Tracing covid à l’arrêt, les directions d’école sont démunies
La Promotion de la Santé à l’école (PSE) ne souhaite plus prendre part au tracing dans les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Face à la détection d’un cas covid, les directeurs et directrices d’écoles se retrouvent sans interlocuteur au bout du fil.


Depuis ce lundi, le personnel de Promotion de la Santé à l’école (PSE) ne fait plus le suivi des cas covid dans les écoles du réseau officiel subventionné et du réseau libre qui scolarisent 85 % des élèves. Fini donc de placer les enfants malades en quarantaine. Fini les fermetures de classes dans les écoles. Fini également de s’occuper de la vaccination des élèves. Les PSE refusent d’appliquer la directive ministérielle signée conjointement par la ministre de l’Education, Caroline Désir (PS), et par la ministre en charge de la médecine scolaire, Bénédicte Linard (Ecolo).
Via leur syndicat, la CNE, le personnel des PSE dénoncent la surcharge de travail causée par la gestion du coronavirus dans les écoles. « Des engagements étaient pris, visant à libérer le plus tôt possible les services de ces tâches supplémentaires. Mais faute de concrétisation, les représentants syndicaux ont envoyé le 4 octobre un préavis de grèves et actions collectives à partir du 18 octobre. » Une grève qui ne concerne que les missions de tracing et de vaccination… Et qui risque, par ailleurs, de s’éterniser vu la volonté du personnel des PSE de ne plus jamais devoir effectuer ces tâches supplémentaires.
Des directions abandonnées
Suite à cette annonce, la ministre Linard évoquait une collaboration avec l’Aviq en Wallonie et la Cocom à Bruxelles. « Une collaboration avec le call center régional est en train de se mettre en place à Bruxelles », relaie la ministre. « Celui-ci pourra dorénavant toucher tous les contacts à haut risque d’un cas, même en milieu scolaire, 7j/7, et gérer ces cas (codes prescription et certificats). Des contacts sont pris avec la Wallonie pour envisager également une collaboration renforcée du tracing. » Pourtant au cabinet de Christie Morreale (PS), ministre wallonne de la Santé, on maintient que le traçing dans les écoles demeure une compétence de l’ONE. « A ce stade, rien ne se confirme. Des réunions doivent avoir lieu. »
Sur le terrain, directeurs et directrices d’école se retrouvent bien seuls. « A l’heure actuelle, nous n’avons plus d’interlocuteur dans le cas où un cas positif se déclencherait dans nos écoles », regrette Alain Koeune, directeur du Collège Notre Dame de Bellevue à Dinant et président de l’association des directeurs de l’enseignement libre. « Nous comprenons que les PSE souhaitent retrouver leurs missions de base, mais les directeurs ne possèdent pas la formation médicale nécessaire. » Christine Toumpsin, directrice de l’institut Notre-Dame à Anderlecht et présidente du collège des directeurs du fondamental, partage l’ambivalence de son collègue. « Nous soutenons leurs actions, mais nous refusons de faire leur travail. Les directions ne sont pas habilitées à fermer des classes sans un avis médical. » Après un contact passé chez le PSE pour un cas covid, un autre directeur s’est vu renvoyer le numéro du tracing régional.
Au sein du réseau Wallonie-Bruxelles Enseignement, ce sont les centres PMS, sous la tutelle de la ministre Désir, qui ont la charge du traçing. « Les PMS ne sont pas à l’arrêt… pour l’instant », indique la porte-parole du réseau qui insiste sur l’épuisement des équipes. « A la suite d’une réunion organisée le 6 octobre avec les ministres Désir et Linard, les syndicats sont ressortis satisfaits. Ils sont désormais en attente des pistes proposées par la ministre Désir qu’elle défendra ce mercredi au Cim Santé. Ils espèrent que le tracing pourra être pris en charge en dehors du cadre scolaire afin de revenir à leurs missions de base. »
Linard sort du silence
La ministre de la Santé, qui est également ministre de l’Enfance en Fédération Wallonie-Bruxelles plaide pour un changement de paradigme dans la gestion des cas covid. « Et si on laissait les enfants tranquilles ? », se questionne-t-elle. « Les écoles et les collectivités d’enfants font partie des milieux les plus surveillés, alors qu’on constate, semaine après semaine, que le nombre de cas reste sous la barre des… 0,2 % des élèves francophones. (…) Est-il encore nécessaire et utile de maintenir les mesures lourdes et contraignantes de suivi de cas (tracing), de tests à répétition et de quarantaines pour des cas contacts sans symptômes (certains enfants de moins de 12 ans ont été testés jusqu’à 10 fois depuis le début de l’année !) ? »
C’est, toutefois, ce qui est inscrit dans la circulaire du 7 octobre dernier après des assouplissements des protocoles décidés en Cim Santé. Pour Caroline Désir, il convient de rappeler que la charge du tracing n’incombe pas aux directeurs. « La dernière circulaire validée par les deux ministres confirme bien que la responsabilité du tracing est à la charge des PSE. Il n’y a rien sur la table actuellement pour faire porter cette responsabilité sur les directions. »
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Heureusement qu'elles sont deux pour gérer et résoudre un seul problème! La solution sera vraisemblablement deux fois plus rapide. Vite une petite réunion.
Au Royaume-Uni, il a été clairement établi que ce sont les élèves qui jouent le rôle de propagateur ;surtout dans le secondaire): ils se contaminent l’un l’autre, et rapportent le cadeau à la maison. C’est irresponsable de dire autre chose. Mais visiblement on aime faire l’autruche et n’agir que quand il est déjà bien tard au lieu de proactivement enrayer les foyers de contaminations.
Ici aussi si on regarde les chiffres des cas par classe d'age ( Sciensano/ graphiques dynamiques/ cas), on peut observer que les 0-19 ans totalisent non seulement le plus de cas, mais aussi que la progression y est la plus forte.
Le théâtre continue.