Arthur Theate: «Nous, les jeunes, sommes prêts à assurer la relève quand il le faudra»

Un transfert à Bologne, la découverte de la Serie A et un récent statut de Diable rouge : Arthur Theate vit un véritable conte de fées en ce début de saison. Appliqué et généreux dans l’effort, le défenseur belge se donne les moyens de ses ambitions. Guère étonnant, du coup, qu’il se soit mis à l’italien. « C’est une langue très proche du français, donc c’est assez facile au niveau de l’apprentissage », pose le garçon de 21 ans, dont la gouaille et l’accent liégeois font toujours partie intégrante du personnage. En seulement quelques semaines, vous avez déjà fait forte impression alors que personne ne vous connaissait en Serie A. Votre premier défi est réussi, finalement ? Vous savez, beaucoup de monde se demandait qui était ce jeune Belge qui débarque à Bologne. Mais c’est comme à Ostende, où je suis arrivé en tant qu’inconnu en provenance des Espoirs du Standard, j’ai dû faire ma propre place. Et, depuis, ça se passe vraiment très bien. On parle souvent de temps d’adaptation pour les nouveaux joueurs, mais ça a été très vite pour moi. Seulement une semaine après mon arrivée, je rentrais déjà au jeu à San Siro. Ensuite, j’ai engrangé de plus en plus de minutes… jusqu’à devenir titulaire. [scald=28615590:sdl_editor_representation] Cet été, vous avez quitté Ostende pour Bologne, en toute fin de mercato, dans des circonstances particulières… À la base, je devais partir à Bologne au mois de janvier. Mais, avec Ostende, nous avons décidé que c’était encore un rien trop tôt pour moi. Nous avons alors poursuivi les négociations avec Bologne avant que d’autres clubs se montrent intéressés. Dans mon esprit, je donnais la priorité à Bologne et, normalement, je ne devais même pas reprendre le championnat avec Ostende car je voulais faire la préparation estivale en Italie. Le problème, c’est que les clubs ont tardé à se mettre d’accord et je n’ai signé que fin août. Aucune formation du championnat de Belgique ne s’est manifestée ? Il y a eu quelques contacts avec certains clubs étrangers et belges. Mais si c’était pour rester en Belgique, je préférais poursuivre à Ostende avec le coach Alexander Blessin. J’avais sa confiance à 100 % et je ne voulais pas partir pour une autre formation du pays. À 21 ans, c’était le moment idéal pour franchir ce palier ? Pour moi, il n’y a pas de moment idéal dans le football. Chacun fait son chemin. Par exemple, Alexis (NDLR : Saelemaekers) est parti très jeune d’Anderlecht pour rejoindre l’AC Milan et s’y est imposé. Certains partent plus tôt et d’autres attendent quelques années, ça dépend des joueurs… Vous êtes encore au stade de la découverte de la Serie A. Qu’est qui vous impressionne le plus dans le football italien ? Indéniablement, l’aspect tactique. Vous pouvez demander à Alexis Saelemaekers, Zinho Vanheusden ou Daan Heymans, c’est comme un retour sur les bancs de l’école en fait, où on apprend un nouveau type de football. [scald=28615371:sdl_editor_representation] Avoir un certain Sinisa Mihajlovic en tant que coach, ça doit aussi être grisant… Avant de signer, il a pesé énormément dans la balance. C’est un entraîneur qui, auparavant, jouait à la même position que moi : il était aussi un défenseur central gaucher. Il est clair que, dans mon esprit, c’est idéal d’être sous ses ordres à Bologne. C’est vraiment le top, il me donne beaucoup de confiance et d’assurance sur le terrain. Par rapport à Blessin, c’est un coach qui est peut-être un peu moins proche de ses joueurs, mais ça ne me dérange pas pour autant. Le fait que Bologne évolue également avec une défense à trois vous a aussi aidé ? Lors des deux ou trois premières semaines, on jouait à quatre derrière. Ce que j’avais déjà fait l’une ou l’autre fois avec Ostende, donc ça n’a pas posé de problème. Mais, c’est vrai que c’est top de jouer au sein d’un trio défensif. J’adore ce système de jeu. Je me sens super bien à cette position pour pouvoir reconstruire de l’arrière. Je suis titulaire depuis quelques matches maintenant, donc j’espère que ça va continuer de la sorte. Cerise sur le gâteau : vous avez déjà marqué à deux reprises. Étonnant pour un défenseur ? Je ne m’attendais certainement pas à de tels débuts, mais je pense être un joueur assez dangereux sur phases arrêtées. Je l’avais déjà prouvé avec Ostende la saison dernière avec cinq buts. Finalement, Bologne – avec de la qualité au sein du noyau sans devoir composer avec une pression insoutenable – semble être le club idéal pour parfaire votre développement ? Par rapport aux grands clubs italiens, il n’y a pas une pression terrible, mais nous devons quand même vivre avec certaines exigences. Bologne ne se satisfait plus de la 10e ou la 12e place. La direction a