Thierry Neuville: «Ce week-end, je pars à la chasse au Français et au Gallois»

Jamais, sans doute, le rallye de Finlande n’a aussi bien porté son surnom de «Grand Prix sur terre». Plus concentrée que jamais (287 km chronométrés au total), la compétition nordique risque d’être une affaire de spécialistes locaux. Thierry, dans quel état d’esprit abordez-vous cette compétition? J’ai l’esprit serein, dégagé. Je suis conscient que mes chances au championnat sont extrêmement réduites. Je vais donc attaquer ce rallye de Finlande d’une manière différente. D’habitude, la course se déroule au cœur de l’été et je me bats pour la couronne mondiale. Je dois donc rouler vite tout en gardant à l’esprit qu’une sortie pourrait ruiner mes chances. À cause de la pandémie et du chamboulement dans le calendrier, cette épreuve est l’antépénultième de la saison. Je vais être plus agressif, en mode chasseur. Ce week-end, je pars à la chasse au Français (Ogier) et au Gallois (Evans). Le fait que la course se déroule en automne risque-t-il de changer quelque chose? Au niveau du parcours, je ne pense pas. On a reconnu les spéciales sur des chemins de terre très durs. Il n’y avait pas le moindre centimètre de boue et pas davantage de poussière. Donc, par rapport à l’adhérence rencontrée l’été, il ne devrait pas y avoir de différence. En revanche, la position sur la route devrait être moins pénalisante pour les premiers. Comment expliquez-vous qu’à vos débuts en WRC, vous étiez terriblement performant sur ce parcours très particulier mais vous l’êtes moins depuis que vous avez intégré l’équipe Hyundai. Est-ce une question d’empattement de la i20? Peut-être… Une chose est sûre: nous éprouvons des difficultés à faire passer la puissance sur ce sol très dur où les pneus n’arrivent pas à creuser une trace. Le profil des spéciales estoniennes est relativement semblable mais le sol, en revanche, est un peu moins dur. Il offre plus de grip, le pneu parvient à «rentrer» dans la terre. Ce n’est pas le cas ici. Et puis, il faut aussi noter que ce rallye de Finlande se déroule sur les terres de notre principal concurrent, Toyota. Peut-être l’architecture de la Yaris est-elle plus favorable mais une chose est sûre: la Yaris est née ici. Elle peut rouler sur ces chemins tous les jours. Dans ce contexte, où pensez-vous vous situer dimanche? Terminer sur le podium me semble compliqué. Ce rallye sera plus spécifique que jamais. Les locaux devraient faire la loi. Franchement, si je parviens à me hisser au troisième rang, je serai particulièrement content. Ce sera la première expérience, à ce niveau, de votre équipier sur ces spéciales aux moyennes vertigineuses. Un handicap? On verra. Durant les tests, en tout cas, Martijn (Wydaeghe) s’est avéré parfait. À chaque fois, il était dans le bon tempo. J’espère que ce sera aussi le cas en course. On aura d’ailleurs intérêt à être en symbiose parfaite: le parcours est nouveau à 80%. Il n’y a que les spéciales de dimanche qui sont les mêmes. Samedi, en particulier, j’aurai besoin d’une confiance totale dans les notes qu’il me donnera. Sur ces spéciales, il n’y a aucune visibilité. Ce sont des enchaînements de virages aveugles et très rapides. La moindre hésitation risque de s’avérer coûteuse. Avec le départ de Sébastien Ogier, beaucoup font de vous le favori de la saison 2022? Vous partagez cette opinion? Sébastien n’a pas encore annoncé qu’il partait à la retraite mais je suppose qu’il l’annoncera dans les prochaines semaines. C’est dommage qu’un gars de sa trempe s’en aille. Il a toujours sa place en WRC mais c’est la vie et il sera vite remplacé. Moi, je serai encore là et, j’espère partager votre enthousiasme en faisant partie des favoris. En Grèce, voici deux semaines, vous n’avez pas caché votre irritation face à la FIA et à l’hybridation imposée l’an prochain. Il y a eu des réactions, notamment de vos collègues? Du côté de la FIA, je sais que les responsables n’ont pas été très contents. Je confirme les propos tenus alors: beaucoup de choses ne sont pas encore très claires dans ce règlement. Quant aux autres pilotes, je n’ai pas eu de réaction de leur part. Il est vrai qu’il est très difficile pour des jeunes de dire ce qu’ils pensent réellement.

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