Accueil Opinions Cartes blanches

De nombreuses victimes des inondations sont toujours laissées pour compte après plus de six mois!

Les terribles inondations de juillet 2021 en Wallonie ne sont pas un problème flamand ou wallon. Les auteurs de cette lettre ouverte au gouvernement fédéral font une double demande : une aide d’urgence pour répondre aux besoins des victimes et une vision à long terme.

Carte blanche - Temps de lecture: 5 min

Il ne faut pas chercher loin aujourd’hui pour trouver des preuves de l’avenir sombre que nous réserve le changement climatique. Au cours des dernières vacances d’été, nous avons passé quelque temps dans les vallées les plus touchées par les inondations de juillet 2021, un événement malheureux qui a coûté la vie à ceux que, lors de son discours à la COP26, notre Premier ministre a surnommés les premières victimes belges de notre climat. Si l’on en croit la science, ces événements qui se produisent une fois tous les 100 ans deviendront de plus en plus courants, et ceux qui souffrent aujourd’hui pourraient être les premières victimes d’une longue série.

Les températures ont chuté et il n’a pas cessé de pleuvoir. Chaque fois que nous avons eu froid, nous avons pu ressentir un froid que les habitants du sud de la Belgique doivent ressentir cent fois plus que nous. En effet, certaines victimes des inondations de juillet 2021 n’ont toujours pas de quoi se chauffer, et même s’ils en ont, leurs maisons sont humides avec des murs nus et des bâches en plastique qui remplacent les portes intérieures. Ils ont terriblement froid, jusqu’aux os, jusqu’aux muscles et ce froid malheureusement pénètre lentement dans leur tête. De plus en plus de personnes luttent contre des pensées sombres.

Des sinistrés éreintés

Comment le savons-nous ? Pendant la période du 26 décembre 2021 au 3 janvier 2022, pendant 9 jours nous avons collaboré avec la Croix-Rouge de Belgique ainsi qu’avec d’autres initiatives citoyennes de la vallée de la Vesdre et de l’Ourthe. Nous avons entendu des récits des plus tristes et vu beaucoup de larmes. Tout en offrant des crêpes, du chocolat chaud et de la musique, nous avons prêté une oreille attentive à ceux qui en avaient besoin. Nous étions, et sommes toujours, indignés : nous vivons dans l’un des pays les plus riches du monde, et malgré cela, notre gouvernement ne parvient pas à garantir les besoins vitaux à ses citoyens qui en ont le plus besoin. Inutile de se cacher derrière le « nous ne savions pas » : en octobre 2021, le gouvernement fédéral a été mis au courant des résultats d’une étude indépendante réalisée pour le compte du gouvernement wallon… Et depuis, encore trois mois se sont écoulés. À lire aussi Wallonie: des règles plus sévères pour construire en zone inondable

Si les habitants des zones inondées sont reconnaissants pour la solidarité offerte, ils sont néanmoins éreintés. Las d’attendre, fatigués des compagnies d’assurances qui continuent à aller de maison en maison, fatigués du froid, et fatigués de ne pas voir d’issue. Sachant aussi que la même situation pourrait se reproduire et que tous leurs efforts pourraient être vains dans, qui sait, un proche avenir… des jours, des mois, des années, qui sait ?

Négligés par le Gouvernement

Le dernier rapport du Giec le confirme : même une faible augmentation de la température due au réchauffement de la planète accroît considérablement la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes dans le monde entier. Nous savons que le changement climatique continuera à faire des victimes, mais nous ne savons pas quand et où cela se reproduira. À lire aussi 2022 vue par Eric Deffet: Quand l’eau aura coulé sous les ponts

Alors où est le gouvernement fédéral ? Le prêt accordé à la Région wallonne par le fédéral ne nous semble pas une mesure à la hauteur de la détresse des victimes. La lutte contre le changement climatique, la résilience à construire et le soutien aux victimes directes doivent devenir une cause nationale, au risque sinon, de laisser des concitoyen.ne.s vivre dans une précarité accrue. Il ne s’agit pas d’un problème « wallon », mais d’un problème national et à long terme. La province du Limbourg (Flandre) a échappé de justesse au même sort que Liège, par pure chance. Nous voyons la crise écologique et climatique se développer en ce moment même, mais les industries toxiques peuvent compter sur plus de soutien gouvernemental que les victimes du changement climatique en Wallonie.

