Bruxelles repense son cadre urbanistique

Dépoussiérer les règles urbanistiques à Bruxelles, tel est l’objectif de l’ambitieuse réforme Good Living, portée par le secrétaire d’Etat Pascal Smet (one.brussels). En ligne de mire, donc, le règlement régional d’urbanisme (RRU), dont la dernière mise à jour date déjà de 2006. Un outil incontournable pour celles et ceux qui souhaitent construire ou rénover et une fameuse pièce à laquelle souhaite aujourd’hui s’attaquer le socialiste néerlandophone. Après une première tentative, avortée, en 2019, ce dernier a cette fois décidé de prendre le temps pour faire aboutir sa nouvelle mouture, annoncée désormais en 2023. Pour mener à bien sa réforme, Pascal Smet a décidé de mettre sur pied une commission d’experts, publics et privés, à charge pour eux d’établir une série de recommandations. « La Ville évolue et le la crise du covid a accéléré ce phénomène, indique Pascal Smet. Le RRU doit suivre l’évolution des pratiques actuelles et anticiper la transformation en cours du territoire au profit d’une plus grande résilience et d’une meilleure qualité de vie et de l’environnement. Pour ancrer la manière dont on va concevoir l’avenir en termes d’habitat et d’espace public. ». [scald=28586185:sdl_editor_representation] Présidé par l’architecte Oana Bogdan, ce groupe de douze experts s’est réuni à quatorze reprises et livre aujourd’hui ses premières conclusions dans un rapport comprenant 23 recommandations et pas moins de 90 pistes de solution. Parmi les recommandations, on retrouve notamment la question de la densité. « Qui n’est pas explicitement présente aujourd’hui dans le RRU, pointe Antoine Crahay, de CityTools, qui a accompagné les experts pour la Région. On parle surtout de gabarits ; or, la densité est une question importante ». La commission souhaite que toute demande de permis à partir de 1.00 m2 intègre cette notion, sachant qu’« ajouter de la densité dans des quartiers déjà très denses n’est pas toujours souhaitable ». Autre préoccupation, la gestion des eaux de pluies. « Il y avait un besoin de simplification des choses. Il en est ressorti un principe général : les eaux pluviales d’une construction doivent pouvoir se gérer à l’échelle de la parcelle et donc sans renvoyer à l’égout ». Et si cette dernière option s’avérait malgré tout impérative, elle devrait être justifiée. Souplesse au m2 Même topo côté espace public, où les dimensions de chaque élément, du poteau à la largeur d’une piste cyclable, sont précisément décrites. « L’idée encore est de simplifier le texte en définissant plutôt des objectifs comme la répartition entre les modes de déplacement, en disant par exemple que la voiture ne peut pas prendre plus de 50 % de l’espace public dans une voirie ». [scald=28586187:sdl_editor_representation] La précision est tout autant de mise dans les logements, pratiquement chaque pièce étant dimensionnée dans le RRU. Au risque de voir les promoteurs multiplier les constructions sur mesure. « Cela freine la capacité de créativité des architectes. Dans certains cas, il pourrait être intéressant de faire une chambre de 12 m2 plutôt que de 14 si cela permet de donner du volume au living. L’idée est là aussi de donner plus de flexibilité en fixant une taille globale et suffisante pour la totalité du logement en restant sur les standards du RRU actuel ». Mise en avant, toujours au rayon logement, l’obligation de doter les futures constructions d’espaces extérieurs. « Cela fait partie des conditions d’habitabilité d’un logement. On a étendu cela à tout type de bâtiment car c’est important également pour les bureaux », poursuit Antoine Crahay. Douze chambres max pour le coliving Absent aujourd’hui du RRU, l’encadrement du coliving va faire son entrée. Un incontournable pour un secteur qui ne cesse de se développer à Bruxelles. Dans un certain brouillard, au grand dam des communes notamment. « Il y a effectivement une difficulté d’encadrement dans le texte qui existe aujourd’hui. L’idée est de fixer des conditions, tant pour les chambres que pour les pièces communes, pour permettre ce type d’habitat, utile et souhaitable, mais dans de bonnes conditions ». Un espace de coliving aurait ainsi une capacité maximale de douze chambres. Pointée aussi la nécessité de créer un référentiel d’équipements minimum du logement tenant compte des besoins spécifiques au-delà de cinq chambres (salle de bain, toilettes…). [scald=28586186:sdl_editor_representation] Et Pascal Smet d’annoncer qu’il n’attendra pas l’atterrissage de Good Living pour agir dans le domaine. « Dans les semaines qui viennent, je vais préparer, sur base de ces recommandations et de celles des communes, une circulaire pour encadrer le développement du coliving à Bruxelles ». S’appuyant sur le rapport des experts, Pascal Smet souhaite faire rédiger un texte qui sera présenté au gouvernement en première lecture dans les six mois, avec l’espoir de faire aboutir la réforme Good Living en 2023. « Chaque projet nécessitant un permis d’urbanisme doit être considéré comme une contribution durable à l’ensemble de la ville, a conclu Oana Bogdan. Cet objectif ne sera rendu possible que par une vision commune entre administrations et pouvoirs publics, partagée avec la société : une culture bruxelloise de l’espace urbain de qualité ». [scald=28586184:sdl_editor_representation]

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