Racisme et discrimination dans le football: les arbitres plus forts et moins seuls

Tous ensemble ». Professionnel blasé du top niveau ou simple dribbleur du dimanche, tout footballeur a entendu ou entonné ce chant fédérateur un jour dans sa carrière. Trop souvent, cette image de communion est bafouée par des paroles ou des actes soit au « mieux » déplacés, soit insultants, voire au pire carrément racistes et/ou discriminants. Sur le terrain comme autour. Si, au niveau professionnel, les arbitres peuvent compter sur le « Match Delegate » (dont les compétences ne se limitent pas à ces faits-là) pour dénoncer des faits en plus d’une ligne dans le rapport du match, ils étaient plus ou moins livrés à eux-mêmes au niveau amateur et régional. La nouvelle phase du plan « Come Together » de l’Union belge (dont la traduction libre pourrait être… « Tous ensemble ») a été dévoilée ce mercredi, soutenue par tous les niveaux de compétitions (ailes linguistiques, Pro League) et proposée à tous ses acteurs (joueurs, entraîneurs, dirigeants, arbitres, supporters). A partir de cette saison, le rôle des arbitres dans la lutte contre le racisme et toute forme de discrimination est renforcé, tout en n’étant plus le relais majeur. Tant la Pro League que la Fédération ont prévu sur leur site respectif un « bouton de signalement » à toute personne victime ou témoin de propos, d’une action ou d’une activité, dans ou autour du stade, ressentis comme discriminatoires. Quant aux arbitres à proprement parler, leur apport ne se limite pas à porter le badge « Come Together » (à l’image de leurs homologues de Pro League). Dans le rapport de match électronique, une case est dévolue spécifiquement aux incidents de nature raciste et/ou discriminatoire. « Si un joueur se plaint auprès de l’arbitre – même celui-ci n’en a pas été témoin –, il aura la possibilité de le préciser dans son rapport », explique Marvin Olawaiye, responsable des projets sociaux à l’aile francophone (ACFF). « Lors des séances de formation et de recyclage des arbitres, un module sera consacré à ce sujet. Avec la consultation de la Chambre nationale, chaque rapport sera analysé par l’organisme responsable de la compétition. En fonction de la gravité des faits, des mesures seront directement prises ou, pour les dossiers les plus sérieux, le dossier sera transmis à la Chambre nationale. Avec le bouton de signalement et l’adaptation des rapports d’arbitres, une garantie d’un suivi complet est apportée. » « Réelle avancée » Constituée en juin et composée de 6 membres (dont un représentant d’Unia), la première décision de la Chambre nationale a porté sur les chants anti-wallons de supporters courtraisiens lors du match contre Seraing le 24 juillet dernier (2500 euros d’amende). « La plateforme de dénonciation en ligne est une réelle avancée. L’intérêt d’avoir un tel outil est qu’il permet à chaque acteur du football – victime ou témoin d’un acte discriminatoire – de prendre la parole de manière sécurisée et avec un suivi de la Fédération pour traiter chaque plainte. Les arbitres sont garants du respect des règles du jeu et très impliqués dans cet engagement sociétal. Mais sur et en dehors du terrain, nous avons tous un rôle à jouer et il appartient à tous les acteurs de lutter contre les discriminations », conclut Marvin Olawaiye. « On connaît l’initiative des parents fair-play, l’idéal serait aussi d’avoir un référent racisme et discrimination ou une sorte de match delegate mais je sais que ce n’est pas simple », relève François Mahaut, qui arbitre dans la province du Hainaut depuis 7 ans. « Les rapports électroniques avaient déjà facilité la vie des arbitres pour signaler des incidents là où, par le passé, il fallait tout écrire à la main. Personnellement, je n’ai jamais été confronté à des faits de racisme dans ma carrière d’arbitre. On sait que le football veut être une école de vie et un modèle de la société. Autour des terrains, on n’entend pas toujours des gentillesses. Ce nouvel outil est une évolution positive. On ne se sent plus seul pour dénoncer ce genre de fait, dont un arbitre est témoin ou s’il lui est rapporté. »

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