Royaume-Uni: Boris Johnson face à la plus grande rébellion de son parti

L’esprit de Noël n’y est pas du tout pour Boris Johnson. Alors que le Premier ministre fait face à des enquêtes sur des Christmas parties organisées dans son gouvernement en plein confinement, les nouvelles mesures imposées face à la propagation d’omicron lui aliènent ses députés. Lors du scrutin sur son plan B, les nouvelles restrictions mises en place face à la propagation du variant, 99 Tories ont voté mardi soir à l’encontre du gouvernement. C’est grâce au Labour que ces nouvelles mesures ont pu être mises en place. Elles incluent notamment le recours à un pass-sanitaire pour participer à certains événements ou entrer en boîtes de nuit, ce qui est considéré comme liberticide par certains conservateurs de la branche libertarienne du parti. Alors que la majorité du gouvernement tient à 79 députés, cette rébellion tend à rappeler les pires heures du gouvernement de Theresa May. Sa prédécesseur au 10 Downing Street avait fini par démissionner en mai 2019 à la suite de rébellions répétées de ses députés lors de vote sur son plan de Brexit. « Le contexte était différent, rappelle toutefois Anand Menon, directeur et fondateur de The UK in a Changing Europe. D’un point de vue structurel, Theresa May avait aussi un problème de majorité et il a été prouvé qu’elle n’était pas une machine à gagner des élections. » [scald=28742169:sdl_editor_representation] Philosophie conservatrice Contrairement à la situation actuelle de Boris Johnson, les membres du cabinet de Theresa May s’opposaient aussi ouvertement à son projet et un de ses secrétaires d’État avait démissionné. Catherine Haddon, chercheuse à l’Institute for Gouvernement, indique aussi que la période de pandémie n’est pas propice à contester un leader et voit ce vote comme un signal envoyé à Boris Johnson plus que comme une remise en cause de son autorité. « Malgré les décisions prises durant cette crise sanitaire, il est considéré comme proche de la philosophie conservatrice selon laquelle le gouvernement doit intervenir au minimum dans la vie des gens », souligne-t-elle. Ce vote montre aussi la volonté de certains élus tories de remettre en cause les conseils scientifiques donnés au gouvernement et de dénoncer l’idée d’un pass-sanitaire comme inutile, puisque même les personnes vaccinées peuvent transmettre le virus. Or, c’est aussi la raison pour laquelle cette rébellion est à prendre avec des pincettes. « Si de nouvelles preuves scientifiques de la dangerosité d’omicron sont avancées, il est possible que certains députés Tories changent leur façon de voter », remarque Anand Menon. [scald=28742170:sdl_editor_representation] Promesses de campagne Néanmoins, le professeur estime que les défis restent nombreux pour le Premier ministre en 2022. « Le problème de l’inflation est un challenge pour le Premier ministre, de même que la poursuite du processus du Brexit, énumère-t-il. Il doit aussi prouver qu’il peut mettre en place ses promesses de campagne telles que le rééquilibrage de l’économie du Royaume-Uni, la construction de nouveau hôpitaux ou encore le recrutement de nouveaux policiers. » Une fois la pandémie passée, Boris Johnson devra aussi trouver une façon de répondre aux problématiques de son pays en satisfaisant tous ses électeurs, c’est-à-dire la base classique des conservateurs et les nouvelles régions du nord et du centre de l’Angleterre, qui ont l’habitude de voter Labour et qui ont des attentes tout à fait différentes de la base du parti. En attendant, l’occupant du 10 Downing Street doit faire face à un nouveau test ce jeudi avec une élection partielle organisée à North Shropshire, dans le nord du pays. Un vote de protestation pourrait remettre en cause un siège tory – et réduire d’un peu plus la majorité du gouvernement.

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