Karim Zedadka: «Osimhen et Mertens m’ont conseillé de venir à Charleroi»

Parmi les derniers transfuges du mercato carolo, c’est le premier à avoir reçu du temps de jeu, une poignée de minutes contre le Beerschot. À 21 ans, Karim Zedadka est un jeune homme désormais pressé. Prêté par Naples, il est venu à Charleroi pour lancer définitivement sa carrière. Un parcours qui n’a pas forcément épousé l’itinéraire d’un enfant gâté. « Mais dans la vie, quand tu travailles, tu es toujours récompensé », dit-il. Tout d’abord, quelques nouvelles de votre santé. Vous aviez dû quitter l’entraînement en début de semaine passée. C’est juste une petite pointe derrière la cuisse, rien de grave. Il y a eu beaucoup de charge. C’est une méthode de travail un peu différente de ce que j’ai connu à Naples, où c’était davantage avec le ballon. Il faut le temps de s’adapter. Des joueurs qui proviennent du Calcio vers notre championnat, cela n’est pas si commun. Comment cela s’est fait ? Il y a eu l’intérêt de Charleroi cet été, même si j’avais également d’autres propositions. À un certain moment, Naples m’a signifié que je n’étais plus dans les petits papiers, qu’il valait mieux que je prenne du temps de jeu ailleurs, pour continuer de grandir. J’ai pesé le pour et le contre. J’ai eu des échos de Victor Osimhen, passé par ici. Il m’a parlé des dirigeants, des joueurs, de la manière de travailler, mais aussi des supporters. Il m’a dit que c’était une très bonne ambiance, que si je donnais tout, ils allaient m’aimer. Dries Mertens m’a dit aussi : « va te faire les dents là-bas, continue ta progression, vois quelque chose de différent ». Je me suis laissé tenter et je suis très content de mes débuts. Pourtant, l’arrivée de Luciano Spalletti paraissait de bon augure… Quand il est arrivé, il m’a dit : « tu as des qualités et je compte sur toi cette année ». Il m’a fait jouer de gros matches, comme face au Bayern Munich. Puis, certains internationaux sont revenus. Mon concurrent direct n’était autre que le capitaine Lorenzo Insigne. A la fin du mercato, le club m’a demandé de partir. J’ai préféré découvrir un autre championnat. J’étais en discussion avec Charleroi depuis quelques semaines, par téléphone et en visioconférence, même avec le coach. J’avais donné ma parole aux dirigeants que si je devais sortir de Naples, ce serait pour venir ici. Vous avez jusqu’ici le plus souvent évolué à gauche, alors que vous êtes droitier. Vous avez une préférence ? Je peux évoluer à gauche comme à droite, mais je préfère à gauche. Mon jeu me donne tendance à rentrer sur mon pied droit pour donner la dernière passe ou enrouler le ballon. Mais je peux évoluer de l’autre côté, car je sais aussi utiliser mon pied gauche. L’important, où je joue, c’est de pouvoir répéter les efforts. À Naples, avec les réserves, j’ai déjà joué comme ailier gauche ou droit dans un 3-5-2. À votre arrivée à Charleroi, vous avez été présenté comme le « remplaçant de Joris Kayembe ». Je suppose que vous avez d’autres ambitions… Oui, bien sûr. Je viens juste d’arriver, mais je suis venu ici pour jouer et le but, c’est de m’imposer. Mais, peut-être contrairement à Kayembe, je peux aussi jouer à droite. C’est d’ailleurs à droite que vous avez effectué vos débuts, en fin de rencontre face au Beerschot. L’entraîneur y a déjà fait jouer Van Cleemput et Tchatchoua. C’est peut-être de ce côté qu’il y aura le plus de possibilités… La saison est longue. Si on ne fait que gagner, ce sera dur pour le coach de retirer des joueurs. Mais on verra comment cela évoluera, les performances de l’équipe, mais aussi les prestations individuelles. Moi, je suis prêt à jouer, à gauche ou à droite. Le gène du football était visiblement dans votre famille puisque votre frère aîné, Akim, évolue en Ligue 1, où il est titulaire avec Clermont à… l’arrière-droit. Il a connu d’abord la Ligue 2 avec Lens, avant de retomber dans le monde amateur et le chômage. C’était un problème extra-sportif, d’agents. Peu de footballeurs ont réussi comme lui à remonter la pente. C’est la fierté de la famille, car il faut un gros mental pour réussir ce qu’il a fait. Je me sers un peu de son exemple : si un jour j’échoue, il ne faudra pas que je lâche. Dans le jeu aussi, je m’inspire de lui. On regarde tous nos matches. On s’appelle et on débriefe nos prestations. En parlant de parcours, le vôtre vous a vite mené assez loin de vos proches. À 13 ans déjà, je suis parti dans un centre de préformation, le CREPS, à Aix-en-provence. C’est un peu l’équivalent de Clairefontaine dans le sud. C’est l’école le matin et l’entraînement l’après-midi, mais tous les jours. 90 ou 95 % des jeunes vont ensuite vers un centre de formation. Le plus dur, c’est d’être privé de ses parents et livré à soi-même, dès 13 ou 14 ans. Mais cela m’a préparé quand je suis parti à Nice. C’est à Nice que vous avez connu votre premier coup dur. J’avais signé un contrat aspirant de 3 ans. J’ai pas mal joué en U17 et en U19. Mais ils ont décidé de ne pas me garder, sans jamais me dire la raison. C’était dur. Je suis rentré à la maison, je n’avais plus de club. Cela a duré combien de temps ? Quatre mois. Parfois, je me disais : ça va être mort. Quand je me réveillais, je regardais mon téléphone et rien pendant des semaines. J’ai pensé parfois redescendre dans le monde amateur. Mais j’y ai quand même toujours cru. J’ai continué à travailler pour être prêt, même sans club. Quand Naples est venu, j’ai saisi l’opportunité, car c’était la chance de ma vie. Ce n’est pas banal de rebondir de cette façon. Un agent de Naples a contacté le mien. Un recruteur m’avait vu jouer. Ils m’ont demandé de venir faire un test. Physiquement, j’étais prêt. J’ai signé un contrat d’un an. Au début, j’ai vécu seul avec une rémunération très, très moyenne. Je suis allé chercher mon contrat pro et tout a été mieux, financièrement et sportivement. Je n’ai que 21 ans, mais cela fait déjà 8 ans que j’ai l’habitude de vivre seul. Cela ne me fait plus peur de prendre mon sac à dos et voyager. Quels sont les meilleurs souvenirs que vous gardez de Naples jusqu’ici ? Je n’ai pas joué en Serie A, mais j’ai dû m’asseoir une vingtaine de fois sur le banc. Je me souviens d’un Napoli-Juve devant 60.000 supporters, mais aussi de déplacements à San Siro ou de matches de Coupe d’Europe. J’ai également eu de très bons matches en Youth League. Votre rêve aujourd’hui, c’est de revenir à Naples, où vous êtes sous contrat jusqu’en 2023 ? Mon rêve, c’est tout simplement de jouer au plus haut niveau. Tant en club qu’avec l’équipe nationale. Je suis binational, mais j’ai donné la priorité à l’équipe d’Algérie. C’est un choix du cœur et réfléchi.

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