«Mourir peut attendre» : le blockbuster à 250 millions de dollars s’est fait attendre

Le covid n’a finalement pas eu raison de l’agent 007. Car comme l’ont dit et redit les producteurs Barbara Broccoli et Michael G. Wilson, « c’est un film qui doit être vu au cinéma, et non ailleurs ». Plusieurs fois reportée à cause de la pandémie, la sortie du 25e James Bond, initialement prévue le 8 avril 2020, puis le 11 novembre 2020, puis le 31 mars 2021, est aujourd’hui bien actée au jeudi 30 septembre, deux jours après la première mondiale au prestigieux Royal Albert Hall à Londres. Six ans après Spectre, on retrouve James Bond retraité des services secrets, le torse toujours bien musclé et coulant des jours heureux en Jamaïque avec Madeleine Swann. Mais sa tranquillité est de courte durée car son vieil ami Felix Leiter, ancien de la CIA, lui demande de l’aide pour sauver un scientifique qui vient d’être kidnappé. La mission se révélant plus dangereuse que prévu, 007 se retrouve aux trousses d’un mystérieux ennemi détenant de redoutables armes technologiques. Pour la première fois, c’est un réalisateur américain, le jeune Cary Joji Fukunaga (remarqué par ses séries True Detective et Maniac, ainsi que le long-métrage Netflix Beasts of No Nation) qui est aux commandes d’un James Bond. Agent secret depuis 2006 et Casino Royale, Daniel Craig se glisse une cinquième et dernière fois dans la peau du célèbre espion britannique. Autour de lui, Jeffrey Wright (Felix Leiter dans Casino Royale et Quantum of Solace) fait son retour dans la saga. Quant à Christoph Waltz (Blofeld), Ben Whishaw (Q), Naomie Harris (Miss Moneypenny), Ralph Fiennes (M) et Léa Seydoux (Madeleine Swann), ils reprennent également leur rôle. La surprise de Mourir peut attendre est avant tout féminine avec, en premier lieu, l’arrivée de l’actrice d’origine jamaïcaine Lashana Lynch qui campe Nomi, nouvel agent du MI6, alter ego de Bond. On découvre aussi Ana de Armas, nouvelle coqueluche d’Hollywood, en James Bond girl qu’elle décrit comme « tellement drôle et a ce pétillant en elle. Parfois, elle est enjouée et naïve et désordonnée, mais elle est aussi compétente et entraînée et elle sait ce qu’elle fait ». Quant au méchant, il est tenu par Rami Malek, auréolé de son succès avec Bohemian Rhapsody où il incarne le légendaire Freddie Mercury du groupe Queen, ce qui lui valut l’Oscar du meilleur acteur. Le réalisateur Cary Fukunaga décrit Safin comme « plus dangereux que n’importe quel autre personnage rencontré par Bond », un adversaire « hyper intelligent » qui se considère comme « un héros ». Selon la productrice Barbara Broccoli, une des scènes d’actions les plus impactantes du film est un combat dans des escaliers qui se déroule dans le repaire de Safin. Le film le plus cher et le plus long Le blockbuster à 250 millions de dollars, ce qui en fait le film le plus cher de la franchise, mais aussi le plus long avec une durée de 2 h 43, intégrant pour la première fois des séquences réalisées en caméra Imax, a été tourné à Matera en Italie, en Norvège, en Jamaïque, en Ecosse et à Londres, la façade du ministère de la Défense étant utilisée comme le nouveau siège du MI6. Quant aux îles Féroé, elles servent d’extérieur au repaire de Safin. Mais que de péripéties avant d’en arriver là. Déjà la genèse du tournage fut semée d’embûches. Dès 2016, Daniel Craig donne des sueurs froides aux fans (et à la production) en annonçant qu’il renonce au rôle puis il se ravise. Il dira : « Si j’avais arrêté après Spectre, il y aurait quelque chose au fond de moi qui m’aurait fait penser : “ Si seulement j’en avais fait un de plus.” J’ai toujours une sorte d’idée secrète de l’ensemble dans ma tête, et jusqu’où je voudrais l’emmener. Et Spectre ne m’avait pas permis ça. Mais celui-ci me fait penser que oui. » De son côté, le réalisateur Sam Mendes ne désire pas rempiler après Spectre. Le choix se pose sur Danny Boyle qui travaille un temps sur le film avant de quitter le navire pour différends artistiques. Il est remplacé par le prometteur Cary Joji Fukunaga pour qui Au service secret de Sa Majesté serait son James Bond préféré. Le tournage fut éprouvant. Daniel Craig qui compose un héros aux multiples facettes, mélange de lumière et d’obscurité, et assure ses cascades lui-même – ce qui a une grande influence sur la façon dont elles sont conçues et créées – s’est blessé à la cheville en courant lors d’une scène finale en Jamaïque. L’acteur a dû subir une petite opération qui l’immobilisa durant deux semaines. Autre incident et autre blessé lors du tournage d’une scène d’explosion qui endommagea le bâtiment du studio. Le dernier tour de piste de Mister Craig, qui porte un smoking signé à nouveau par le styliste Tom Ford, s’annonce explosif. Parmi les différents records qu’aligne le film, il y a celui de la plus grande quantité d’explosifs puissants dans un même plan avec 135,4 kilos. Oui dans Mourir peut attendre, il y a au moins deux grosses explosions dont une qui en comporte trois dans un plan unique. Mais pour quelle histoire ? Daniel Craig avoua sur la chaîne Youtube du film que le scénario était en constante modification durant le tournage. Il est un fait que la scénariste en vogue Phoebe Waller-Bridge, deuxième femme après Johanna Harwood à participer au scénario, fut appelée en cours de route, à l’initiative de Daniel Craig, pour « pimenter » le récit. Dans les notes de productions du film, Barbara Broccoli explique que « l’histoire est très compliquée mais elle est racontée de façon très compréhensible. Les révélations sont fascinantes. » L’un des principaux thèmes est la confiance. On verra des cascades, des explosions, un chalutier couler. Il s’avère aussi que la complexité de la relation de Madeleine avec ses parents sera révélée. On devrait comprendre ce qu’elle a vécu, mieux comprendre ses problèmes, à travers une expérience traumatisante avec sa mère et Safin. Autre confidence, plus légère celle-là : James Bond conduit pour la toute première fois une Aston Martin… électrique. Preuve que l’agent 007 est toujours de son temps.

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