Agir, maintenant !

Par conséquent, nous avons besoin d’un gouvernement fédéral qui déclare maintenant l’urgence climatique et écologique et qui prenne des mesures immédiates pour répondre aux besoins humains fondamentaux des victimes de la récente catastrophe climatique. Cela signifie que le gouvernement doit limiter l’impact humain sur l’environnement et ainsi réduire la gravité de la catastrophe climatique et écologique en cours, et aussi se préparer aux catastrophes futures. Cela signifie également que le gouvernement doit immédiatement veiller à ce que les victimes des vallées touchées disposent de chauffage, de déshumidificateurs, d’électricité gratuite, de logements et de réparations à prix abordables, de fonds d’assurance et d’un soutien psychologique. À lire aussi Pauvreté: face aux crises sanitaires et climatiques, la solidarité reste la meilleure réponse

Sachant que ces catastrophes ne feront que se reproduire à l’avenir, nous estimons que c’est vraiment le minimum que le gouvernement doive faire. Ce n’est qu’une question de temps avant que ces traces d’eau qui marquent les façades des maisons inondées marquent nos vies à tous. Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre et de voir, comme le font nos politiciens négligents. Il faut agir maintenant.

*Des citoyens concernés. Entre autres : Ruth-Marie Henckes, Christel Bouwens, Keesha Orts, Marjolein Moreaux, Wim de Waegeneer, Katharina Irps, Mohamed Souna Souley, Linus Vanhoorickx, Nand Liekens, Bo Vanhoorickx, Luc Vanhoorickx, Magda Verfaillie, Brahim Sagaama, Lieve Parmentier, Dirk De Beul, Wiebe Van Ranst, Jolien Paeleman, Pieter Van Eecke, Carine Thibaut, Nadine Pochez, Servaas Tjollyn, Johannes Lievens.

 

À lire aussi 2022 vue par Eric Deffet: Quand l’eau aura coulé sous les ponts À lire aussi Pauvreté: face aux crises sanitaires et climatiques, la solidarité reste la meilleure réponse À lire aussi Wallonie: des règles plus sévères pour construire en zone inondable

Le fil info

La Une Tous

Voir tout le Fil info

4 Commentaires

  • Posté par NINANE Eric, samedi 29 janvier 2022, 9:19

    Combien de sinistrés sont otages des assurances qui laissent volontairement pourrir la situation en attendant que les gens craquent...( je rappelle qu'une société d'assurance n'est pas là pour assurer mais faire de l'argent sur le dos des assurés).

  • Posté par Lecocq Annie, vendredi 28 janvier 2022, 16:15

    Six mois que ça dure, une honte. Mais avez-vous remarqué que les travaux près du parlement, après la manifestation de dimanche dernier ont débutés dès le lendemain. Les petites gens ils s'en foutent, j'espère qu'on ne les loupera pas aux prochaines élections !

  • Posté par Bricourt Noela, jeudi 27 janvier 2022, 16:06

    Voilà un acte d'accusation terrible porté par le nord de la Belgique à l'égard du sud. Cette démarche m'interpelle. Pour quels motifs des citoyens de Flandre, venus aider, décident des "manquements" éventuels qui existeraient dans la gestion des inondations?

  • Posté par Byloos Dominique, vendredi 28 janvier 2022, 8:11

    Il n'y a pas des manquements éventuels, il y a des manquements. Je trouve sain que des humains d'une région s'intéresse aux sinistrés d'une autre région. Je trouve révoltant la position du gouvernement fédéral qui alloue un prêt à taux 0, alors que les sinistrés sont aussi des citoyens belges !!!!!

Aussi en Cartes blanches

Carte blanche Peines de prison : « Stop à l’extension infinie du sécuritaire »

Un large collectif d’avocats et d’universitaires s’oppose au projet de loi que présentera le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open VLD), mardi prochain en commission. Les signataires dénoncent la volonté du gouvernement d’ajouter, pour certains auteurs d’infractions graves, une mesure de sûreté à la fin de leur peine d’emprisonnement. «Cette logique ouvre la voie à un droit pénal autoritaire».
Voir plus d'articles

Le meilleur de l’actu

Inscrivez-vous aux newsletters

Je m'inscris

À la Une