Magritte ne se voit pas, il se vit

A la Boverie, l’exposition Inside Magritte s’est donné le challenge d’apporter le plus d’émotions possible aux petits et aux grands. Grâce à la technologie immersive – soit des murs de 5 mètres de haut où sont projetées des œuvres en mouvement –, le musée vous plonge littéralement dans l’univers du surréaliste belge. Vous ne venez pas voir Magritte, vous venez vivre Magritte. Vous entrez dans son travail et vous ressentez ce qu’il veut vous faire ressentir, c’est à dire... tout ce que vous voulez. Ici, les émotions sont le pilier central de l’exposition. Dans l’espace de cinq salles, 160 « toiles », défilant à 360 degrés du sol au plafond, ont été sélectionnées selon huit thématiques illustrant son parcours. Ajoutons à cela une salle de miroirs conçue comme un kaléidoscope d’images vous permettant d’être en plein milieu de l’œuvre, un documentaire sur Magritte et le cinéma, des représentations du quotidien (une pomme, une pipe, un homme en costume...), une expérience de réalité virtuelle et, chose rare dans ce type d’expo : quatre œuvres originales de l’artiste issues des collections du musée des Beaux-Arts de Liège. 1 Les sens en éveil Combien de fois avez-vous eu l’occasion de dire à un enfant, dans un musée : « Oui oui, tu peux toucher » ? Ici, c’est possible. Dans la salle principale, la salle d’immersion, les œuvres sont projetées sur les murs, les plafonds et même sur le sol. On marche sur les dessins qui défilent, ont peut les regarder de tout près et même entrer dedans. Grâce à une petite pièce carrée faite de miroirs et d’un projecteur, vous vous retrouvez en plein milieu de l’œuvre d’art. Mais la vue et le toucher ne sont pas les seuls sens sollicités puisque nous « entendons » aussi les œuvres. Une bande-son a été réalisée pour coller au travail de Magritte : le bruit des vagues s’invite dès qu’on en aperçoit dans une toile, ou encore du vent, et même du piano… 2 Les images en mouvement Pas de panique, vous n’assisterez pas simplement au défilé de 160 œuvres différentes. Dans cette exposition, les images prennent totalement vie et tentent de vous raconter une histoire. Où l’on assiste à un subtil mélange entre le monde réel et le monde surréaliste magrittien, en huit chapitres, du Cubo-futurisme (1919-1924) à la Consécration (1948-1967), en passant par la Période noire (1926-1930) et la Période vache (1948)… Enfin, en les plantant devant les quatre toiles originales, trois huiles, une gouache – La forêt (1927), La jeunesse illustrée (1937), La recherche de l’absolu I (1940) et L’univers interdit (1943) –, on apprendra aux enfants, comme disait le maître, qu’« Être surréaliste, c’est bannir de l’esprit le déjà-vu et rechercher le pas encore vu. » 3 La réalité virtuelle Pour 2 euros de plus (oui, les expos immersives sont souvent un peu trop chères), vous pourrez franchir de nouvelles frontières. Grâce à la réalité virtuelle, les émotions sont décuplées dès que l’on entre de plain-pied dans l’œuvre du peintre. Ces émotions pourtant, Magritte se défendait d’en être l’initiateur. Contre les interprétations de toutes sortes, il répétait que seul un tableau capable de résister à toutes explications était un tableau réussi. Il n’est donc pas question de trouver une explication rationnelle à ses images ni d’établir un lien entre elles et leurs titres. Il faut juste se laisser porter. Se laisser surprendre et enchanter par la poésie des images : voilà qui furent les intentions de René Magritte et celles qui présidèrent à la réalisation d’Inside Magritte.

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