Junior Edmilson: «Le Standard, c’est mon club, ça me fait mal de les voir si bas»

Un entretien qui se veut exclusif, car sans détour. Junior Edmilson n’élude rien, pas même la fameuse histoire liée à son transfert du Standard vers Al-Duhail, contestée par Saint-Trond, qui a attaqué le club liégeois et son président en justice. « Tout s’est passé dans les règles, j’en suis persuadé ». Ses préoccupations sont donc ailleurs. Vers la quête du titre qatari, le bonheur de sa famille et la gestion de ses finances. Avec, en tête, l’immobilière du Standard de Liège. Junior, comment se passe le début de saison ? L’équipe tourne pas mal, et nous visons clairement le titre. Mais ce sera chaud de se défaire d’Al Sadd, la machine mise en place par Xavi, en partance pour le grand Barcelone. Leur jeu est incroyable et l’an passé, nous les avons affronté cinq fois, avec autant de défaites à la clef (NDLR : les deux clubs s’affrontaient ce mercredi soir). Et au niveau personnel, êtes-vous content ? Pas trop, car j’ai chopé le coronavirus. Une crasse. J’avais pourtant ma double dose et je faisais attention mais je l’ai quand même attrapé. Je peux vous assurer que c’est très difficile de s’en remettre. J’ai eu de la fièvre, j’ai perdu l’odorat et j’avais mal partout. J’étais cassé, comme si on m’avait battu. Surtout dans le dos. Quand j’ai pu reprendre les entraînements, j’étais pas bien car je ne savais pas courir. Et puis, le souffle, c’est un truc de fou… Il m’a fallu du temps pour retrouver une partie de mes sensations. Que vous manque-t-il pour être totalement de retour ? Des gros matches. Des prestations comme je sais les faire. En fait, c’est difficile à expliquer mais plus c’est chaud, plus je suis fort. Le président me le dit tout le temps : « Junior, des fois, on se demande si ça t’intéresse mais par contre, dans les affiches, t’es le meilleur. C’est quoi ton secret ? » J’en ai pas, si ce n’est que je joue à l’instinct. C’est le sang brésilien qui parle. [scald=28626837:sdl_editor_representation] Et la partie belge, elle dit quoi de tout cela ? Elle est contente d’avoir un break de six semaines avant les prochaines échéances. Car cela va nous donner des congés et je vais en profiter. Pour rentrer en Belgique, notamment, car j’ai des choses à faire à la maison. Je veux revoir mon Liège, ma ville, et les potes. Tout en faisant un crochet par le stade du Standard ? C’est possible, il faudra voir si le timing le permet. Ce qui est sûr par contre, c’est que je vais essayer de manger un morceau avec Bruno Venanzi, pour discuter de mon investissement dans l’immobilière qu’il a mis en place. J’ai la chance de gagner de l’argent, et d’avoir mis ma famille à l’abri. Une carrière de foot est courte donc la suite logique était d’effectuer des placements. Le Standard cherche des liquidités, c’est normal de lui venir en aide. C’est le supporter ou le businessman qui a sorti le chéquier ? Celui qui n’a pas compris que j’aimais le Standard comme un fou, je ne sais pas ce qu’il lui faut (rire). C’est mon club, mon coeur donc cela me fait mal de le voir si bas, tant dans le classement qu’à d’autres niveaux. J’ai pas mal discuté avec Nacer Chadli, qui m’a dit de foncer car c’est du solide. Je ne jette pas de l’argent par les fenêtres, ce n’est pas mon style. J’effectue un placement, qui plus est à Sclessin, c’est donc du tout bon. 27 ans et déjà en train de penser à l’après-carrière. Une preuve de maturité ? J’ai des projets, car je ne veux pas avoir de mauvaises surprises. Tout peut disparaître du jour au lendemain, j’en suis conscient. C’est pour cela que je veux élargir mes horizons. Prochaine étape, me lancer dans l’achat de maisons, en Belgique et à l’étranger. Et pourquoi pas investir à Dubaï, une ville que j’adore. J’ai des idées de commerces et autres mais je garde la surprise. Vous n’avez pas fini d’entendre parler de Junior (rire)… Et sur les terrains belges, risque-t-on de vous croiser ? Pas tout de suite. Je suis trop bien en fait. Ma famille est souvent avec moi, mon meilleur ami est assistant chez les jeunes à Al-Duhail, je joue dans un