Affaire Khashoggi: troublante erreur sur l’identité du suspect arrêté à Paris

Retournement de situation : le suspect arrêté hier à Paris dans l’affaire Khashoggi n’était pas celui que l’on croyait. Le procureur général français a confirmé ce mercredi que l’homme interpellé à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle n’est pas en lien avec l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.

À lire aussi Comprendre l’affaire Khashoggi en 2 minutes (vidéo)

L’affaire prend ainsi un drôle de tournant, après la diffusion hier d’informations concernant l’arrestation de Khalid al-Otaibi. Ce dernier, ex-membre de la Garde royale, est cité dans plusieurs rapports comme étant un membre présumé du commando qui a torturé, tué puis démembré le dissident saoudien.

À lire aussi Affaire Khashoggi: une arrestation qui tombe à point nommé

Au moment de son passage au contrôle mardi matin alors qu’il s’apprêtait à prendre un vol pour Ryad, un Saoudien avait présenté un passeport au nom de Khalid al-Otaibi et la notice rouge d’Interpol s’était activée, avait expliqué une source proche du dossier. « Les vérifications approfondies relatives à l’identité de cette personne ont permis d’établir que le mandat ne s’appliquait pas à elle », a indiqué ce mercredi Rémy Heitz, procureur général de Paris, précisant qu’« il a été remis en liberté ».

« Même moi, année, lieu de naissance »

«   C’est une homonymie quasiment parfaite   », a expliqué mercredi à l’AFP une proche du dossier. «   Les fiches de recherche recoupées correspondaient au profil d’al-Otaibi, même mois, année et lieu de naissance.   » «   Il y avait une ressemblance physique   », a ajouté la source, précisant que «   ce sont les éléments judiciaires parvenus de la Turquie qui ont fait libérer cet homme   ». Un mandat d’arrêt international pour Khalid al-Otaibi a été émis par la Turquie. L’assassinat de Jamal Khashoggi a eu lieu au consulat saoudien à Istanbul, où était exilé le journaliste.

Alors que des vérifications sur son identité étaient diligentées par les autorités françaises, l’ambassade d’Arabie saoudite à Paris avait assuré mardi soir que «   le citoyen en question n’a aucun lien   » avec l’assassinat de Jamal Khashoggi et exigé sa «   libération immédiate   ». Une source appartenant aux services de sécurité saoudiens avait affirmé mardi soir que «   le véritable Khalid al-Otaibi et tous les accusés dans cette affaire sont emprisonnés au sein du royaume   » saoudien. Plusieurs hommes ont été condamnés en Arabie saoudite dans l’affaire Khashoggi, au terme d’un procès dénoncé comme opaque. «   Il y a des centaines de Saoudiens qui portent ce même nom   », avait indiqué à l’AFP la source des services de sécurité.

À lire aussi La CIA incrimine le prince héritier saoudien dans le meurtre de Jamal Khashoggi

Cette drôle de méprise arrive trois jours après une rencontre controversée entre le président français Emmanuel Macron et le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane, cité dans plusieurs rapports pour son implication dans l’affaire Khashoggi.