Les signataires: «Nous voulons être positifs, constructifs, ouverts»

Pourquoi cette initiative ? Nous avons fait le même diagnostic que beaucoup, sur la situation du pays. Nous écrivons cette lettre ouverte pour ne pas rester dans la marge et seulement dans la critique. Nous voulons être positifs, constructifs, ouverts en venant avec des propositions de solutions qui paraissent raisonnables. L’appel vise qui, le Premier ministre ? Tous les partis ? Le mieux placé pour prendre des initiatives, c’est évidemment le Premier ministre mais tous les partis sont concernés car tous ces projets sont transversaux. Si les partis rentrent, pour réagir, dans le réflexe de la « politique traditionnelle », on va retrouver les habitudes des rapports majorité – opposition, qui ont été particulièrement durs depuis la mise en place de ce gouvernement. Qu’est-ce qui vous lie tous les trois ? Nous avons vécu ensemble, à B Post, une expérience dans un environnement qui était également extrêmement bloqué par des problèmes politiques, de structures, de budget, de performance. Mais on a vu que même dans un tel contexte, il était possible de faire faire. Et cela en appliquant la même approche, par projets, que celle que nous recommandons aujourd’hui pour le pays et qui a donné des résultats. Vous ne craignez pas que ce soit vu comme une initiative de « patrons » ? Ce n’est pas le fait d’être ou d‘avoir été patron qui compte ici, mais c’est l’expérience vécue, qu’on veut partager. Il ne s’agit pas d’une initiative gauche-droite, nord-sud, centralisatrice ou décentralisatrice, mais d’une approche par projet que nous pensons efficace pour faire sortir le pays de l’ornière. Le pays a besoin d’autre chose que d’accusations, de critiques réciproques, de commissions d’enquête. Il a besoin d’un rêve, de voir que les choses s’améliorent, d’une démarche positive pour relancer la machine. Pourquoi pas d’autres signatures ? Avez-vous essayé ? Nous avons des réactions positives à notre initiative autour de nous. Mais ce n’est pas le nombre de signatures qui est important, ce n’est pas le fait d’avoir une ou 20 signatures en plus, mais ce sont les réactions politiques. Si notre démarche n’en provoque pas, alors peut être que d’autres signatures seront nécessaires pour la porter. Nous croyons plus en fait à l’effet de vague qu’à celui de l’addition. Nous sommes face à deux possibilités : soit l’idée est bonne, mais elle ne reçoit pas de support politique, et alors que d’autres se signalent peut aider. Soit elle n’est pas bonne, et il est possible que d’autres proposent autre chose. En attendant, cela aura déjà fait avancer le débat. Que dire à ceux qui pourraient penser que cela nourrit le populisme via le rejet du politique où « tous seraient inefficaces » ? Que c’est exactement l’inverse. Si nous étions poujadistes, nous nous arrêterions à la critique, à dire que tout va mal. Notre appel est une preuve d’une très grande confiance dans le monde politique, et dans le fait qu’il est capable de résoudre les problèmes de ce pays. Pourquoi ne pas se concerter sur des projets évidents ? Qui peut ainsi nier par exemple qu’il y a un gigantesque problème de mobilité dans ce pays ? Pour lequel il faut impliquer nombre d’acteurs, de niveaux et de leviers de pouvoir : SNCB, Stib, De Lijn, mais aussi la fiscalité, qui appartient à la solution. Il faut d’abord voir comment régler les problèmes. Si cela touche à la manière dont les compétences sont exercées aujourd’hui dans le pays, il faut d’abord élaborer une solution pratique, pour ensuite seulement changer les textes de loi si cela s’avère nécessaire. Dans ce pays, beaucoup de blocages partent de la lasagne institutionnelle. Mais notre idée est : « ne commencez pas par la lasagne, résolvez d’abord les problèmes par des accords entre vous, pratiquement, et ensuite seulement améliorez les textes qui régissent la lasagne ». C’est comme cela qu’on gère les grands projets dans les entreprises. Et en procédant ainsi, on évite de se focaliser pendant des années sur l’institutionnel, qui redevient un support pour résoudre les problèmes des gens. Pensez-vous que votre démarche va changer quelque chose ? Que le premier ministre va vous répondre, vous appeler ? Si cela ne bouge pas, quid après pour vous, que ferez-vous ? Nous croyons réellement que le monde politique ne va pas rester insensible car on entend trop de personnes autour de nous évoquer et se désespérer de cette inefficacité dans tant de domaines. Notre moteur est aussi la peur, peur qu’on aille dans le mur et que la population se décourage si rien de positif ne se passe et vote pour les extrémismes aux prochaines élections.

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