bon club. Bref, il en faudra énormément pour me sortir de ce championnat. Maintenant, rien n’est écrit dans le marbre. Tout le monde sait que le foot actuel va très vite… Une phrase qui risque de faire plaisir du côté de Bruges, une formation qui vous suit depuis plusieurs années. Est-ce une réelle option ? Cela fait plaisir de voir qu’un tel club s’intéresse à moi. Il ne faut pas se mentir, c’est une formation qui commence à se faire un vrai nom sur la scène européenne. Quand tu prends un point mérité face au PSG et que tu bats Leipzig chez lui, c’est que t’en as dans le ventre. La saison dernière, mon agent a discuté avec Bruges. Pour prendre la température. Mais Al-Duhail avait de grosses échéances, avec la Coupe du Monde des clubs et la Ligue des Champions. Le président comptait trop sur moi que pour entendre parler d’un départ. On vous sent heureux. Beaucoup plus que le Standard actuel. Est-ce que vous suivez toujours leurs matches ? Je les regarde tous. Et je m’énerve. Car tu vois de suite qu’il y a du talent dans ce groupe. La défense a de bons gars, qui savent mettre le pied. « Nico » et « Sam » au milieu, ça claque. Devant, Klauss et Muleka savent ennuyer n’importe quelle défense. Et puis, t’as Mehdi, le meilleur… Comment expliquer qu’autant de qualités ne parviennent pas à prendre des points ? C’est dans la tête. Et je crois aussi qu’il manque quelqu’un pour mettre le feu. Retourner Sclessin, pour chauffer le public. Quand je jouais au Standard, je savais ce qu’il fallait faire pour exciter le bazar. Un dribble, une action ou un gros duel. C’est ce que les supporters attendent. Ils ne sont pas là uniquement pour le jeu mais surtout pour voir des hommes sur le terrain. Une fois que Luka Elsner aura trouvé sa tactique, je suis certain qu’il appuiera sur cet aspect. J’en vois un dans le groupe capable de faire brûler les gradins : Denis Dragus. J’aime bien son style même si c’est un amoureux de la balle. Un poil trop mais je suis passé par là, c’est une maladie de jeunesse. Il doit donc ajuster son jeu, comme toute l’équipe en fait. Car les Rouches doivent être craints à la maison, ce qui n’est plus le cas actuellement. Mais cela va revenir, il suffit d’un peu de temps. Une denrée rare dans le foot actuel. Surtout quand le prochain match aura lieu au Club de Bruges. Vos anciennes couleurs ont-elles vraiment une chance de briller ? Ce sera difficile, très difficile même. Bruges est le numéro 1 en Belgique en ce moment, il suffit de voir les noms sur le terrain pour s’en rendre compte. Et le jeu qu’ils proposent est franchement top. Les courses, les transmissions, les reconversions. Tout va très vite et la moindre erreur de l’adversaire se transforme en punition. Mais le Standard est aussi le plus fort pour surprendre quand on ne l’attend pas. Se sublimer dans l’adversité, c’est un truc que j’ai toujours adoré… Surtout contre les troupes de Philippe Clement… Il paraît que c’est contre le Club de Bruges que j’ai marqué le plus souvent en Belgique (NDLR : 6 buts en 10 affrontements). C’est clair que j’ai toujours eu un petit truc face à cette formation, car j’aime me frotter aux meilleurs. Je me souviens d’un 4-4 là-bas (NDLR : le 22 avril 2018 lors de la cinquième journée de PO1) où j’avais marqué deux buts. Et des beaux en plus. J’étais en feu ce jour-là, car je sentais qu’il y avait moyen de faire quelque chose. Quand tu crois en tes qualités, tu peux toujours aller plus haut. C’est ce que je me suis dit en début de carrière et je pense avoir concrétisé pas mal d’objectifs. Que peut-on vous souhaiter de plus beau ? Ne plus avoir de soucis de santé car la Covid, c’est vraiment chaud. Et de devenir champion, tout en ayant la chance de disputer la AFC Champions League. Nous avions réalisé une bonne phase de groupes l’an passé mais nous n’étions pas dans les meilleurs deuxièmes, de quoi nous priver des huitièmes de finale. J’avais râlé car je voulais passer un cap. Ce n’est que partie remise car je suis un compétiteur. Un vrai. Et je vais le prouver, c’est une certitude…

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