Manifestation nationale: la 4e vague est sanitaire, mais aussi sociale

Le rendez-vous est fixé au jour de la Saint-Nicolas. Le 6 décembre, à l’appel de la CSC et de la FGTB, les manifestants défileront à Bruxelles sur la jonction Nord-Midi pour réclamer des mesures en faveur du pouvoir d’achat et des libertés syndicales. Un souci de plus pour le gouvernement ; certainement pas une surprise. Car à bien y regarder, alors que monte la 4e vague de la pandémie et que le politique se focalise sur les indicateurs sanitaires, le baromètre social signalait cette dégradation du climat. 1 L’impact contrasté du confinement Durant le confinement de 2020 et du début 2021, les différents gouvernements ont multiplié les initiatives pour compenser les effets de l’arrêt brutal d’un large pan de l‘économie. Avec des effets contrastés, comme le relève ce vendredi la Banque nationale. Ainsi, tandis que les revenus les plus élevés augmentaient leur épargne, les plus bas baissaient et devaient puiser dans leurs économies. En effet, dans nombre de cas, le chômage temporaire (80 % d’un salaire brut plafonné à quelque 2.700 euros) et le double droit-passerelle (entre 2.600 et 3.200 euros) ne suffisaient pas à compenser la perte de rémunération. Et au sein des ménages dont les ressources reposaient sur le seul salariat, il faut encore distinguer le sort de ceux qui ont pu travailler à distance, et de ceux qui étaient contraints à l’arrêt de leur activité. 2 La hausse des prix à la consommation Le confinement n’a pas été préjudiciable à tout le monde. Ainsi la grande distribution a-t-elle enregistré une hausse de son chiffre d’affaires. Et alors que la vie sociale reprenait peu à peu ses droits, au printemps dernier, le prix de certaines denrées a sensiblement augmenté. Pas assez encore pour doper l’inflation et offrir une indexation aux salariés (sachant que celle-ci permet rarement de compenser la hausse des prix). 3 L’explosion du prix de l’énergie Cela, les prix des produits énergétiques s’en sont chargés : depuis la rentrée, un plein d’essence ou de diesel oscille entre 90 et 110 euros, tandis que le mazout, le gaz et l’électricité, en hausse également, portent un rude coup au pouvoir d’achat déjà malmené des ménages les moins riches. Et cela d’autant plus que ce sont souvent ceux qui occupent un logement mal isolé. Certains fournisseurs d’énergie ont d’ailleurs suggéré à leurs clients de revoir à la hausse leur acompte mensuel et la quasi-totalité d’entre eux ne propose plus de tarifs fixes aux nouveaux venus ou à ceux qui renouvellent leur contrat. Cette explosion risque en outre d’avoir un écho retentissant lors de la régularisation annuelle. 4 Les salaires stagnent Car dans le même temps, les salaires n’évoluent guère. La marge a été fixée à 0,4 % en juin dernier, au grand dam des syndicats, et la prime exceptionnelle covid qui peut l’accompagner se négocie âprement dans les secteurs qui peuvent se le permettre. Ainsi la distribution (Lidl, Aldi puis Carrefour Market), après la chimie, est agitée par des revendications concernant les rémunérations et qui portent aussi sur des conditions de travail encore dégradées par la crise sanitaire. Même chose du côté des titres-services où les héros de 2020 ont l’impression d’avoir été oubliés. 5 Une menace ressentie sur les libertés Ce mécontentement social naît dans une société qui, à tort ou à raison, ressent parfois le prolongement des mesures sanitaires, l’instauration du Covid Safe Ticket et, maintenant, la possible obligation vaccinale (pour le personnel soignant, voire pour tous) comme autant d’atteintes aux libertés individuelles. S’ajoute à cela, côté syndical, la condamnation en appel des militants et dirigeants de la FGTB pour leur présence sur le pont de Cheratte bloqué, le jour de la grève nationale de 2015. Cette décision de justice était d’ailleurs, à l’origine, le motif de la manifestation du 6 décembre. Mais entre-temps, l’accentuation de la dégradation du pouvoir d’achat a gonflé cette autre vague de mécontentement. Il ne faudrait pas grand-chose pour qu’elle se mue en colère. La Vivaldi est prévenue. Poséidon est en colère. Il va falloir l’apaiser.

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