Rallye: Ypres cultive sa légende

Vingt spéciales, 295,78 km sous le chrono. Si toutes les étapes du Ypres Rally Belgium se déroulent comme prévu, voilà le copieux menu qui attend les concurrents de vendredi à Dimanche entre la ville des chats et le plus beau circuit du monde. Dix mois à l‘avance On a coutume de dire que l’élaboration d’un rallye débute au lendemain de l’arrivée. C’est à peine caricatural… « Dans chaque club organisateur, des gens expérimentés (il s’agit souvent d’anciens pilotes ou copilotes) se chargent de tracer le parcours de l’année suivante », explique Etienne Lerson, le patron du rallye de Wallonie. « On reprend évidemment les sections les plus populaires auprès des concurrents et du public mais on essaie aussi d’innover pour ne pas lasser ceux qui disputent l’épreuve depuis longtemps. Parfois en décidant d’emprunter le même parcours, mais en sens inverse ou en passant par des endroits inédits voire même en créant de nouvelles spéciales. Une fois ce premier jet élaboré commence une partie de ping-pong avec les autorités. Trois mois avant le déroulement du rallye, il est soumis aux administrations communales. Quand on a obtenu leur accord de principe, on s’adresse à la commission rallye du ministère de l’Intérieur où il faut fournir des plans d’une précision d’architecte. Pour chaque spéciale, il s’agit de mentionner les talus, les maisons, etc. Ce plan est accompagné du tracé sur Google Earth. Les fonctionnaires en charge du dossier étudient minutieusement tout ce qui relève de la sécurité : les zones de dégagement, les postes de commissaires, l’emplacement des buvettes. Ils ont le pouvoir de modifier les zones, voire de faire changer le tracé. » Cette méthode est évidemment appliquée à toutes les manches qui se déroulent en Belgique. Le parcours est ensuite soumis au gouverneur de la Province concernée avant d’être homologué par le RACB. Le jour de la course, un inspecteur de la Fédération, accompagné par un représentant politique local (il s’agit souvent du bourgmestre) et d’un officier de police passe trente minutes avant la première voiture de course pour vérifier que le plan est bien respecté. A ce moment, il peut encore décider de déplacer des zones destinées au public. Il a même le pouvoir d’interdire le départ de la spéciale si les critères de sécurité ne sont pas respectés. Dans les champs de patates A Ypres, il n’y a guère que l’ascension du mont Kemmel – et sa plongée très excitante sur des pavés – qui fasse varier le dénivelé. Pour le reste, les concurrents s’étrillent dans une plaine qui n’a rien de morne. « Les routes du Westhoek sont très étroites », rappelle Thierry Neuville. « En outre, elles sont bordées de fossés profonds qui n’autorisent pas le droit à l’erreur. Il y a très peu de relief et, rarement des enchaînements de courbes. On va généralement d’un changement de direction à l’autre au milieu de champs de patates. Il faut opter pour un style de pilotage très particulier. A certains endroits, on plonge la voiture dans des cordes profondes. A d’autres, il faut bien se garder de le faire sous peine de crever ou d’arracher une roue. On est aussi confronté à de réguliers changements d’adhérence. C’est ce qui déstabilise souvent les nouveaux venus. Parfois, on attaque un freinage avec un bon grip et 50 mètres avant de tourner, l’asphalte devient aussi glissant que le verglas. Pour cette édition, j’ai même remarqué que des tronçons récemment réasphaltés sont plus délicats que le vieux macadam des dernières éditions. La situation sera encore plus compliquée si la pluie fait son apparition. Les cordes deviendront boueuses au fil des passages. » Une « blague » dominicale Particularité de cette manche du championnat du monde, elle se terminera, dimanche matin, par deux spéciales tracées aux abords du circuit de Francorchamps à disputer deux fois. « Ce tracé est une vraie blague », explique Marc Duez. « J’ai honte que nous offrions des spéciales aussi médiocres à l’élite du WRC », poursuit Stéphane Prévot « Il y a tant de joyaux des Boucles de Spa juste à côté. Dire que les pilotes vont se lever à 4h00 du matin et parcourir près de 300 bornes pour disputer ces tronçons absurdes. » « Moi, je me réjouis de disputer ces chronos près de chez moi », tempère Grégoire Munster. « Je suis certain qu’il va encore s’y passer des choses. Notamment au niveau des plaques d’humidité qui vont en surprendre plus quand le tracé empruntera des routes à travers les bois. Dans la plaine du Westhoek, les chemins sèchent vite. En Ardenne, ce n’est pas le cas. C’est justement ce qui va apporter un peu plusse ciment encore à cette édition. »

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