En Wallonie, l’action du gouvernement a créé des balises pour cinq ans
Avec le plan Marshall et les fonds Feder notamment, la Wallonie est bien armée pour faire face aux défis qui se présentent à elles.


Plonger à nouveau dans les eaux profondes et opaques (115 pages bien tassées) de la déclaration de politique régionale (DPR) wallonne, c’est s’offrir un voyage dans les méandres cotonneux d’un texte qui semble promis au titre de champion du monde de la langue de bois et de la circonvolution politique.
On perçoit bien la volonté des négociateurs PS et CDH de prendre de la hauteur : « Oser, innover, rassembler », lit-on en préambule. Bravo ! Mais de page en page, le lecteur sera surtout frappé par l’extrême prudence des auteurs. Elle se manifeste par une absence totale de chiffres, de délais et d’objectifs budgétaires. On nous rétorquera que tel n’est pas l’objet du document, mais avouez que dans ces conditions, apprécier le degré d’avancement du grand projet wallon relève de la gageure.
Combien de fois voit-on débouler les verbes « veiller à », « prendre en compte », « évaluer », « faciliter », « étudier », « envisager » ou « contribuer » qui anesthésient d’emblée le discours ? Sans oublier les « améliorer », « renforcer » ou « poursuivre » qui soulignent une évidence : même si la coalition a changé de couleur, le programme de gouvernement s’inscrit dans une forme de continuité qui rend difficile, voire impossible, l’analyse ex abrupto.
En poussant le bouchon un peu loin, on chercherait vainement dans cette DPR un « faire », un « agir » ou même un « décider » dont on pourrait mesurer la concrétisation de manière rigoureuse.
Mais ne dramatisons pas : faut-il déduire de cette lecture que le gouvernement mené par le duo Paul Magnette (PS)-Maxime Prévot (CDH) naviguerait à vue, dépourvu de tout objectif et incapable dès lors de mener un projet ou même une politique à son terme ? Non, bien sûr : s’il n’a pas beaucoup brillé par sa communication, l’exécutif régional a mené à bien plusieurs dossiers essentiels qui charpenteront l’ensemble de son travail jusqu’à l’échéance électorale de 2019.
Graines semées
On songe bien sûr au plan Marshall 4.0 et à la programmation des fonds communautaires du Feder et du Fonds social européen, mais aussi au « Small business act » présenté ce jeudi à Namur. Il faut aussi mentionner quelques dossiers mammouths auxquels les ministres ont décidé de s’attaquer d’entrée de jeu (avec empressement même) et qui ont besoin de temps pour aboutir : la réforme de la fonction consultative, la remise à plat de l’ensemble des aides à l’emploi ou la simplification radicale des dispositifs de primes à l’énergie et au logement.
Au fil des mois et des années qui s’annoncent, ces mesures « macro » vont percoler dans la quasi totalité des politiques portées par le nouveau gouvernement : dynamisation économique, simplification administrative, modernisation de la gouvernance, utilisation intelligente du territoire. D’où ce qualificatif si l’on cherche à résumer l’action du PS et du CDH depuis leurs noces : prometteur. La coalition rouge-romaine a semé les graines, on attendra un an ou deux avant d’apprécier (ou pas) les récoltes.
Ce début de législature aura pourtant été marqué par une décision dont on ne mesure pas pleinement les effets potentiellement négatifs sur l’économie régionale : le report sine die de l’entrée en vigueur du nouveau code de développement territorial (CoDT).
La Wallonie ne souffre pas d’un vide juridique en la matière : les législations sortantes restent d’application. Mais ce document essentiel avait été présenté sous la précédente coalition (avec Ecolo) comme l’outil indispensable au redéploiement territorial et au redressement de l’économie, notamment dans le secteur stratégique de la construction.
On allait voir ce qu’on allait voir, disait-on à Namur en 2014. Un an plus tard, force est de constater que la volonté du PS et du CDH de tirer un trait définitif sur l’ère Ecolo ainsi que les tiraillements, dans ce domaine sensible, entre les deux partenaires de majorité sont occupés à fragiliser un chantier pourtant essentiel.
Les bilans
Un an après, voici le bilan des gouvernements régionaux
« Le Soir » s’est plongé dans les déclarations de politique régionale et titre le bilan de la 1re année des gouvernements en Wallonie, à la Communauté française et à Bruxelles.
Nous avons dressé la liste de ces engagements, parfois très larges et globaux, parfois très précis et nous avons évalué le degré d’avancement de chacun d’entre eux. Un tableau de bord de l’action gouvernementale, consultable, pour chaque entité fédérée, à découvrir grâce au lien indiqué ci-dessous.
Le bilan bruxellois
Le gouvernement bruxellois s’est fait relativement discret, depuis sa prestation de serment, le 20 juillet. En négatif : une polémique auto-générée par Rudi Vervoort, un conflit avec les taxis. Pour le reste, contrairement à la Wallonie où PS et CDH s’accrochent régulièrement, point de polémique entre partenaires, à Bruxelles. Et, surtout, une communication extrêmement dosée.
Le bilan de la Communauté française
Qu’on le veuille ou non, le gouvernement de la Communauté française est un exécutif de rescapés. On songe singulièrement à Rudy Demotte (ministre-président) qui rêvait de rester à la Région wallonne. A Milquet qui rêvait de rester au fédéral. Ou à André Flahaut (Budget, Fonction publique) qui rêvait de camper au perchoir de la Chambre.
Voilà la toile de fond – une équipe déséquilibrée et qui, a priori en tout cas, ne dégageait pas un fumet immense de motivation.
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