Pandora Papers: ces Belges qui ont une brique dans l’offshore

Si 2004 fut une année amère pour le pilote de F1 David Coulthard – au terme de cette mauvaise saison, il fut remplacé chez McLaren-Mercedes –, l’Ecossais trouva néanmoins à se consoler sous des cieux ensoleillés : au mois d’avril de la même année, une société offshore nommée Alcazar Business International Limited fut immatriculée dans les îles Vierges britanniques, le pilote en est l’unique bénéficiaire. Et à lire les documents extraits des Pandora Papers, cette société a pour unique objet social la propriété d’un confortable appartement de 192 mètres carrés à Monaco, face au port de Fonvieille, avec vue sur le palais des Princes. Pas chiche, la société des îles Vierges entend mettre cet appartement d’une valeur d’un peu plus de six millions d’euros à disposition du pilote, de son épouse et de leurs enfants. « Sans paiement de loyer et ce pour une durée indéterminée », est-il précisé dans un des documents. Mme Coulthard est connue des Belges : née en 1973 à Charleroi, Karen Minier a étudié à l’ULB, a embrassé une carrière de mannequin puis rejoint TF1 afin d’y animer en 2003 et 2004 F1 à la Une. Le couple vit à Monaco et a un enfant en commun. Sollicité par Le Soir par le biais de son site web et de son intermédiaire monégasque pour la gestion de la société offshore, David Coulthard n’a pas donné suite et n’a donc pu confirmer qu’il avait un bien logé dans la société des Caraïbes. [scald=28541818:sdl_editor_representation] L’appétit de certains propriétaires de biens fonciers en Belgique pour les sociétés offshore a notamment été détaillé par Le Soir à l’occasion d’une autre fuite de documents financiers, les Panama Papers en 2016. Il se conforte dans les Pandora Papers. Si Karen Minier a choisi de vivre à Monaco, réputée pour sa température et sa fiscalité généreuse, Henricus, de nationalité néerlandaise, s’est sobrement installé à Brasschaat, en province d’Anvers. Il y est locataire d’une maison de quatre millions d’euros qui appartient à sa propre société des îles Vierges, Bracount Holdings Limited. Selon nos informations, Henricus et sa société possèdent aussi une maison, de construction plus récente, à Knokke. Le sexagénaire a également été, vainement, contacté par Le Soir. Maria D., une quadragénaire qui a hérité de son mari, a elle aussi choisi les îles Vierges pour créer sa société Table Mountain Trading Ltd, propriétaire d’un appartement de 450.000 euros à Kapellen. Yehuda, un ressortissant israélien de 62 ans, a quant à lui hérité pas mal d’argent de son père, qui avait une société de leasing d’avions. En 1991, il s’est porté acquéreur, par le biais de Zori Int Limited (îles Vierges), d’un appartement proche du parc Brugmann, à Bruxelles. Il l’a revendu fin 2017. [scald=28541963:sdl_editor_representation] Maison et offshore à vendre A Uccle, c’est Alla I., de nationalité russe, qui représente Berkeley Assets Corp, une société des îles Vierges propriétaire depuis 2011 d’une coquette villa dans un des coins les plus jolis d’Uccle. Une chance autant qu’une malédiction : Alla annonce depuis longtemps qu’elle voudrait liquider cette société mais Trident trust, le bureau qui gère l’offshore, ne déborde pas d’optimisme. « Nous pensons qu’il faudra des mois avant que les actifs de cette société soient liquidés », échangent par écrit deux employés de Trident en 2017. « Son principal actif est un bien immobilier situé en Belgique et qui a été mis en vente (…). De notre compréhension, il ressort que le marché immobilier en Belgique n’est pas particulièrement actif et qu’il faudra peut-être plusieurs mois avant de trouver un acheteur. » De fait, quatre ans et demi plus tard, cette villa de 450 mètres carrés, proche du Fort Jaco, est toujours affichée à plus de 1,8 million d’euros sur un site d’annonces immobilières. La vente, est-il précisé, pourra se faire de gré à gré ou « par cession de parts d’une société ». Lisez, les parts de Berkeley Assets Corp. Car c’est bien là l’avantage de faire détenir un actif immobilier dans une société : en cas de revente du bien, céder les parts de cet offshore au nouvel acquéreur permet à celui-ci d’éviter les droits d’enregistrement (12,5 % en Wallonie) et les frais de notaire (1,5 %). L’absence d’imposition dans certaines juridictions comme les îles Vierges ou le Panama explique l’attrait pour ces sociétés immobilières exotiques. [scald=28543874:sdl_editor_representation] Un autre appartement à Monaco C’est aussi ce que raconte, par la voix de son avocat, Frank Bamelis, propriétaire d’un appartement monégasque. M. Bamelis était coactionnaire de Senior Assist, un gestionnaire de maisons de retraite qui, en raison de graves difficultés financières, avait dû se défaire de ses établissements belges. Les actionnaires avaient mis en place, autour de Senior Living, une série de structures complexes, en Belgique bien sûr, mais aussi à Monaco, au Luxembourg, aux îles Vierges britanniques. Cet écheveau de sociétés, les soudaines déconvenues du groupe Senior Assist et les plaintes de nombreux investisseurs ont d’ailleurs provoqué l’ouverture d’un dossier au parquet de Flandre-Occidentale. Frank Bamelis a été, lit-on dans les Pandora Papers, actionnaire, avec son épouse de Amandine Inc, d’une société immatriculée aux îles Vierges par Trident Trust. Société qui détenait un compte bancaire à Monaco, où le couple réside depuis quelques années. D’après son avocat, Frank Bamelis « souhaitait acheter un appartement à Monaco, dont le propriétaire était Néerlandais. Comme cet appartement faisait partie de la société Amandine Inc, les parts ont été reprises par M. et Mme Bamelis afin d’acquérir l’appartement (…). Après trois ans, l’immobilier a été vendu et la société Amandine a été conservée jusqu’en 2019. Outre le bien immobilier, pendant la période où M. Bamelis était propriétaire d’Amandine, cette société a également été occasionnellement utilisée pour des factures de conseil. Ces factures d’Amandine à des sociétés belges ont fait l’objet d’un contrôle approfondi de l’Inspection spéciale des Impôts, notamment en raison d’une discussion sur le système fiscal applicable entre Monaco et la Belgique. Amandine n’avait aucun lien avec les activités de la maison de retraite en Belgique ou ailleurs. » ►Le dossier Pandora papers [scald=28527437:sdl_editor_representation]

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