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Présidentielle française: une vidéo choc pour la candidature de Zemmour

Eric Zemmour a officialisé sa candidature à la présidentielle ce midi dans une vidéo choc. Le polémiste d’extrême droite espère ainsi relancer une campagne qui dévisse après de très mauvaises séquences.

Envoyée permanente à Paris Temps de lecture: 4 min

Dix minutes d’images choc. Vantant, en noir et blanc, la France d’avant et prétendant sauver le pays du péril migratoire : telle est la forme choisie ce midi par Eric Zemmour pour officialiser sa candidature à la présidentielle. Dans une déclaration de dix minutes, lue devant une bibliothèque et avec en fond sonore la Septième de Beethoven, le polémiste d’extrême droite a déclaré sa flamme à la France sans d’ailleurs jamais la regarder dans les yeux, se contentant de lire un texte derrière un micro qui prétendait rappeler celui de De Gaulle lors de l’appel du 18 juin…

C’était la fenêtre de tir qu’il avait imaginée. Se déclarer au moment où la droite classique allait entamer son congrès de désignation du candidat présidentiel, dans l’espoir de la parasiter. Et avant son premier grand meeting, prévu dimanche prochain au Zénith de Paris.

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« Mes chers compatriotes, un même sentiment vous étreint. Vous marchez dans les rues de vos villes et vous ne les reconnaissez pas », a-t-il entamé sur un ton sépulcral, consacrant l’essentiel de son intervention à ce qui a fait l’obsession de sa précampagne : la dénonciation d’un prétendu « grand remplacement » opéré par une « submersion migratoire ». Avec des images en noir et blanc ressorties des archives, Zemmour a dit vouloir réhabiliter la France d’avant. Il a vanté « le pays de Jeanne d’Arc, de Louis XIV, le pays des chevaliers, de Pascal et de Descartes », « le pays de Notre-Dame de Paris, et des clochers dans les villages ». « Ce pays que vous cherchez partout avec désespoir et qui est en train de disparaître », a-t-il fait valoir, justifiant ainsi sa mue de polémiste à candidat : « Vous me connaissez, je me suis longtemps contenté du rôle de journaliste, de Cassandre. Je croyais qu’un politicien allait s’emparer du flambeau que je lui transmettais. Je suis revenu de cette illusion. J’ai donc décidé de solliciter vos suffrages », a-t-il indiqué en résumant ainsi sa campagne : « pour que les Français restent des Français ».

Une machine grippée

Depuis la parution de son livre auto-édité (La France n’a pas dit son dernier mot), en septembre, sa candidature ne faisait plus de doute. L’ex-journaliste avait parcouru la France pour donner des conférences ou se livrer à des séances de signatures qui ressemblaient déjà à des rendez-vous de campagne.

Son ascension dans les sondages avait été fulgurante en septembre. Au point que certains instituts le voyaient alors en mesure de se qualifier pour le second tour de la présidentielle en dépassant la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen, à qui la revanche de 2017 face à Emmanuel Macron semblait jusqu’alors promise.

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C’était avant le trou d’air rencontré par l’ancien journaliste du Figaro. En ce mois de novembre, Eric Zemmour a accumulé les déconvenues. Ses visites à l’étranger ont été chahutées. A Londres, où il voulait courtiser les riches donateurs, il a dû renoncer à la prestigieuse Royal Institution pour se rabattre dans un hôtel Ibis. A Genève, il a été déclaré indésirable par la maire de la ville, au nom des « valeurs » de cette ville d’ouverture. A Marseille, surtout, sa visite a tourné au fiasco le week-end dernier. Non seulement sa venue a été chahutée par des manifestants. Mais un geste a marqué les esprits : un doigt d’honneur immortalisé par un photographe. Un geste qu’Eric Zemmour avait adressé à une femme qui lui avait adressé le même geste et qu’il a regretté depuis.

Ses soutiens l’ont aussi progressivement lâché : le maire de Béziers, Robert Ménard, le patriarche de l’extrême droite Jean-Marie Le Pen et le financier Charles Gave notamment.

Il y a quinze jours, le 17 novembre, il devait aussi comparaître au tribunal pour complicité de provocation à la haine raciale, après déjà deux condamnations. Mais il ne s’était pas présenté au nouveau palais de justice de Paris, laissant son avocat seul à l’audience (le parquet a requis une amende de 10.000 euros, le jugement sera rendu le 17 janvier).

En retrait dans les sondages, Eric Zemmour a pris la troisième place. Derrière Marine Le Pen, à qui le second tour semble à nouveau promis. Mais devant le candidat de la droite, quel qu’il soit.

Avec cette entrée officielle en campagne, qui sera suivie ce soir par une interview au 20 heures de TF1, Eric Zemmour espère à présent rebondir.

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