L’Église catholique belge se veut plus transparente

Un chiffre : 1.181. C’est le nombre de personnes ayant introduit une plainte pour abus sexuels dans l’Eglise auprès des points de contact ecclésiaux et du Centre d’arbitrage. Alors qu’en France la Commission indépendante sur la pédocriminalité dans l’Église catholique doit rendre son verdict ce mardi, des mesures de réparation pour les infractions prescrites ont été mises en place en Belgique à la demande de la Commission parlementaire spéciale. [scald=28509787:sdl_editor_representation] Instituée en 2010 après à la démission de Mgr Vangheluwe suite à des accusations de pédophilie, elle a mis au point un système unique au monde, copié depuis par la Suisse. « Nous avons fait œuvre utile pour les victimes pour lesquelles, une fois les faits prescrits, la justice ne peut plus agir », se souvient avec émotion Karine Lalieux (PS), présidente de la commission. « Il fallait que l’Église reconnaisse une responsabilité collective après ce qui s’était passé, ce mécanisme de protection de l’institution et l’omerta totale en son sein. » [scald=28509788:sdl_editor_representation] Entre 2012 et 2015, le Centre d’arbitrage a permis aux victimes d’obtenir, via une procédure gratuite où l’administration de la preuve leur était favorable, une reconnaissance de leur souffrance par l’Église. Sur les 628 dossiers reçus par le Centre, 121 ont été clôturés sans aucun dédommagement financier. Procédure pionnière Cette structure non ecclésiale permettait de garantir une sécurité nécessaire à ceux qui ne faisaient plus confiance en l’Eglise. Les données sur les 628 victimes nous apprennent que 71.50 % des dossiers étaient en néerlandais et 71 % des demandeurs avaient 50 ans ou plus. 41 % des victimes avaient entre 12 et 15 ans au moment des faits, 35 % étaient âgés entre 8 et 11 ans et 15 % n’avaient même pas huit ans. [scald=28509789:sdl_editor_representation] Dix points de contact au sein des diocèses, où collaborent des professionnels multidisciplinaires, sont aussi accessibles depuis 2012. 553 plaintes y ont été introduites, dont les données dessinent un constat semblable : majoritairement, il s’agit de plaintes en région néerlandophone, par des hommes de plus de 40 ans, pour des faits qui se sont produits il y a plus de 30, voire 40 ans, le plus souvent dans une école. Les abuseurs – presque tous des hommes — sont pour la plupart décédés. Reconnaissance, médiation réparatrice et mesure financière ont remplacé la justice pour les faits prescrits. « Face à un problème qui a duré 50 ans on peut faire beaucoup. Mais ce n’est jamais suffisant », reconnaît Manu Keirse, président de Dignity, la fondation représentant l’Église lors des procédures d’arbitrages et des indemnisations. Les points de contact doivent également inciter à porter plainte pour des faits non-prescrits. Des protocoles, codes de conduite, journées de mémoire et formations ont été mis en place par la Commission Interdiocésaine pour la protection des enfants et des jeunes. Depuis 2021, seuls deux points de contact mobiles accueillent les victimes. « Moins de personnes s’y présentent ces dernières années, explique Tommy Scholtès, porte-parole des évêques de Belgique. Mais on ne peut jamais dire qu’on a fait le tour du problème. Les victimes ont besoin de temps, l’actualité peut aussi remonter à la surface des choses difficiles. » Rappelons que toute victime ou témoin peut également s’adresser à la justice, qui initiera une procédure pour des faits non-prescrits.

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