«Vous avez de ces mots»: Comment prononcez-vous {linguiste}?
Un linguiste aiguillonné par des ambigüités graphiques, cela vous donne un billet un peu guivré…


Pour ce premier billet de l’année sur une question de prononciation, j’ai choisi de répondre à un lecteur quelque peu désemparé de constater que linguiste ne suivait pas les mêmes conventions de prononciation que guichet, guibole ou guignol. On entend en effet un u réalisé dans le cas de lingUiste, comme dans puis ou lui, alors qu’il ne l’est pas ailleurs.
À moins que la bonne prononciation ne soit <lingist>, comme dans <gitar> ? Une enquête sérieuse s’impose, pour laquelle nous allons nous plonger dans l’univers méandreux du digramme GU.

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)
Avec cette offre, profitez de :
-
L’accès illimité à tous les articles, dossiers et reportages de la rédaction -
Le journal en version numérique -
Un confort de lecture avec publicité limitée
Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.
Vous n’avez pas de compte ? Créez-le gratuitement ci-dessous :
S'identifier Créer un compteQuelques règles de bonne conduite avant de réagir12 Commentaires
Depuis 1990, j'ai adopté avec enthousiasme une majorité des modifications orthographiques : nénufar, mil-huit-cent-treize, weekend, tirebouchon, priedieux, ... Mais rappelons que la réforme précisait que chaque proposition était indépendante, contrairement à beaucoup de professeurs qui déclaraient que leurs élèves devaient utiliser tout ou rien. — Celle qui m'a révulsé par son illogisme était celle des trémas. Avant, la règle était simple et jamais ambiguë : toujours sur la deuxième lettre du binôme. L'impression visuelle est claire : je vois un tréma, je m'arrête avant comme s'il y avait un H. La nouvelle règle (sur la voyelle qui se prononce) est confuse, puisque les deux se prononcent, justement. Dans 'naive' sans tréma, on prononce <nève> ; le tréma révèle le A aussi bien que le I. Pourquoi pas le poser sur A ? De plus, dans '°ambigüité' on se retrouve avec trois points successifs, ce qui n'aide pas la lecture. Plus lisible et plus élégant et tout aussi compréhensible est 'ambiguïté'. Au fond, la réforme cherche juste à changer les mots 'aiguë', 'ciguë' ou 'ambiguë', où l'E est muet. Mais pourquoi donc ce tréma sur une muette dérangeait-il, je me le demande...
Ajoutons les cas de oui/ouï, où ce n'est pas le i qui devient prononcé, et de aie/aïe, où le i n'intervient que comme <j>. La réforme, si elle était cohérente, prescrirait °äie mais ça se prononcerait <a-i>, non <aj>. Pire : écrirait-elle °öuie ou °oüie ? Alors prononcés <o-u-i> ou <o-ui> ?… Comment marquer la différence entre <ou> et <w> ? Seule solution : tréma sur la suivante, comme dit l'ancienne règle. (Note : En France Louis se dit <lwi>, en Belgique <lou-i> voire <louwi>. Sans doute pour distinguer de 'lui'. Mais on observe la même chose pour 'fouet', 'jouir', 'suave', 'muet', 'suédois'. Or le "belgeois" n'appose pas de tréma !)
merci! signé une linguiste romaniste exilée en Flandre qui ne savait plus comment prononcer bilinguisme à force d'en entendre toutes les versions possibles
J'ai beaucoup apprécié votre article qui est une bonne suite de l' l'émission , d'hier ou d'y hier voir même de hier, dans "Le Mug" sur la 1er. Perso, j'écris "d'hier" car le "h" est muet et vous? Bon week-end à vous :) Evelyne
Effectivement, le h de "hier" est d'origine latine (heri). Il ne date donc pas d'hier et ne se prononce plus depuis belle lurette.