Romelu Lukaku, les Diables rouges dans le 100

Quatre mille deux cents et trois jours en Diable, et le compteur tourne, encore et encore. Le temps file et Romelu Lukaku va presque aussi vite que lui. Son doublé en Estonie a une nouvelle fois mis un coup d’accélérateur dans une course aux records qu’il ne prétend pas poursuivre. Mais avec 66 buts inscrits en 99 sélections, avec un but marqué en moyenne toutes les 96 minutes (!), l’attaquant de 28 ans a plus que jamais pris en chasse Cristiano Ronaldo, auteur mercredi de son 111e but avec le Portugal pour devenir, comme aiment le dire les Américains, « The goat », le meilleur de tous les temps. [scald=28416598:sdl_editor_representation] En attendant de savoir s’il franchira un jouer la barre des cent buts avec le maillot des Diables rouges, Romelu Lukaku sera déjà mis à l’honneur dimanche pour sa centième cap avec la Belgique, comme l’ont été Jan Vertonghen, Axel Witsel, Toby Alderweireld, Eden Hazard et Dries Mertens avant lui. A son poste, après toutes les tempêtes qu’il a pu traverser durant ses premières années en sélection, l’accomplissement est certainement encore plus remarquable. Il a toujours divisé Car si l’histoire de Romelu Lukaku avec les Diables rouges s’apparente aujourd’hui à un conte de fée, elle n’a pourtant jamais raconté l’ascension d’un phénomène précoce qui déchaînant les passions, comme Kylian Mbappé ou Erling Haaland le font aujourd’hui. Au contraire, Lukaku a toujours divisé. « Il avait quelques lacunes sur le plan technique, c’est vrai, mais j’ai toujours su qu’il irait loin. Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi il y avait autant de critiques autour de lui », s’étonne Steve Colpaert qui a débuté sa courte carrière internationale (1 cap) en même temps que Lukaku, en mars 2010, sous les yeux de Dick Advocaat. Peut-être que l’ancien joueur de Zulte Waregem oublie que l’enfant d’Anderlecht, vêtu du maillot noir-jaune-rouge dès l’âge de 16 ans, a mis du temps avant de s’affirmer en sélection. Sept premiers matchs sans marquer avant un doublé à Voronej, dans la grisaille russe, puis une autre période de disette de six rencontres. « Laissez-lui le temps de se développer, ne lui mettez pas la pression », avait demandé le chef des troupes Vincent Kompany à ses débuts, sans penser qu’un jour, Romelu se nourrirait de cette contrainte pour gonfler sa détermination en même temps que ses muscles. Si le succès éclatant (4-2) face aux Pays-Bas auquel il a participé en août 2012 a sûrement lancé cette génération dorée, Lukaku a toutefois continué à bégayer, ne marquant finalement que trois buts lors de ses trois premières années chez les Diables ! « C’était un garçon qui avait besoin de beaucoup d’affection, il fallait beaucoup parler avec lui », explique Georges Leekens, son sélectionneur à 13 reprises. « Malgré les critiques sur son jeu, il s’est beaucoup accroché, il n’a jamais rien lâché. » En mode « rouleau-compresseur » Tout cela, pour finalement parvenir à trouver le déclic. Zagreb, la pluie, la joie, le Brésil. Et surtout le coup de force : en faisant déjà parler sa puissance à seulement 20 ans, Romelu Lukaku fait plier presque à lui seul la Croatie pour envoyer la Belgique vers la Coupe du monde, une première depuis 2002, alors que l’absence de Christian Benteke faisait craindre le pire. Après cette soirée inoubliable, « Big Rom » ne sera plus jamais le même. Il lance définitivement la machine à buts à l’été 2014, en marquant pour la première fois lors de deux matchs consécutifs (Luxembourg et Suède) et en sortant surtout la Belgique d’un sacré traquenard, en huitième de finale du Mondial brésilien, face à un Tim Howard en état de grâce. Cette fois-ci, l’aventure pouvait vraiment démarrer et, compétiteur dans l’âme, l’attaquant de Chelsea s’est toujours promis de ne faire aucun cadeau à personne. Non, Lukaku ne marque pas que contre des petites nations, il ne fait surtout aucune différence entre Chypre et le Brésil : son obsession pour le but ne connaît aucune limite. [scald=28416599:sdl_editor_representation] Devenu un roc, un joueur qui a su gommer presque tous ses défauts (technique, contrôles de balle) pour en faire aujourd’hui des forces, Romelu Lukaku a jusqu’ici marqué 66 buts en 99 caps, du pied droit comme du pied gauche (son jeu de tête doit certainement encore être perfectionné) mais surtout 61 buts lors de ses 76 dernières apparitions et… 44 sur ses 43 matchs depuis 2017 ! Depuis 2016, le meilleur attaquant des Diables rouges est en mode « rouleau compresseur » et ce constat s’est accentué au fil du temps, renforcé par des chiffres de plus en plus fous. « Mais ce que j’aime aussi beaucoup chez lui, c’est le fait qu’il joue aussi pour les autres, il est très collectif », poursuit Georges Leekens, qui n’oublie pas ses 14 assists. S’il a parfois été critiqué pour son absence dans les grands rendez-vous, Lukaku peut aujourd’hui se targuer d’avoir inscrit 11 buts dans des grandes compétitions internationales (cinq en Coupe du monde, six à l’Euro). Mais ne cherchez pas longtemps pour savoir lequel de ces nombreux buts a procuré le plus de bonheur à Romelu : celui marqué de la tête en amical au Portugal sur un service de son frère Jordan n’aura jamais d’égal. « En termes d’émotions, par rapport à ce que j’ai ressenti, c’est le plus beau but de ma carrière. » Même ce soir de novembre 2019, lorsqu’il avait franchi la barre des 50 buts contre Saint-Marin, on n’osait à peine lui demander s’il espérait un jour passer le cap des 100. Lui n’avait d’yeux que pour l’Euro 2020 qu’il voulait remporter à tout prix. [scald=28416743:sdl_editor_representation] S’il continue sur cette lancée, Romelu Lukaku pourra certainement y parvenir dans quatre, peut-être cinq ans, à raison de sept, huit buts par année. La grande question est surtout de savoir si l’idée de mettre un terme à sa carrière international après le Qatar, comme l’a évoqué Eden Hazard et comment devront probablement le faire d’autres cadres de l’équipe, germe dans sa tête et s’il possède en lui une volonté infatigable de tirer sur la corde jusqu’à ses 35, 36 ans ou plus. Et ça, lui seul le sait.

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