Le Premier: Alexander De Croo est-il à la hauteur?

La nomination du Premier ministre de la coalition Vivaldi n’a pas suivi la tradition, tant s’en faut. Celle-ci veut que le choix revienne à la première famille politique du pays. Mais suite au rejet des deux plus grandes formations flamandes dans l’opposition et au refus poli des socialistes d’embrasser la fonction, c’est Alexander De Croo qui a finalement emménagé au Seize. Un an plus tard, où en est-on ? Si l’on se base uniquement sur la popularité, Alexander De Croo peut s’estimer heureux. Notre dernier Grand baromètre le place à la première position à Bruxelles et en Flandre et deuxième en Wallonie. Et, en moyenne nationale, son gouvernement est le préféré des quatre derniers. Les observateurs avertis, tant à l’extérieur du gouvernement qu’à l’intérieur, lui délivrent de leur côté un satisfecit. « Il est bon bilingue, se distingue par une bonne présentation, un calme apparent et la crise du covid a été globalement bien gérée », analyse Caroline Sägesser, chargée de recherche au Centre de recherche et d’information socio-politiques (Crisp). Alexander De Croo s’est également montré apte à rester au-dessus de la mêlée. Et il a dû se faire violence. Dans la Vivaldi, l’Open VLD, le parti du Premier ministre, représente l’aile droite. Malgré cela, Alexander De Croo parvient à se poser en arbitre au centre du jeu. » Au point parfois d’énerver certains de ses collègues, qui lui reprochent, y compris dans son propre parti, son entente un peu trop cordiale avec les socialistes. Mais le Premier ministre a manifestement choisi de faire fi de ses convictions personnelles pour assumer une fonction d’arbitre, quel qu’en soit le prix. [scald=28493590:sdl_editor_representation] La coalition Vivaldi se distingue, on le sait, par des querelles entre partis de la coalition, mais elles émanent le plus souvent des présidents de partis. « C’est un peu gênant, mais il est difficile d’en faire le reproche à Alexander De Croo, qui n’a pas de rapport d’autorité avec les présidents de parti », poursuit Caroline Sägesser. Sur le plan humain, les partenaires de la coalition que nous avons interrogés s’estiment écoutés par le Premier ministre, même s’il lui est fait le reproche de ne pas facilement changer d’avis. Bilan positif donc, pour ce membre du sixième parti au gouvernement. Mais nos interlocuteurs, dans et hors de la coalition, mettent un bémol. Ils se posent des questions depuis la rentrée de septembre. « Durant les inondations, il n’a pas été très présent, et il a fallu le temps pour qu’il donne une réponse concernant les 600 millions d’aides à la Wallonie pour faire face aux dépenses liées à la catastrophe. L’impression se dégage aussi que, durant la crise du covid, certains dossiers, comme les fins de carrière ou les orientations budgétaires, n’ont pas été préparés. Il semble que le Premier ministre perde un peu le contrôle. Nous saurons d’ici à la fin de l’année si cette impression se confirme. », dit Caroline Sägesser. Même doute au sein de la coalition, où certains partenaires estiment que, devant une forme de radicalisation du PS, l’axe d’Alexander De Croo avec les socialistes, qui a contribué à une certaine stabilité, semble aujourd’hui abîmé.

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