exilé dans un pays proche de la Biélorussie, qu’il a dû fuir à la suite des pressions et menaces du gouvernement. [scald=28337909:sdl_editor_representation] Vous avez dû fuir la Biélorussie. Qu’est-ce qui vous a décidé à partir ? La pression exercée sur notre organisation a commencé en février 2021, lorsque des perquisitions ont été effectuées dans les bureaux du siège de la BAJ et dans les domiciles de certains membres du personnel dont mon appartement. Ils ont confisqué tout le matériel : ordinateurs portables, téléphones, etc. Après, en juin et juillet, le ministre de la Justice a entamé le processus légal de liquidation de notre association : l’état veut priver BAJ de son statut légal. Les autorités ont juste inventé des raisons formelles. Tout peut être une raison pour commencer ce processus. Le 14 juillet, une autre vague de descentes de police et de perquisitions a eu lieu en Biélorussie. De nombreux membres d’organisations de défense des droits de l’homme et de la BAJ ont été perquisitionnés. Viasna, Centre des droits de l’homme, est la plus grande organisation de défense des droits humains biélorusses. Le 14 juillet, ils ont arrêté les dirigeants de Viasna. L’interprète qui est actuellement avec nous [pendant l’interview, NDLR], est la femme de l’un de ses dirigeants qui a été arrêté et est actuellement toujours en prison… Viasna était notre partenaire clé dans le domaine des droits de l’homme, nous coopérions beaucoup avec eux. Nous avons alors compris que nous devions partir parce qu’ils risquaient de nous priver de notre statut et également de nous mettre en prison. Vous sentez que la répression s’accélère ? Oui. La situation du centre des droits de l’homme de Viasna, de toutes les ONG biélorusses et de tous les médias en est un exemple frappant. Rien qu’en juillet, si vous prenez seulement la sphère des médias, il y a eu septante descentes dans les locaux de journaux et des bureaux de médias. Et ce n’est pas comme avant, quand ils fouillaient juste les locaux, ils prenaient l’équipement et relâchaient les gens. Cette fois, ils ont arrêté de nombreuses personnes. Nous avons l’impression que les autorités font cela pour marquer l’anniversaire de l’élection de 2020, lundi 9 août, date à laquelle elles ont décidé de nettoyer l’ensemble des médias et de la société civile en Biélorussie. C’est pourquoi tant de bureaux de médias ont été fouillés et l’équipement a été confisqué, ce qui remet en question l’existence même des médias indépendants. Le 9 août 2021, la majorité des équipes des médias auront quitté la Biélorussie. Est-ce que vous croyez que vous retournerez un jour en Biélorussie ? L’espoir est le dernier à mourir. Nous ne savons pas comment cela va se passer avec la Biélorussie mais en ce moment la situation est toujours en train de se dégrader. Elle s’aggrave aussi car un grand nombre de personnes ont quitté la Biélorussie, notamment les plus actifs (journalistes, membres d’associations, etc.). Ils étaient ceux qui pouvaient réellement conduire le changement. Mais maintenant, ils doivent partir, sinon ils se retrouveront derrière les barreaux. Étant donné que ces citoyens partent, il y a de moins en moins d’espoir. Mais je ne pense pas que ceux qui ont dû quitter le pays pensent à leur vie dans cinq ou dix ans à l’étranger. On pense toujours en termes de mois, peut-être en termes d’années, on se dit « Je reviendrai ». Et tout le monde rêve de rentrer.

Votre compte

Barys Haretski, journaliste exilé: «Ce 9 août, la majorité des équipes des médias auront quitté la Biélorussie»

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

0 Commentaire

Aussi en Monde

La Commission européenne pousse la Belgique à adopter une grande réforme fiscale

Procès des attentats de Paris: «Les victimes attendaient des réponses, elles ne les ont pas eues»

L’affaire Abad, déjà un boulet pour le gouvernement français

Elon Musk augmente à 33,5 milliards de dollars l’apport direct pour acheter Twitter

Violence par arme à feu aux Etats-Unis: voici les chiffres terrifiants de ces dernières années

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Fusillade aux États-Unis: le tireur avait annoncé son attaque sur Facebook

Fusillade dans une école primaire: les Etats-Unis malades de leurs armes

Vincent Kompany quitte officiellement Anderlecht, il devrait s’engager à Burnley

Guerre en Ukraine: la Commission veut mettre la main sur les avoirs «gelés» des oligarques russes

Entretien Les frères Dardenne: «Si notre film pouvait faire réfléchir les décideurs au niveau européen…»

L’AS Roma bat Feyenoord et s’offre la première édition de la Conference League (1-0, vidéo)

“Le gouvernement a grandement besoin de l’expertise des personnes handicapées”

« Nos collaborateurs sont des empereurs, les clients sont rois »

6 Belges sur 10 sont de plus en plus sensibles à la politique climatique de leur emploi

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel