Afrique: la ministre de l’Enseignement rappelle que l’histoire de la colonisation fera bien partie des référentiels

Comment intégrer l’histoire coloniale de la Belgique dans les programmes des écoles en Belgique, comment nourrir la mémoire des jeunes et en tirer des enseignements pour l’avenir ? Alors qu’elle s’envolait la semaine dernière pour Kinshasa, Caroline Désir, ministre de l’Enseignement (PS) de la Fédération Wallonie-Bruxelles, a été rattrapée par la publication du rapport sur la colonisation rédigé par des experts chargés de préparer le travail de la future commission parlementaire. [scald=28622100:sdl_editor_representation] Les conclusions du document ne l’ont pas réellement surprise : « Elles sont fortes, claires, elles soulignent la violence d’un système et la réalité d’un racisme institutionnel. C’est sans équivoque et il était important de le rappeler. Au niveau de l’éducation, nous savions tout cela et ne serons pas pris en porte à faux. » Plus que jamais, la ministre entend désormais mettre en œuvre sa feuille de route rédigée lors de la constitution du gouvernement, à savoir « inscrire l’histoire coloniale dans le programme de nos établissements d’enseignement ». La liberté pédagogique avant tout La ministre insiste cependant sur la liberté pédagogique. Les recommandations porteront surtout sur le référentiel, « ce que l’on doit apprendre » tandis que les programmes, eux, demeurent définis par les réseaux d’enseignement. « Nous avons deux référentiels portant sur les cours d’histoire, l’un destiné à l’enseignement professionnel et l’autre, qui a vingt ans et ne comporte pas de référence au Congo. Il va s’étoffer et l’histoire de la colonisation fera partie du tronc commun de ce qui sera enseigné aux élèves jusqu’en 3e secondaire. Il nous restera à définir les contenus enseignés dans le cycle supérieur. » [scald=28622101:sdl_editor_representation] Etant donné les étapes de la réforme de l’enseignement, le changement ne sera appliqué qu’en 2027 en 2ème secondaire. Mais « un travail sur l’immédiat devrait proposer dans les prochaines semaines une série de ressources pédagogiques aux équipes éducatives. » Selon la ministre, les enseignants pourraient bientôt disposer d’outils pédagogiques, dont notamment le programme Bokundoli, une approche novatrice pour promouvoir une meilleure connaissance de l’histoire du Congo. Des écoles en grève A Kinshasa, la ministre belge a visité plusieurs écoles où les élèves maîtrisaient relativement bien l’histoire de leur pays, les circonstances de l’indépendance, la mort de Patrice Lumumba. La ministre a surtout constaté l’ampleur de la crise de l’enseignement qui frappe le Congo, depuis que la présidence de Félix Tshisekedi, désireuse d’alléger le fardeau de la scolarité payante, a décidé de supprimer l’obligation faite aux parents de contribuer aux frais scolaires. En marge d’un colloque consacré à l’enseignement de l’histoire, une jeune enseignante a interpellé la ministre : « J’enseigne dans un collège de bonne réputation, tenu par les Jésuites. Grâce à la contribution des parents, mon salaire s’élevait à 750 dollars, ce qui me permettait d’élever seule mes trois enfants, dont l’aîné qui est déjà à l’université. Maintenant que les parents ne doivent plus payer, je ne gagne plus que 150 dollars par mois car l’Etat n’a pris aucune mesure compensatoire. L’an dernier, j’ai essayé de tenir le coup, mais cette année depuis le 1er octobre, je suis en grève, comme tous mes collègues. Les enfants viennent à l’école, mais nous n’enseignons pas… » [scald=28622102:sdl_editor_representation] Outre l’épreuve de force que représente la grève et qui paralyse surtout l’enseignement catholique et les écoles privées, (parfois ouvertes dans un but uniquement lucratif) la ministre belge a découvert avec effarement la surpopulation des écoles congolaises : « La gratuité a provoqué un afflux, dans certaines écoles entre autres Ango-Ango, il y a 70 élèves par classe, installés sur un sol en terre battue et manquant de bancs… Si les enfants n’ont même pas de cahiers, par contre l’envie d’apprendre est frappante, tout comme la discipline. Le Congo compte 50.000 écoles primaires, nous, en Fédération Wallonie-Bruxelles, nous en comptons 2.700… Quelle différence d’échelle ! Même connaître le nombre total d’écoles existantes est difficile, d’autant plus que, comme ces établissements servent de centres électoraux, certains députés les ont multipliés dans leur circonscription à des fins politiques… » La ministre a aussi constaté combien étaient bienvenues les « Biblio malles » contenant des livres envoyées par la Fédération Wallonie-Bruxelles et distribuées dans 80 écoles par le Centre Wallonie-Bruxelles, très populaires surtout auprès des adolescents…

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