Des fêtes de fin d’année «normales»: cet inaccessible rêve…

Les Belges célébreront-ils les fêtes de fin d’année de façon un tant soit peu habituelle ? Ça semble mal parti. Jusqu’il y a quelques semaines – rappelez-vous l’optimisme du début de l’automne – une majorité d’entre eux en était sans doute convaincue et, pour tout dire, s’en réjouissait fortement gardant en tête le souvenir morne de l’édition 2020 de ces célébrations. Oui mais voilà… Depuis les chiffres de contaminations et d’hospitalisations sont remontés significativement et des nouvelles mesures ont été prises pour tenter d’inverser cette dangereuse tendance. « Je ne l’ai pas directement constaté mais je peux très bien m’imaginer qu’une partie de la population attendait et attend peut-être encore toujours avec impatience les fêtes de fin d’année », affirme Stephan Van Den Broucke, professeur en psychologie de la santé (UCLouvain). « Derrière cela, je crois que l’on peut voir l’envie d’une compensation tout simplement par rapport aux fêtes qui n’ont existé que de façon très réduite l’an passé… On a vu le même phénomène à l’œuvre lorsque les frontières se sont rouvertes et que les gens ont retrouvé la possibilité de voyager il y a quelques mois. » A côté de cette part de la population, Stephan Van Den Broucke distingue un autre « profil » de personnes : « Des gens qui n’attendent pas les fêtes de fin d’année tout simplement parce qu’ils sont sur le qui-vive, le sont restés ou le sont redevenus à la suite des mauvais chiffres des dernières semaines. Certains d’entre eux vivent même dans la crainte des fêtes de fin d’année. C’est-à-dire qu’ils redoutent les réjouissances auxquelles certains s’accrochent car ils pressentent que celles-ci pourraient encore aggraver une situation déjà très compliquée. » [scald=28734537:sdl_editor_representation] Olivier Luminet, professeur de psychologie de la santé (UCLouvain-ULB) et membre du groupe d’experts « Psychologie et corona » décrit une ligne de partage semblable au sein de la population. « Effectivement, je crois que beaucoup de personnes se projetaient dans les fêtes jusqu’il y a quelques semaines », affirme-t-il. « Depuis lors, on a vu réapparaître un réflexe général de prudence et l’envie pour un nombre grandissant de personnes de ne plus prendre les mêmes risques. En conséquence, je pense que cela a pu se traduire ces dernières semaines par de grandes discussions dans les familles entre des membres de celles-ci plus anxieux et d’autres plus enclins à privilégier la sociabilité. Quitte à prendre des risques ? » Incertitude face au futur Olivier Luminet pointe dans le Baromètre de la motivation mis au point par l’UGent, l’UCLouvain et l’ULB – et auquel Le Soir est associé – un « grand niveau d’incertitude face au futur » : « Les gens sont de nouveau pour beaucoup face à l’inconnu, ils ne savent pas à quoi vont ressembler les prochains mois. Or, on l’avait vu, l’horizon temporel s’était élargi chez beaucoup de Belges au cours de l’été et au début de l’automne. Mais il s’est restreint depuis lors avec un horizon qui semble bouché de nouveau. » Le fait que les mesures prises par les autorités n’ont jusqu’ici pas « touché » réellement à la possibilité de se réunir en familles n’a toutefois pas permis de maintenir l’espoir de beaucoup de tenir des fêtes de famille à peu près « normales » fin décembre. « La majorité des gens met en balance besoins de contact et risques encourus », explique Olivier Luminet. « Or, ils constatent que les cas augmentent dans les écoles, sur les lieux de travail… Cela modifie leur jugement et cela entraîne prudence chez la plupart, voire inquiétude chez certains. » L’attente des fêtes de fin d’année n’est pas anodine. D’un point de vue psychosocial, elles apportent une série de bienfaits que différentes études ont documentés. « Elles vont d’abord servir de repères », explique Bernard Rimé, professeur émérite de psychologie. « Elles permettent en ce sens à tout un chacun de se situer dans ses racines et d’entrer en contact avec des valeurs et des symboles partagés. » Mais elles génèrent aussi un sentiment d’intégration sociale mêlé à une foule d’émotions positives. « Les conditions dans lesquelles les fêtes de fin d’année se déroulent vont véritablement procurer un sentiment de fusion », détaille Bernard Rimé. « Avec des membres de la famille dispersés toute l’année mais qui à l’occasion des fêtes se retrouvent et ressentent, autour des moments partagés, des cadeaux échangés, le sentiment d’une même unité. C’est extrêmement puissant. Ainsi on a pu mesurer qu’avec les fêtes, les affects positifs montaient. Idem pour la satisfaction générale par rapport à la vie. Quand au sentiment de solitude, qui constitue un problème de santé, il se réduisait également. » [scald=28734536:sdl_editor_representation]

Votre compte

Des fêtes de fin d’année «normales»: cet inaccessible rêve…

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

0 Commentaire

Aussi en Opinions

Chronique «Déjà vu»: L’Europe manquée de 1963

Chronique #visapourlaflandre: parlez-vous la «tussentaal»?

Édito Ukraine: des alliés coincés dans des enjeux schizophrènes

Le pape François juge «injustes» les lois qui pénalisent l’homosexualité (vidéo)

Comment traiter les restes des soldats oubliés?

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Vie privée: la Belgique une nouvelle fois mise en demeure

Quel est ce pays européen qui veut envoyer des armes à sous-munitions à l’Ukraine?

Des chars pour l’Ukraine: pour la «coalition des Leopard», la meilleure défense, c’est l’attaque

Flandre: une fille de 8 ans frappée à plusieurs reprises en pleine rue

Pour Solidaris, le juste prix du médicament n’est pas un jeu

L’une des plus grosses plates-formes IPTV disparait

Formules de politesse dans les e-mails : les erreurs à éviter

Les formules de politesse à utiliser dans un e-mail : guide pratique

« Une banque qui challenge le métier de banquier, ça change ! »

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel