Sortie du nucléaire: recours au Conseil d’Etat contre la future centrale au gaz des Awirs
Le collectif Dégaze annonce avoir déposé un recours contre le projet d’Engie à Flémalle. De quoi rajouter une couche d’incertitude supplémentaire autour de la sortie complète du nucléaire.


Le « mouvement citoyen » Dégaze/Tegengas a annoncé avoir déposé un recours auprès du Conseil d’Etat en vue d’annuler « le permis unique pour une centrale électrique à gaz fossile aux Awirs (Flémalle) ». Cette centrale est l’un des deux projets portés par Engie avec lesquels l’énergéticien a remporté les enchères du mécanisme de rémunération de capacité (CRM), le système de subsides aux moyens alternatifs de production d’électricité destinés à pallier la sortie du nucléaire d’ici 2025. Ce faisant, le collectif vient rajouter une couche d’incertitude dans un dossier déjà très sensible au sein de la majorité fédérale. L’autre projet de centrale au gaz d’Engie, celui de Vilvorde, s’est en effet déjà vu refuser il y a plusieurs semaines son permis par la ministre flamande de l’Environnement, Zuhal Demir (NV-A).
Le cas des Awirs est un peu différent de celui de Vilvorde, puisque le projet flémallois a bien reçu le feu vert du gouvernement wallon. C’est contre cette décision que Dégaze a donc déposé son recours. « Avec les riverains, Tegengas/Dégaze fait appel contre l’impact négatif sur le climat et la pollution environnementale locale, comme l’émission d’oxydes d’azote (NOx) et d’ammoniac (soit les mêmes raisons invoquées par la ministre Demir pour refuser le permis de Vilvorde, NDLR), de la centrale prévue aux Awirs », indique l’organisation dans un communiqué. On notera qu’un tel recours n’est pas suspensif.
Elément essentiel du dispositif
Pour rappel, à la veille de Noël, le gouvernement fédéral a décidé de reporter au 18 mars prochain sa décision de prolonger ou non la durée de vie d’un ou deux réacteurs nucléaires, dans l’hypothèse où la sécurité d’approvisionnement électrique du pays ne serait pas garantie pour l’hiver 2025-2026 – sachant que les deux nouvelles centrales au gaz sont un élément essentiel du dispositif destiné à remplacer l’atome. Dans le même temps, la Vivaldi a laissé jusqu’au 15 mars à Engie pour déposer une nouvelle demande de permis pour Vilvorde… et l’obtenir. Faute de quoi le gouvernement ira chercher un remplaçant dans la liste des candidats « malheureux » au CRM.
Le bénéficiaire de cette « séance de rattrapage » pourrait être le projet de Luminus à Seraing ou celui d’Eneco à Manage. Mais, indique Dégaze, « les riverains avaient déjà déposé un recours auprès du Conseil d’État » contre ces deux projets qui ont, eux aussi, reçu leur permis unique wallon. Par ailleurs, « en décembre, Dégaze/Tegengas a introduit un recours auprès du Conseil flamand des litiges relatifs aux permis contre le permis accordé à Luminus pour l’extension de la centrale électrique à gaz fossile existante à Wondelgem (Gand) », indique encore le collectif, qui souligne enfin qu’outre celui de Vilvorde, la ministre Demir a également refusé d’octroyer des permis aux projets de centrales au gaz de Tessenderlo et Dilsen-Stokkem. Dégaze rappelle enfin que son opposition aux centrales au gaz n’implique « en aucun cas » que le collectif soit favorable « à la prolongation de l’exploitation de deux réacteurs nucléaires », bien au contraire. « Depuis l’adoption de la loi sur la sortie du nucléaire de 2003, Engie-Electrabel et nos autorités auraient dû s’engager pleinement dans le déploiement des énergies renouvelables », explique Dégaze.
Dans ces conditions, le dossier risque bien de créer de nouvelles tensions au sein du gouvernement fédéral, le MR menant depuis plusieurs mois la bataille en faveur de la prolongation des deux réacteurs, tandis que la ministre de l’Energie, Tinne Van der Straeten (Groen), défend l’extinction complète. Sollicité en fin d’après-midi par nos soins, le cabinet de cette dernière n’a pas souhaité donner suite à notre demande de réaction.
De son côté, Engie indique n’avoir pas encore reçu la notification officielle du recours. « Nous l’analyserons en détail pour déterminer l’impact éventuel », explique l’énergéticien dans un communiqué. « Le projet des Awirs répond à toutes les normes environnementales applicables et peut contribuer de manière significative à l’approvisionnement local et flexible des ménages et des entreprises belges ». Engie souligne que les émissions de CO2 et d’azote de la future centrale « seront maintenues au plus bas niveau possible, bien en deçà des limites d’émission. La centrale des Awirs est également techniquement capable de tendre progressivement vers la neutralité en CO2 à long terme en utilisant de l’hydrogène, du biogaz ou du méthane synthétique à la place du gaz naturel (ce qui est une des conditions posées dans le cadre du CRM, NDLR) ». Enfin, Engie rappelle que deux recours administratifs « introduits contre la décision d’attribution du permis ont été déclarés irrecevables par les ministres compétents ». L’énergéticien conclut en affirmant que les travaux des Awirs débuteront à temps « pour que la centrale soit mise en service à la date limite du 1er novembre 2025 ».
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Sont-ils téléguidés par le lobby nucléaire ? À l'insu de leur plein gré bien sûr.
La vivaldi doit se débarrasser de ces imposteurs de l'écologie, sinon elle portera la très lourde responsabilité de la crise économique majeure qu'entrainera la précarité énergétique.