Choisissez le nouveau mot de l’année
Après une édition 2020 marquée par le surgissement de la crise sanitaire et de son vocabulaire spécifique, l’édition 2021 de l’opération s’annonce beaucoup plus ouverte selon le linguiste Michel Francard.

La fin de l’année se profile déjà à l’horizon. Pour Le Soir et la RTBF, cela signifie remettre en selle une opération désormais bien rodée, celle du « nouveau mot de l’année », qui verra cette fois encore les lecteurs du quotidien et les auditeurs et téléspectateurs de la chaîne publique désigner la création lexicale apparue au cours des derniers mois qui les a le plus marqués.
Cette opération ne vivrait pas sans l’amour passionné des mots et l’érudition généreuse de Michel Francard, linguiste et chroniqueur au Soir, ainsi que sans le soutien précieux du centre de recherche Valibel (UCLouvain). Avec les deux médias, ils ont su mettre en place une opération qui sonde les évolutions, inflexions et autres transformations de la langue à partir des observations du grand public.
Précisément, comment se déroule le processus qui d’ici à la fin décembre pointera le nouveau mot de l’année ?
En deux temps. Dans un premier temps, les auditeurs de la RTBF, les lecteurs du Soir et les internautes formulent jusqu’au 28 novembre au soir leurs propositions dans un sondage accessible sur les sites internet des deux médias, en veillant à accompagner leurs suggestions d’une courte définition.
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Dans un second temps, des linguistes du centre de recherche Valibel rassemblent ces propositions et soumettent celles qui rencontrent les critères à un jury composé de personnalités du monde des lettres et de journalistes de la RTBF et du Soir. A charge pour celui-ci de retenir dix mots parmi les plus pertinents et les plus créatifs. Il restera ensuite au grand public à faire son choix et à désigner parmi les dix propositions le nouveau mot de l’année 2021.
L’opération s’appuie donc solidement sur les propositions du public. Une manière de rendre celui-ci « conscient de l’évolution du français », comme aime à le rappeler Michel Francard.
Une stabilisation
Comment s’annonce l’édition 2021 du mot de l’année ? Très incertaine pour Michel Francard. Comprenez par là qu’aucun domaine et a fortiori aucun terme ne semblent s’imposer selon le linguiste. Ce qui n’était pas le cas en 2020 alors que la crise sanitaire était venue « fracturer » nos quotidiens.
« On a vécu en 2020 une période de grande créativité verbale, due à une crise qui fut sans précédent », remarque Michel Francard. « J’ai désormais le sentiment d’une sorte de stabilisation, voire de stagnation : on s’est installé dans la crise et la créativité de l’année passée s’est estompée. »
La remarque permet de souligner les conditions qui favorisent les inventions lexicales. « Elles répondent toujours à des besoins, ceux posés par des réalités nouvelles. Hormis dans le cadre d’activités poétiques ou artistiques, on ne crée pas des mots pour le seul plaisir de les faire exister. »
L’humour peut faire partie des réalités nouvelles qui justifient la création de nouveaux mots : « En 2020, malgré le contexte difficile, on a vu à l’œuvre une certaine créativité de type humoristique. Mais, en 2021, selon moi, elle s’est également estompée », déclare le linguiste.
Est-ce à dire qu’à ce stade un immense point d’interrogation recouvre le mot de l’année 2021 ? En tout cas, l’opération semble plus ouverte que jamais. « Les autres années, je pouvais dresser une courte liste de mots dans laquelle allait figurer le terme gagnant », souligne Michel Francard. « Cette année, j’en suis tout bonnement incapable. Certaines thématiques figurent bien en tête des préoccupations, comme l’urgence climatique. Mais il me semble que le matériel lexical propre à les exprimer existe depuis plusieurs années. Je suis donc vraiment curieux – et impatient – de voir quelle innovation lexicale ressortira des propositions du grand public. »
Enfin, en 2020, entre espoirs et désillusions, « déconfinement » l’emportait.
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