Isabelle Emmery: «Chaque vie d’enfant caché est un roman»

Dans Histoire et mémoire des juifs d’Anderlecht, Isabelle Emmery revient sur le drame vécu par la communauté juive locale durant la Seconde Guerre mondiale. Une communauté principalement active dans le quartier du Triangle (Cureghem) et qui a payé un lourd tribut à la barbarie nazie. [scald=28493331:sdl_editor_representation] Pourquoi ce livre ? Mon grand-père était résistant. A son décès, je me suis intéressée à la résistance et plus particulièrement à la figure de Joseph Bracops, déporté dans les camps de concentration et futur bourgmestre d’Anderlecht. Je suis ainsi arrivée à l’histoire des enfants cachés. Dans les années 90, ces enfants qui avaient échappé aux camps d’extermination où sont morts leurs parents se sont fédérés et ont créé une association. J’ai trouvé matière à témoignage sur le territoire même de la commune, ceci s’expliquant par le fait que la communauté juive y était très présente. Aux juifs qui vivaient là de longue date étaient venus s’ajouter durant les années précédant la guerre des immigrés juifs fuyant les pogroms. Les « pavés de la mémoire » que l’on retrouve nombreux sur le territoire de la commune et la présence du Mémorial national aux martyrs juifs rappellent cette époque. Que trouve-t-on de neuf dans cette réédition ? La première édition d’Histoire et mémoire des juifs d’Anderlecht a donné à des personnes l’envie de venir vers moi pour témoigner. Le fil conducteur n’a pas changé. Malgré le drame, des pans d’humanité sont toujours là et méritent d’être racontés. Sur la sonnette de l’un des témoins, Sophie Rechtman qui avait 6 ans lorsque la guerre a commencé, j’ai trouvé son vrai nom, mais aussi son nom d’enfant cachée. Tout cela m’a beaucoup ébranlée. Chacun de ces vies est un roman. Ce livre est lié à un cahier pédagogique qui sera prochainement mis à disposition des enseignants et des élèves francophones. Il est destiné aux écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles ainsi qu’aux écoles libres d’Anderlecht. Il sera déposé prochainement sur une plateforme accessible à l’ensemble des enseignants de la Communauté française. Tous les documents pourront être téléchargés. Des rescapés de la Shoah pourront occasionnellement venir témoigner. « Histoire et mémoire des juifs d’Anderlecht » a reçu un subside de la Cellule Démocratie ou Barbarie (Fédération Wallonie-Bruxelles). Il sera mis gratuitement à la disposition du public au Musée national de la résistance, 14, rue Van Lint à Anderlecht. Le musée est toutefois actuellement fermé pour rénovation.

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