Fabian Lurquin, copilote de Sébastien Loeb au Dakar 2022: «La plus grosse pression, c’est pour ma pomme» (vidéo)

46 ans et une boussole dans la tête. Fils de Jean-Marie, lui-même copilote talentueux, ancien pilote d’avion, Fabian Lurquin a souvent brillé dans les éditions précédentes du Dakar alors qu’il évoluait dans une petite structure. Cette fois, le challenge sera tout autre… [scald=28777004:sdl_editor_representation] Fabian, comment vous retrouvez-vous à côté de Sébastien Loeb dans ce Dakar 2022 ? L’affaire remonte au mois de mars dernier. J’ai reçu un coup de fil de Jean-Patrice Loof, un ingénieur français qui travaille chez Prodrive, la structure britannique qui construit les Hunter de Loeb, Roma et Terranova. Il voulait prendre la température. Je lui ai dit que si Sébastien m’appelait, je décrocherais. Ce que j’ai fait quelques jours plus tard. Seb m’a proposé un essai avec lui au Qatar. Nous étions deux : le motard français Xavier de Soultrait m’a précédé lors de ce test. Je suppose que mon expérience en voiture (Ndlr : le Belge en sera à son 8e Dakar et compte de nombreuses participations à d’autres rallyes-raid) a été déterminante dans le choix de Seb. Vous n’avez pas l’impression d’avoir ‘piqué’ la place de Daniel Elena, le copilote historique de Sébastien Loeb ? Pas du tout. La collaboration entre les deux hommes, en rallye-raid du moins, s’était terminée quelques semaines après le Dakar. Le siège de droite était vacant. Comment votre pilote habituel a-t-il pris la chose ? Mathieu Serradori est avant tout un entrepreneur qui s’implique en rallye-raid. Quand il a appris le divorce entre Loeb et Elena, il aurait dit à son épouse : « Tu vas voir, je vais perdre mon copilote. » Il a très vite compris qu’une opportunité comme celle de rouler avec une légende du calibre de Sébastien Loeb, ça ne se refuse pas. Vous êtes conscient que vos moindres faits et gestes vont être décortiqués, analysés, critiqués ? Bien sûr ! Je suis le mec qui va subir la plus grosse pression en début de Dakar. Mais je ne suis pas un remplaçant de dernière minute. J’ai eu six mois pour m’y préparer. Je ne vais pas changer mon approche de la course ni mes rituels d’avant départ parce que je roule avec la star du WRC : un petit pipi nerveux avant de rejoindre la ligne et une fois que le starter nous donnera le décompte, je serai à fond dans mon boulot. Je sais ce que j’ai à faire. Votre programme préparatoire s’est réduit comme une peau de chagrin. Vous ne serez pas à court de kilomètres ? On ne va pas se voiler la face : on manque de roulage et de compétition. Des trois épreuves qu’on devait disputer (Ndlr : la Baja Aragon, le Maroc et Hail), nous avons seulement disputé la Baja et c’était avec l’ancien Hunter T1. Nous avons dû renoncer au Maroc à cause d’un incendie qui a sérieusement blessé un membre de l’équipe d’assistance et la dernière course de la coupe du monde était trop courte pour y tester notre bolide. Pour compenser cela, nous avons participé à une dizaine de jours d’essais et nos équipiers ont plus roulé que nous. La réussite, au Dakar, passe par une communion entre le pilote et le copilote. Vous avez eu le temps de la bâtir ? Lors des tests, le team nous a fourni des road-books vraiment compliqués qui nous ont placés dans des situations difficiles. J’ai pu me rendre compte que Sébastien, qui pilote des hélicoptères et des avions, a une notion poussée de la navigation. Il a une vision en 3D. C’est un homme intelligent qui comprend qu’il doit aussi s’impliquer à chercher la bonne direction et non pas à piloter uniquement. Seb est aussi doté d’une très bonne mémoire visuelle. Détail important pour un pilote de son gabarit : il possède une grosse capacité à se remettre en question. Très vite, il cerne sur quoi il doit travailler. C’est ciblé, pointu. Vous avez déjà partagé d’autres moments que dans une voiture de rallye-raid ? Non. Et quand on est ensemble, on discute de ce qu’on peut améliorer, pas de ce qui fonctionne. Une approche qui me plaît. Vous pensez que les Audi à moteur électrique seront performantes dès leur apparition ? Je n’en ai aucune idée. Sven Quandt, le patron du team, a souvent caché son jeu. J’ai entendu tout et son contraire à propos des bolides pilotés par Peterhansel et Sainz. C’est le chrono qui posera le meilleur jugement. Et vous, vous êtes prêt à assurer le leadership ? Oui ! L’équipe a fourni un travail remarquable pour améliorer ce Hunter qui n’a plus grand-chose de commun avec la version précédente. Le team a aussi acquis de la bouteille. Ce sont des gens passionnés et extrêmement compétents. De mon côté, j’ai prouvé que je pouvais ouvrir la piste.

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