La Culture fourbit ses armes pour le Codeco de jeudi
Branle-bas de combat ce lundi et mardi aux cabinets Linard et Vandenbroucke : un plan de réouverture par étapes de la Culture y sera évoqué.
Non, le dernier Codeco n’a pas « rouvert » la Culture : avec des jauges en arts vivants de 50/200 places soumis à autorisation maïorale, les salles moyennes et grandes salles ne peuvent pas vivre : « Une jauge à 200, même pour la culture subsidiée, n’est pas supportable » constate le président de la Fédération des employeurs des arts de la scène Philippe Degeneffe. La situation est pire encore pour la Fédération de la Culture indépendante : « Après vingt mois de pertes et un break even à 75 %, nous ne pouvons envisager de travailler qu’à 100 % de jauge », relève son président Pierre-Alain Breeveld. « Pour les futurs concerts de Stromae, tout est vendu à 100 %, nous ne pouvons pas sélectionner le public, nous ne pouvons pas remplir nos contrats. » Certaines sociétés de l’industrie culturelle ont un carnet de commande vide jusque… fin mars.
D’où un nouveau recours au Conseil d’État, comme nous l’annoncions vendredi, introduit en extrême urgence dans la nuit de jeudi à vendredi par diverses fédérations et sociétés culturelles – dont la Feas et la FIC : ils demandent la suspension et l’annulation de la jauge 50/200 telle que rétablie par l’arrêté du 29 décembre. Des voix se sont étonnées ce week-end que la culture s’insurge contre des normes qui avaient déjà eu cours début décembre : « Le fait qu’une incohérence soit répétée 2 ou 3 fois ne la légitime pas », rétorquait la FCI.
La requête sera examinée ce vendredi matin, mais d’ici là, beaucoup d’eau pourrait couler sous les ponts. Pourquoi ? Parce qu’un nouveau Codeco est confirmé jeudi matin et qu’un nouvel arreté royal n’est pas impossible. La jauge fixée à un chiffre absolu 50/200, sans considération pour la taille, la configuration et l’équipement des salles, fera dès mardi l’objet d’un réexamen par le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke (Vooruit). Les opérateurs culturels des deux communautés linguistiques tiennent ce lundi après-midi une réunion de concertation, avant de rencontrer ce mardi, en virtuel, le ministre Vandenbroucke et expliquer leur position. Le cabinet Vandenbroucke confirme la réunion de mardi et évoque un « plan par étapes », ce qui matérialise une ouverture possible pour la relance de la culture.
Le gouvernement laisse ainsi le vice-premier mener ces discussions sur les protocoles les plus adéquats, synthèse entre les impératifs de santé et la viabilité du monde culturel. Et sur cette base pourra ensuite se tenir le Codeco de jeudi.
Un plan et un baromètre
Au niveau communautaire, la mobilisation est identique. Dans la perspective du Codeco de jeudi, le cabinet de la ministre de la Culture Bénédicte Linard (Ecolo) a convoqué l’essentiel des fédérations culturelles pour une réunion – virtuelle elle aussi – programmée ce lundi à la première heure. L’objectif est de porter au mieux la voix du secteur culturel au Codeco, « écouter et échanger avec le secteur avant sa rencontre avec le ministre Vandenbroucke » et « échanger sur les mesures qui ont suivi la décision du Conseil d’État ». Mais il y a davantage que cela : selon la convocation, il est question d’établir un « plan culture » et « un futur baromètre » (thème du second Codeco de janvier) qui permette de proposer une réouverture véritable du secteur. Le plan « Event » de l’été 2021 y est évoqué.
Pour mémoire, ce plan Event était, en juillet 2021, un plan de réouverture graduelle, porté par le commissaire Corona, variation d’un autre plan Event Confederation porté sans succès par l’évènementiel. Il prévoyait une réouverture des spectacles en diverses étapes, en tenant compte à l’époque des taux de (première et deuxième) vaccination, du nombre d’hospitalisation par jour et du nombre de patients covid en soins intensifs. Ces critères, élaborés avant institution du Covid Safe Ticket, ne correspondent plus à la réalité sanitaire nouvelle.
C’est d’un tel plan progressif de réouverture qu’il sera question ce lundi, car la culture a besoin de visibilité et d’une capacité de se projeter dans la saison, de s’engager dans des projets et des relations contractuelles. Comme le confirme le cabinet Linard, il s’agit d’« envisager la suite : comment et où remettre de la cohérence, quelles sont les adaptations nécessaires du plan événementiel remis cet été pour correspondre au contexte actuel ». Quels seuils, quel baromètre proposer, avec quelle gestion de risque ? Et puisque la culture n’est toujours pas rouverte aujourd’hui, le cabinet Linard ne manquera pas de « faire le point sur les aides » au secteur.
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S'abonnerQuelques règles de bonne conduite avant de réagir19 Commentaires
Bravo à ce gouvernement qui va commencer à penser qu'il pourrait p-ê entamer la réflexion pour envisager quelles mesures éventuelles , il lui semblerait bon de mettre sur la table sans se presser et après moult discussions .....pour enfin voir comment on peut continuer à vivre avec ce foutu virus !!
Il faut enfin décider de vivre avec la bestiole!... et prendre les dispositions qui s'imposent pour sauver des vies.
Meilleurs vœux aux excellents journalistes du Soir qui font bien leur métier. Paix aux hommes de bonne volonté. Et vive l'honnêteté intellectuelle.
Contaminations qui explosent, hospitalisations qui repartent à la hausse mais mi-janvier on fera un Codeco pour baliser les réouvertures.. Bref fixer des normes mais dans un mois elles dérangeront et on les abandonnera . On a déjà connu .
Extrait final de l'article : <La moyenne des nouvelles entrées remonte toutefois quelque peu depuis jeudi (135). Elle s’établissait la veille à 132 et a atteint respectivement 139, puis 143 vendredi et samedi>. [https://www.lesoir.be/415643/article/2022-01-02/coronavirus-le-nombre-dinfections-double-en-une-semaine]. Pas (encore ?) de forte remontée, mais la diminution s'est clairement arrêtée...