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Surfer sur les sites des services publics sans entamer son forfait data

Le secrétaire d’Etat à la digitalisation Mathieu Michel planche sur un projet visant à garantir un accès universel aux sites des services publics et des écoles

Journaliste au service Economie Temps de lecture: 3 min

La semaine dernière, la Cour européenne de justice a remis en cause la pratique commerciale du zero rating que l’on retrouve dans les offres de certains opérateurs télécoms. Elle consiste à rendre les abonnements mobiles plus attractifs en permettant aux clients d’utiliser certaines applications « gratuitement », c’est-à-dire sans que les données consommées ne soient décomptées de leur forfait data. La plus haute juridiction a estimé que c’était contraire au principe de la neutralité du Net puisque cela favorisait un trafic internet par rapport à un autre. C’est pourtant sur cette piste-là que le secrétaire d’Etat à la digitalisation, Mathieu Michel, planche actuellement en vue de donner un accès gratuit à un certain nombre de sites des pouvoirs publics. L’objectif : lever un obstacle à l’adoption du numérique dans un contexte où la digitalisation des services publics – et de la société en général – s’accélère.

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« Il y a deux piliers d’un Etat digital qui doivent être accessibles de façon universelle, estime Mathieu Michel. Tout ce qui est lié à la citoyenneté et au rapport avec l’Etat tout d’abord. Quand vous allez à la maison communale, on ne vous demande pas deux euros pour entrer. Cela doit être la même chose dans le monde numérique. Ensuite, il y a tout ce qui est lié à l’accès à l’éducation ». Dans son esprit, on devrait pouvoir surfer gratuitement sur tous les sites de l’Etat (ceux des différentes administrations, les plateformes d’e-gouvernement comme mypension, myminfin…) ainsi que sur les sites publics liés à l’éducation (universités, écoles reconnues par les pouvoirs publics, sites contenant des ressources pédagogiques pour les enseignants…). C’est pour lui une question de principe mais pas uniquement. Il y a aussi une raison économique. Si la fréquentation des premiers ne consomme pas vraiment beaucoup de data, il n’en est pas de même de celle des seconds. « Ces sites scolaires peuvent contenir des vidéos, du son, des documents pdf… et ces contenus ne vont faire que s’étoffer dans les années à venir », fait remarquer Mathieu Michel.

Plusieurs pistes techniques sont explorées – en concertation avec l’IBPT (le régulateur des télécoms) – pour atteindre cet objectif d’un accès « universel ». « Celle qui semble la plus facile et la plus rapide à mettre en œuvre est le zero-rating », explique Mathieu Michel. Quid des critiques de la Cour européenne de justice qui voit dans cette pratique une violation de la neutralité du Net ? « La Cour considère qu’on peut traiter différemment les flux pour des raisons techniques mais pas commerciales. Ici, on n’est ni dans la technique, ni dans le commercial. Notre analyse nous amène à considérer qu’il y a un espace dans lequel on peut avancer. Et si le cadre juridique européen est un problème, on entreprendra des discussions à ce niveau-là ». Un texte de loi devra être rédigé (nouveau projet de loi ou modification d’une loi actuelle) dans lequel seront identifiés clairement les sites pouvant bénéficier de ce zero-rating. Aucune date n’est avancée à ce stade. « On en est toujours au stade de l’ébauche », explique Mathieu Michel.

 

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6 Commentaires

  • Posté par Julien Castiaux, dimanche 12 septembre 2021, 12:57

    Vivant sans abonnement téléphonique (parce que payer même que 10€ par mois pour n'envoyer que 2 SMS je passe) voila une mesure qui est digne d'intérêt. Si à l'avenir je peux consulter les sites des services publiques (par exemple les transports via l'application SNCB) sans plus devoir tout planifier à l'avance depuis chez moi en Wifi j'en serais ravi !

  • Posté par Dupont Vincienne, vendredi 10 septembre 2021, 12:25

    Et donc nous payons un secrétaire d'Etat et tout un cabinet pour plancher sur des conneries pareilles ? Si quelqu'un ne peut pas payer les 0,01 euros de data (et encore) que ça coûte pour se connecter au guichet en ligne, cette personne ne pourra pas non plus se payer le téléphone ou le laptop pour y accéder non plus. Mesure coûteuse, inutile, possiblement illégale (voir jugement mentionné dans l'article) et racoleuse. Dommage que Monsieur Michel ne nous l'ait pas expliquée en néerlandais, c'eût été encore plus drôle.

  • Posté par LOVEY Sylvain, vendredi 10 septembre 2021, 12:46

    C'est clair qu'avec cette logique-là, on est parti pour la gratuité de tout moyen de prendre contact avec l'administration (tél., bus, voiture, vélo...). J'ai comme l'impression que ça va rester à l'état d'ébauche jusqu'au web 5.0 minimum : ça tombe bien, il n'y aura peut-être plus de forfait data alors. Mais que "fera" Miffel à ce moment-là pour exister ?

  • Posté par Bartet Guy, vendredi 10 septembre 2021, 11:07

    Sa comparaison avec la maison communale est tout à fait bancale. Si vous ne pouvez vous y rendre à pied, vous devez payer votre déplacement, train, tram, bus, voiture. La voiture ressemble le plus à internet : l'essence utilisée sera décomptée de votre forfait, pardon de votre réservoir. Veut-il aussi rembourser ces frais-là ?

  • Posté par Julien Castiaux, dimanche 12 septembre 2021, 13:01

    J'ai déjà croisé des citoyens qui n'avaient pas forcément les moyens de payer 5€ les transports pour atteindre leur maison communale et qui (sous preuve de la nécessité de leur trajet) pouvaient se le faire rembourser. Une telle mesure existe donc déjà pour les transports, pourquoi ne pas également l'appliquer à internet ?

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