«La question, aujourd’hui, est de mouvoir, donc d’émouvoir»

Pour son premier documentaire, coproduit par Marion Cotillard, l’écrivaine et journaliste Flore Vasseur a parcouru le monde en compagnie de Melati Wijsen, jeune Indonésienne connue pour son engagement dans la lutte contre le plastique. Le but du voyage : partir à la rencontre d’autres jeunes dont l’esprit bénévole force le respect. Son film s’inscrit dans ce mouvement cinématographique qui fait écho à l’urgence climatique. Avec un même message : il est temps d’agir ! La jeune Melati occupe une place centrale dans la démarche de votre film. On peut presque dire que vous avez co-construit le film ensemble. Comment avez-vous géré cela ? J’ai eu la chance de la rencontrer, mais surtout qu’elle me fasse confiance. Elle le dit elle-même, elle a grandi dans sa bulle à Bali. Le seul problème, c’est le plastique et les tortues avec une paille dans le nez, ce qui est un vrai problème. Mais quand elle débarque au Malawi où elle rencontre des filles plus jeunes qu’elle qui ont déjà des enfants, elle doit faire preuve de beaucoup de courage. Melati, il fallait se brancher à son énergie, mais aussi la canaliser. Selon elle, on aurait fait un film uniquement sur l’environnement. Je lui ai dit d’entrée de jeu que ça ne m’intéressait pas et qu’on n’aurait rien de nouveau à raconter sur le sujet. L’idée pour moi, c’est de montrer que l’environnement est le symptôme d’un dysfonctionnement plus large et que tous les problèmes du monde sont liés à ce problème plus large, que ce soit l’éducation des filles au Malawi, la sécurité alimentaire en Ouganda, la liberté d’expression au Brésil. Je lui ai dit : « C’est plus gros que toi. » Et elle a eu l’humilité de l’entendre. Tous les intervenants sont très jeunes. On sent que le rapport à l’enfant est primordial dans votre film qui parle aussi d’éducation. Finalement qui éduque qui ? Tout est lié à ma position de maman. À l’époque, mon fils de 7 ans me demande : « Maman, ça veut dire quoi “la planète va mourir” ? » Je me rends compte que je suis incapable de lui répondre avec des mots qui ne proviennent pas du discours plaqué de l’adulte, qu’il faut que je me mette à sa hauteur. Vous avez cette citation de Janusz Korczak qui dit : « Pour se placer à hauteur d’enfant, il faut se hisser sur la pointe des pieds. » Mon fils me dit : « Maman, ça fait 15 ans que tu écris, que tu essayes de faire bouger les choses, mais pour moi, tu ne dis rien. » Je m’aperçois alors que c’est aussi lui qui fait mon éducation. Je ne dis pas que les enfants ont tout compris, mais je suis souvent estomaquée par leur sagesse et leur fulgurance. Dans l’enfance, il y a deux questions principales : le « pourquoi » et le « c’est pas juste ». Le « c’est pas juste », on le perd en grandissant, mais il continue à animer tous les activistes. La question de l’engagement chez les jeunes est un sujet dont on a pas mal parlé avec les marches pour le climat. Pourquoi avoir choisi de la montrer au cinéma, vous qui êtes une femme d’écriture ? Je pensais que le cinéma était l’endroit où je donnais le plus de chance à cette histoire parce que le but, c’était de toucher les cœurs. Les chiffres, on les a, les données aussi. On a plus besoin d’essayer de convaincre. La question, aujourd’hui, est de mouvoir, donc d’émouvoir. Le produit fini, c’est bien sûr le film, mais c’est bien plus que ça. On a lancé un site (biggerthanus.film/) dans lequel on restitue toute la matière qu’on n’a pas utilisée pour le film. On a mis en place une cartographie des associations dans lesquelles on peut s’engager. Tout est en libre circulation. On n’a plus le temps de retenir les informations. Le but avec le film, c’est d’enclencher quelque chose, mais surtout d’essayer de mettre à disposition des outils pour que les gens aient envie de se connecter à cette énergie.

Votre compte

«La question, aujourd’hui, est de mouvoir, donc d’émouvoir»

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

0 Commentaire

Aussi en Les sorties cinéma

Critique «La montagne»: on s’y trouve et on revit

Critique «Aftersun»: l’ombre et la lumière

Critique «La Ligne»: défaillances familiales

Critique «Un petit frère»: une saga familiale

Critique «Knock at the cabin»: panic room

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Analyse Au Cercle, le Standard a craqué dans les derniers instants

Ballon espion au-dessus des Etats-Unis: que penser des excuses de la Chine?

Un groupe criminel serbo-croate opérant notamment en Belgique a été démantelé

Guerre en Ukraine: des dizaines de soldats russes et ukrainiens relâchés après un échange de prisonniers

Une étude (et la N-VA) remet la défédéralisation de la justice à l’agenda

Egbert Lachaert (Open VLD) sur la prolongation du nucléaire: «Il faut une nouvelle loi avec de nouveaux délais»

30 années au service d’une passion : le métier d’infirmière

Des soins intensifs polyvalents et à la pointe des technologies

L’indemnité vélo pour tous les travailleurs belges dès le mois de mai

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel