Seraing: le difficile apprentissage de la Division 1A

Passé de la D1 Amateurs à la D1B en bénéficiant du jeu des licences et grâce à une belle troisième place au championnat lors de la saison 2019-2020, promu l’exercice suivant en Division 1A suite à une domination sur Waasland-Beveren lors des matches de Barrages, le RFC Seraing gravit les échelons à la vitesse de l’éclair. La progression est fulgurante. Il doit apprendre, et vite. Ses joueurs n’ont pas le temps de faire leurs armes. Ils sont sans cesse confrontés à une qualité de jeu supérieure. La saison dernière, s’ils ont démarré en trombe, enchaînant deux succès avec 8 buts à la clé, Emilio Ferrera n’a cessé de répéter que son noyau manquait d’expérience en D1B et qu’il fallait donc s’attendre à connaître des creux. Ce fut le cas. Seraing a énormément encaissé durant la première moitié de championnat et une série de défaites s’accompagnait souvent d’un court enchaînement de contre-performances. Les problèmes défensifs furent réglés au meilleur moment, en fin de championnat, ce qui lui a permis de conquérir la deuxième place et de décrocher les fameux barrages. Une preuve que les joueurs ont su s’adapter à un niveau qui leur était alors inconnu en à peine 5 mois. L’apprentissage fut rapide et aujourd’hui, ils doivent quasiment recommencer de zéro. Le RFC Seraing est une nouvelle fois en pleine découverte. La Division 1A est encore plus exigeante et seuls Ibrahima Cissé et Benjamin Boulenger, un peu, savent de quoi il en retourne. Les autres ? Beaucoup évoluaient encore en D1 Amateurs il y a 14 mois à peine. On pense aux Wagane Faye, Yayha Nadrani, Gérald Kilota, Théo Pierrot, Sambu Mansoni… tandis que les renforts venus de Metz sont très jeunes et ne faisaient, pour la plupart, pas partie de l’effectif de Ligue 1. Cela n’enlève rien à leurs qualités, mais ils manquent cruellement d’expérience. Cela se ressent lors de leurs premières prestations. « Le niveau est tellement différent », explique Marc Grosjean, actuel T2 de Jordi Condom. « La D1A est plus forte que la D1B, c’est une évidence, tant tactiquement qu’athlétiquement, que physiquement… Puis, il ne faut pas oublier que la D1B de la saison dernière était certainement la moins relevée qu’il y ait eu depuis sa création, avec des équipes comme le Lierse, le RWDM, les U23 de Bruges, des clubs qui, comme le nôtre, sont montés sur tapis vert. Puis, il n’y avait pas de public. Jouer à l’Union devant 8.000 personnes, ce n’est pas s’y produire devant 100 observateurs. La donne est très différente. Nous avons cependant extrêmement bien travaillé et su compenser le manque d’expérience par la qualité de notre jeu. » La donne est aujourd’hui différente tant la qualité des adversaires est autre. Marc Grosjean a connu le haut niveau du football belge durant de longues années, tant comme joueur que comme entraîneur, et faisait déjà partie du staff sérésien en D1 Amateurs. Il sait le chemin que son noyau doit encore parcourir pour rivaliser dans la série. « Un exemple concret : le premier but que nous encaissons à Anderlecht. Nous étions en possession de balle, dans la zone offensive. Nous perdons le ballon puis plusieurs erreurs s’enchaînent. Résultat : nous sommes punis. La moindre erreur se paie cash en D1A et ça, les joueurs doivent l’apprendre. En D1B, nous étions avertis avant d’être sanctionnés. Ce n’est plus le cas ! » Et samedi, face à Ostende, Seraing a connu la même mésaventure encaissant suite à un flagrant manque de métier. « Il faut le comprendre et accepter que ce genre de mésaventures puisse encore nous arriver, surtout en déplacement. » D’autant plus dans des stades plus imposants qu’en D1B avec le retour d’un public, ce que la majorité des joueurs n’a finalement jamais appréhendé. « Il fut normal d’apprécier le fait de pouvoir évoluer dans la Lotto Arena. » Les joueurs vont devoir apprendre à évoluer devant un public conséquent et hostile, mais là n’est pas la crainte de Marc Grosjean. « Le groupe ne semble pas trop sensibilisé à ce genre de choses. Sa force est le ‘vivre ensemble’. On ne sent aucune nervosité. L’attitude des joueurs est positive, l’esprit de groupe est sein… Ce fut d’ailleurs la force de Seraing la saison dernière. C’est ce qui a permis d’aller chercher quelque chose d’inattendu et de passer les moments plus compliqués sans trop de dégâts. Les joueurs se sentent bien à Seraing. Maintenant, il faudra voir lorsque le noyau sera plus conséquent car pour l’instant, la maigre concurrence ne permet pas les tensions. » Dans le jeu par contre, il importe une nouvelle fois de trouver un remède à ce manque d’expérience au plus vite. « Il n’y a pas de miracle. Tout passe par le travail. Le staff doit analyser, signaler, corriger et exposer les défauts aux joueurs. À eux ensuite de les enregistrer pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. » La tâche est énorme et le temps est compté. Mais après tout, la situation, au niveau de l’expérience, est pratiquement identique à la saison dernière à même époque et au final, les Sérésiens s’en sont sortis avec les honneurs. Felice Mazzu, le coach d’un Union ultra-dominateur, avait d’ailleurs concédé au cours du championnat que Seraing pratiquait le meilleur football de la série. Différence notable cependant, il apparaît qu’Emilio Ferrera disposait d’un noyau plus étoffé qualitativement que Jordi Condom aujourd’hui. Un souci qui devrait cependant pouvoir être réglé d’ici à la fin du mercato.

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