été très claire à ce sujet en début de saison. Nous devons ambitionner la première partie du tableau et essayer de rester accrochés le plus longtemps possible au wagon des sept gros clubs de Serie A. Décrocher un ticket européen en fin de saison me semble compliqué mais Bologne demeure, à mes yeux, une très belle étape intermédiaire. Au cœur d’un effectif très expérimenté (Medel, De Silvestri, Soriano…), vous côtoyez aussi un certain Marko Arnautovic… Il a son caractère, il ne faut pas dire le contraire. Il est peut-être plus fou que d’autres joueurs, mais ça reste un top mec. Je parle souvent néerlandais avec lui (NDRL : l’Autrichien a joué à Twente) et il m’a d’ailleurs aidé, quand je suis arrivé, pour trouver une maison. En Serie A, vous avez déjà croisé la route de Vanheusden. Quand on est loin de sa famille et que l’on a très peu de choses qui nous permettent de nous raccrocher à notre pays, ça fait plaisir de revoir des connaissances, des amis. Avant le match contre le Genoa, nous avons discuté pendant dix bonnes minutes avec Zinho. Ce sont des chouettes moments qui permettent de reparler notre langue maternelle, d’échanger sur le championnat, sur Ostende ou sur le Standard… Car je continue à suivre les matches en D1A. Votre ancien club n’est d’ailleurs pas au mieux en ce moment… J’ai encore régulièrement des contacts avec Nico (Raskin) et Hugo (Siquet). C’est une situation assez compliquée que vit le Standard actuellement. Il y a eu un fameux nettoyage au sein du club mais, comme je n’y suis plus, je préfère ne pas porter de jugement sur ce qu’il se passe là-bas. Ce n’est plus vraiment mon problème. Vous êtes revenu en Belgique, lors de la dernière trêve internationale. L’occasion d’être repris avec les Diables rouges pour le Final Four. Une forme d’aboutissement personnel ? C’était un rêve pour moi. Quand on est footballeur de haut niveau, on espère un jour représenter son pays. C’est sans doute la plus belle des choses dans ce sport. J’étais vraiment très heureux de cette semaine. Être à côté de joueurs qui évoluent dans les meilleurs clubs du monde, c’était vraiment top. Et, pour le coup, avec France-Belgique et Italie-Belgique, il y a pire comme premières sélections (il sourit). [scald=28615372:sdl_editor_representation] Une semaine qui s’est avérée un peu folle. En fait, quand je suis arrivé en Belgique le lundi, les Diablotins savaient avant moi que j’allais avec les Diables rouges mais ils n’avaient pas communiqué à ce sujet. Lors du premier rendez-vous avec les U21, on m’a dit que je devais partir avec les A. J’ai donc fait directement le transfert pour rejoindre la sélection avant de partir en Italie. On imagine que vous auriez quand même aimé disputer quelques minutes avec les Diables ? J’aurais bien aimé jouer, c’est clair. Mais il n’y avait pas pour autant de déception ou de sentiment de frustration comme j’ai pu le lire dans certains articles. Il était indiqué que je restais sur ma faim… mais ce n’est pas du tout la vérité. Aurai-je ma chance lors du prochain rassemblement ? J’espère, on verra bien. Ce sera le choix du sélectionneur de toute façon. Roberto Martinez vous a fait comprendre qu’il comptait sur vous à l’avenir ? Il s’est montré très content de moi, nous avons eu une longue discussion. Comme pour d’autres jeunes joueurs, je pense que nous sommes prêts à assurer la relève quand le moment sera opportun. Nous avons été formés pour ça. En attendant, nous essayons d’apprendre un maximum des joueurs de cette génération « dorée », c’est génial d’être à leurs côtés. Et il faut aussi les remercier. C’est entre autres grâce à eux que de plus en plus de joueurs belges partent à l’étranger, ils ont ouvert la voie et ont donné davantage d’opportunités aux plus jeunes. La Coupe du monde au Qatar, vous commencez à en rêver ? Je suis un footballeur, un compétiteur. Si je peux jouer le plus de matches possible, je le ferai. Si j’ai l’opportunité d’aller au Qatar, j’irai. Après, si je vous dis que je n’ai pas envie d’y aller, allez-vous me croire ? Probablement pas. Exactement. Donc, si je peux y aller, ce serait incroyable. Ce n’est pas impossible. On ne sait jamais, il n’y a rien qui est fait, mais il faut que je continue à prester en club. Car ça passera avant tout par mes performances avec Bologne et l’équipe nationale. Sans oublier les Diablotins. Sera-ce facile de concilier, ces prochains mois, les objectifs avec les U21 et les Diables rouges ? Je suis formé pour ça et je me donnerai à fond dans les deux situations. Que ce soit avec les Diables ou avec les Diablotins. C’est ça, le secret. En attendant, j’espère que nous allons nous qualifier en novembre pour la Coupe du monde 2022 mais aussi pour l’Euro U21 en 2023.

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