Sébastien Loeb: du désert à la glace

Depuis ses essais en Espagne, en octobre avec l’équipe M Sport chargée du programme Ford en WRC, la rumeur bruissait comme une voiture hybride dans une zone « basse émission ». Ce mardi, la nouvelle s’est confirmée : Sébastien Loeb sera au départ du prochain Monte-Carlo sur la toute nouvelle Puma WRC Rally 1. À bientôt 48 ans (le 26 février prochain), le nonuple champion du monde va donc reprendre du service dans cette discipline qu’il a marquée de son talent hors normes. Et ce sera dans l’épreuve qu’il a remportée sept fois. « Je pense que je peux encore être compétitif », clame l’Alsacien dans un communiqué. « Mais je sais combien le Monte-Carlo n’est pas une épreuve simple pour entamer sa collaboration avec une équipe. Sans oublier que les conditions y sont souvent difficiles. » C’est peu de le dire. Sébastien Loeb disposera d’une Ford avec laquelle il n’a pas beaucoup roulé par rapport à ses équipiers Breen et Fourmaux. Il manquera aussi de compétition à ce niveau. Sa dernière participation à une manche mondiale remonte au rallye de Turquie en octobre 2020 avec Hyundai. On vous accorde que l’homme n’a certainement pas perdu son coup de volant, que le Monte-Carlo est davantage une course de stratégie, de feeling et de gestion qu’un sprint échevelé, mais face à des concurrents qui usent de la gomme dans les chemins étriqués du mondial de semaine en semaine, Loeb sera peut-être un peu court. Et puis… Dans quel état de fatigue physique ou nerveuse Sébastien Loeb débarquera-t-il en Principauté ? Faut-il rappeler que le Français est engagé au prochain Dakar (avec notre compatriote Fabian Lurquin) dans une équipe Bahreïn Raid Extreme où il pourrait jouer un rôle en vue ? Le célèbre rallye-raid, qui se déroulera en Arabie saoudite du 1er au 14 janvier constituera la première course du programme majeur du Français l’an prochain. Son team, qui est en réalité une branche de l’écurie Prodrive, a construit un nouveau bolide pour la star française. L’équipe n’a pu réaliser les essais qu’elle avait programmés mais le tandem franco-belge est confiant. Qui sait ? Loeb-Lurquin pourraient créer la surprise. Mais si le Buggy tient le coup, qu’il arrive à Djeddah le 14 janvier, son pilote n’aura guère le temps de fêter sa performance à grands coups de jus de fruits... Il devra immédiatement sauter dans un avion en direction de Nice d’où il prendra la route pour les reconnaissances du Monte-Carlo dès le lundi 17 ! Aura-t-il eu l’occasion de récupérer des fatigues du désert pour attaquer la glace ? Sera-t-il nerveusement prêt à attaquer le défi alpestre après avoir cherché sa route, sué et probablement pelleté dans les étendues saoudiennes ? Les mauvaises langues prétendent que Loeb pourrait compter sur le manque de fiabilité de son matériel en rallye-raid pour mieux disputer le Monte-Carlo. D’autres, pas plus objectifs, affirment que c’est la Ford qui risque de connaître des soucis. Mais si, au contraire, le Buggy puis la Puma ne rencontrent pas de soucis majeurs, il pourrait alors réaliser un exploit de taille. Grâce à un équipier performant dans le désert, Loeb pourrait bien inscrire son nom à cette épreuve qui lui résiste. Au Monte-Carlo, sa tâche s’annonce plus compliquée. Surtout face à une équipe Toyota qui pourra toujours compter sur l’expertise de Sébastien Ogier (8 victoires, une de plus que son compatriote). Le changement de copilote, en revanche, ne devrait pas lui poser problème. Daniel Elena ayant pris sa retraite, c’est Isabelle Galmiche qui le remplacera. Cette souriante quinqua compte plus de 220 rallyes à son actif. Elle s’est régulièrement assise à côté de Loeb lors d’essais pris à chaque fois que son équipier habituel n’était pas libre. Au fait, Sébastien Loeb disputera-t-il d’autres manches WRC après le Monte-Carlo ? La communication officielle de l’équipe n’en parle pas. On suppose que le résultat dans l’arrière-pays niçois déterminera la suite du programme qui sera toujours secondaire par rapport aux épreuves en rallye-raid. C’est d’ailleurs le point sur lequel les négociations ont buté. En attendant, goûtons avec délectation au plaisir de voir Sébastien Loeb à l’œuvre au Dakar, avec un excellent copilote belge, puis sur les pentes tortueuses du Monte-Carlo. « Je garde une foule de bons souvenirs de cette épreuve. L’atmosphère y est toujours incroyable », résume cet éternel passionné qu’est l’homme aux 79 victoires en WRC.

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